Des états généraux de la presse déjà bouclés ?

4 octobre 2008

Pluralisme. Les états généraux de la presse, qui débutent aujourd’hui, n’aboutiront-ils qu’à créer ou consolider les grands groupes ?

Les états généraux de la presse commencent aujourd’hui. Le président de la République a donné le coup d’envoi, par un discours à l’Élysée, ce matin. Garantiront-ils « l’indépendance de la presse et la diversité de l’opinion », comme il semblait le souhaiter ? Avant-hier, deux quotidiens de Poitiers, Centre Presse et la Nouvelle République du Centre-Ouest étaient perquisitionnés pour "violation du secret de l’instruction". "Provocation" ou exemple habituel de non-respect de l’indépendance des médias, l’action sonne comme un « avertissement pour la profession de journaliste », selon le SNJ-CGT.
Au projet de loi "en souffrance" sur la protection des sources, attendu depuis longtemps par les journalistes, le syndicat pense que Nicolas Sarkozy préférera « faire adopter des mesures d’urgence pour donner satisfaction à des éditeurs qui ne rêvent que de grands groupes multimédias, générateurs de profits ».
Décidé et piloté par le président seul (par le biais de son ancienne directrice de cabinet, l’ultralibérale Emmanuelle Mignon), le processus ne vise officiellement qu’à « trouver des solutions aux difficultés économiques de la presse écrite ».
Alors que les gratuits, face à la crise, organisaient leur premier forum mondial mardi, les états généraux donneront lieu à deux mois de consultations et de réflexion, menées par quatre pôles sous la direction d’Arnaud de Puyfontaine (ex-Mondadori, association pour la promotion de la presse magazine) pour l’atelier "aspects économiques et industriels", Bruno Patino (directeur de France Culture, ancien du Monde) pour le "numérique", Bruno Frappat (Bayard presse, "la Croix") pour l’atelier "métiers du journalisme" et François Dufour (Playbac) pour "presse et société". Le choix de personnalités partisanes, liées à des organisations professionnelles, « dont les exigences vont toutes dans le sens d’une régression sociale », inquiète les syndicats. Tous se braquent contre la création de « grands groupes multimédias » qui renforcerait les monopoles existants. Une « obsession », dénoncée par le SNJ-CGT, comme par la Ligue des droits de l’homme, qui craint que « la modification de paysage de l’information » ne se fasse « au détriment du pluralisme » et de « l’indépendance des journalistes ».
Le SNJ voit dans ces états généraux un clone de la commission Copé, qui fera « semblant de consulter, avant d’annoncer de manière péremptoire les décisions dictées par les Lagardère, Bouygues, Bolloré et autres Dassault ». Un souci que partage Laurent Joffrin, directeur de Libération, appelant à « compléter le dispositif » en proposant des réunions entre les professionnels et le public. En vain. Comme c’est l’usage lorsque Nicolas Sarkozy veut « réformer », sa solution est prête avant toute discussion. Quelques semaines avant l’ouverture des états généraux, l’Élysée avait commandé un rapport à l’UMP Danièle Giazzi, qui donnait 34 recommandations sur les médias, notamment la fameuse création de "champions internationaux" regroupant journaux, radios et télés...

Grégory Marin. Article paru dans l’Humanité du 2 octobre 2008.


États généraux de la presse : le petit bout de la lorgnette.

Les États généraux de la presse, qui s’ouvrent aujourd’hui, suscitent déjà le scepticisme chez nombre de professionnels du secteur. Le rôle dévolu aux patrons de presse est vivement critiqué. Et certaines prises de positions laissent craindre que les questions de fond ne soient délaissées au profit de fausses réponses.

C’est aujourd’hui que Nicolas Sarkozy lance les Etats généraux de la presse sous le haut patronage d’Emmanuelle Mignon, son ancienne directrice de cabinet à l’Elysée. Celle-ci avait promis un véritable Grenelle de la presse. On en est loin. Se référant à l’identité des présidents des groupes de travail, le SNJ-CGT évoque une opération de pure mystification. Les patrons de presse sont, en effet, bien représentés : Bruno Frappat (président du directoire du groupe Bayard), Arnaud de Puyfontaine (senior advisor du groupe Mondadori), Bruno Patino (ancien patron de Télérama et directeur de France Culture) et François Dufour (président du groupe de presse enfantine Play Bac).

Un casting taillé sur mesure pour évacuer tout débat trop gênant. On voit déjà émerger un certain type d’idées. La ministre de la Culture, Christine Albanel, s’y est essayé : « Pendant ces Etats généraux, je compte proposer aux éditeurs un abonnement gratuit à un quotidien pour les 800.000 jeunes qui font leur journée d’appel à la défense ». Sûr que proposer un abonnement gratuit à des quotidiens payants leur donnera une idée précise de la valeur de l’information et incitera ces mêmes jeunes à revenir en masse vers des quotidiens payants... vraiment payants.

Des couleurs, des femmes et des infographies
Président du groupe de presse enfantine Playbac Presse, François Dufour a déjà fait connaître une liste de dix recommandations publiées récemment sur le site du Point.
Sans rentrer dans les détails, François Dufour limite ses conseils aux éternelles questions de portage et surtout à l’amélioration de la qualité visuelle des journaux. Du saupoudrage à n’en plus finir : plus de photos, plus d’infographies, de schémas, de cartes, des pages attirantes avec des femmes et des personnes de couleur dans les premières pages du journal comme aux Etats-Unis, plus de sport évidemment, des pages réservées aux femmes, des sujets franco-français, des CD et des DVD gratuits, le journal devenant le produit dérivé d’un nombre infini de produits vaguement culturels et last but not least la participation des lecteurs aux conférences de rédaction. Ajoutez un chocolat pour le petit dernier de la famille et la presse sera sauvée.

Le lecteur doit être cajolé, jamais bousculé. Peut-être un tropisme dû aux fonctions de l’intéressé au sein du groupe Playbac. Outre l’ineptie des propositions qui confinent au grotesque, c’est bien en creux, une presse très peu exigeante pour ses lecteurs qui prend forme. Bref, se soumettre aux contraintes commerciales à court terme, utiliser les "recettes" des gratuits, tout en restant payants. Pas sûr que le combat soit gagné d’avance...

Etats généraux : des placebos pour sauver la presse

Jamais l’intéressé n’effleure les questions de fond : à savoir l’indigence éditoriale de certains titres, une presse largement suiviste dans les grands médias, la perte de crédibilité des journalistes éduqués le plus souvent sur les mêmes bancs que les élites du pays, la mise en scène et la mauvaise hiérarchisation des informations, le permanent soupçon de collusion de cette profession vis à vis des puissants, la proximité avec l’univers de la communication, enfin une incapacité au retour critique sur soi.

Autant de questions, certes bien plus sensibles à aborder que celles de quelques artifices visuels jouant opportunément le rôle de placebo. Toutes les infographies, les subventions, et les réformes du système de distribution du monde ne suffiront pas à résoudre une crise de la presse qui est avant tout une crise du journalisme. Le pire n’est jamais sûr, mais on en vient même