• Véronique Veinberg ("Pas en notre nom-974") « User du droit de veto à l’ONU »

L’association "Pas en notre nom-974" s’est constitué à La Réunion dans le sillon du mouvement pacifiste né aux États-Unis. Elle fait partie du Collectif contre la Guerre, pour la Paix, au nom duquel Véronique Veinberg s’est exprimée - comme tous les autres membres présents- en insistant sur le droit de veto de membres du Conseil de Sécurité de l’ONU.
« Même dans les pays dont les gouvernements sont les plus "va-t-en guerre", les opinions publiques sont largement opposées à la guerre » a-t-elle dit. En France, 80% de la population est opposée à la guerre voulue et préparée par le gouvernement de Washington. « C’est pourquoi nous appelons à soutenir la position exprimée par le président Chirac et à utiliser le droit de veto de la France au sein du Conseil de Sécurité ».
Véronique Veinberg a conclu en disant que les dirigeants américains pourraient toujours passer outre - ils donnent tous les signes d’en avoir l’intention - mais qu’il faut néanmoins les isoler dans leurs visées destructrices.

• Alain Guillot (ATTAC-Réunion) « Pas de sang pour du pétrole »

Membre du mouvement ATTAC-Réunion, dont il est l’un des principaux animateurs, Alain Guillot a donné pour le Collectif un éclairage économique des objectifs poursuivis par le gouvernement Bush. C’est clairement la 2ème réserve mondiale d’hydrocarbures qui est visée, a-t-il dit, en citant les grandes lignes de l’article d’un universitaire du Massachusetts, Michael Klare, dévoilant « les vrais desseins de M. Georges Bush » (1).

Il a notamment évoqué les deux objectifs - militaire et énergétique - de l’administration Bush et le parallélisme entre ces deux objectifs, tel qu’il est révélé dans un rapport du National Energy Policy Development Group publié le 17 mai 2001. « C’était avant les attentats de New-York et le rapport de Richard Cheney décrit la perspective d’une dépendance accrue vis-à-vis du pétrole étranger, celui-ci devant constituer, entre 2001 et 2020, de 52% à 66% de la consommation totale nord-américaine. »

En 2020, les besoins des USA - s’ils ne changent rien à leur mode de fonctionnement actuel - devraient augmenter de 60%. Le parallèle fait entre les conclusions du rapport Cheney sur les besoins énergétiques des USA et l’agressivité militariste de Georges Bush conduit le Collectif à clamer : « Pas de sang pour du pétrole ».

• Laetitia Marchais (Réunion-Palestine Solidarité) « Quatre points communs aux analyses sur le Proche-Orient »

Issue de l’association de solidarité avec la Palestine, Laetitia Marchais a abordé la question sous l’angle des bouleversements régionaux qu’une guerre contre l’Irak provoquera au Proche-Orient. Dans une synthèse des points de vue et analyses - souvent contradictoires - qui divisent les historiens sur la question, l’agrégée d’Histoire a constaté « quatre points communs » à ces divers commentaires : Tous admettent en effet que

1/ cette guerre va tuer beaucoup d’innocents et faire des ravages dans la population civile irakienne. Poursuivant l’objectif de fondre sur Bagdad (5 millions d’habitants) pour chasser Saddam Hussein et mettre à sa place un gouvernement pro-américain, les armées yankees ne peuvent faire qu’énormément de victimes. « Ce n’est pas la "tempête du désert" cette fois-ci, c’est la guerre dans une mégapole ».

2/ L’hostilité des opinions publiques est importante et fondée sur le sentiment d’une injustice, en raison du "deux poids/deux mesures" pratiqué entre les Palestiniens d’une part, l’Irak de l’autre.

3/ Le conflit israélo-palestinien s’exporte dans tout le Proche-Orient. Des rumeurs grandissantes de « transferts des Palestiniens » vers plusieurs pays de la zone émeuvent des millions d’habitants de cette région.

4/ La guerre fait courir à l’Irak le risque d’une explosion. « Peut-être les Américains chasseront-ils Saddam Hussein, mais peut-être aussi vont-ils se trouver face à deux ou trois Saddam Hussein de remplacement, en Irak même et dans la région, où des tensions grandissantes risquent d’enflammer tout le Proche Orient pour le contrôle des puits de pétrole ».

• Farouck Issop (Présence musulmane) « Océan Indien zone de Paix »

Dans le Collectif et en son nom, un membre de Présence musulmane a évoqué la « redistribution des rôles dans l’océan Indien sous la pression et l’amplification de la présence nord-américaine, différemment perçue selon les pays », a-t-il noté. Vue de La Réunion, cette présence est lourde de risques « de plus de conflits économiques » et de peuples « mis sous la tutelle de traités du type AGOA ».

Idriss Issop Banian (Groupe de dialogue inter religieux) « Refuser d’être complices de la barbarie »

Le porte-parole du Groupe de dialogue inter religieux a invité l’ensemble des Réunionnais à « refuser d’être les complices de la barbarie » et à s’interroger « sur le monde que nous voulons laisser derrière nous ». Il a plaidé pour un monde meilleur, civilisé, un monde de paix. « Cela suppose, a-t-il ajouté, la transmission d’une culture du dialogue, de la non-violence, de la justice, du partage, de la solidarité et du respect de l’environnement. Toutes choses que cette guerre va détruire ».

Invitant le plus grand nombre à « marcher pour défendre la cause de la paix et de la justice », Idriss Issop Banian a souhaité que La Réunion, si les marcheurs sont vraiment très nombreux samedi, soit « un soleil d’espérance pour le monde ».

• Zakir Houssen (Réunion-Palestine Solidarité) « L’océan Indien, centre de gravité de la présence musulmane »

Rappelant que l’océan Indien est devenu « une zone lardée de bases militaires nord-américaines », Zakir Houssen l’a décrite aussi comme « le centre de gravité de la présence musulmane dans le monde ».
La confrontation violente de deux civilisations qui s’ignorent risque d’enflammer pas seulement les prix, mais des peuples partagés « entre résignation et frustrations », a-t-il dit.

• Mgr Gilbert Aubry « La paix ne peut se développer que sur les bases de la vérité, de la justice, de l’amour et de la liberté »

Lors de la conférence de presse du Collectif "La Réunion Contre la Guerre Pour la Paix", Mgr Gilbert Aubry, évêque de l’Église catholique à La Réunion, a fait la déclaration suivante :
« L’Église catholique avec notamment la Commission diocésaine Justice et Paix signent cet appel à manifester pour dire non à la guerre.
Nous le signons avec nos propres motivations, qui s’appuient sur les positions de Jean-Paul II qui dit "Non à la guerre" et de l’enseignement social de l’Église.
Nos prises de position et les actions menées dans les paroisses ont été répercutées sur la Nonciature de Paris, qui nous encourage dans ce travail.
En disant non à la guerre avec le collectif "L’île de La Réunion contre la guerre pour la Paix", nous sommes sensibles aussi aux répercussions sociales, internationales, dans le domaine religieux.
Une action militaire contre l’Irak donnerait raison aux extrémistes qui perçoivent notre monde comme dominé par l’opposition entre civilisations. Le sentiment que les résolutions de l’O.N.U. sont appliquées selon "deux poids, deux mesures" dans la région en serait encore renforcé. Les discours que nous tenons sur la démocratie et les droits humains comme valeurs universelles en seraient frappées de discrédit.
Il a été dit que cette guerre serait aussi une action punitive et préventive contre le développement du terrorisme. C’est l’inverse qui risque de se passer.
La paix ne peut se développer que sur les bases de la vérité, de la justice, de l’amour et de la liberté. Et c’est sur cette base aussi que nous sommes en désaccord avec les formes et les objectifs du régime tyrannique et dictatorial qui sévit en Irak.
Nous rejetons sans discussions ses violations répétées des droits et des libertés. Nous condamnons aussi les terrorismes et les fanatismes, tout comme les impérialismes économiques qui manifestent une faillite de l’intelligence humaine.
Ainsi donc, ma déclaration vient renforcer l’appel à manifester car une partie de l’opinion peut mieux comprendre qu’en étant contre la guerre il n’est pas question non plus pour nous de couvrir le régime de Bagdad ou le terrorisme. Pour l’instant, la priorité c’est le non à la guerre ».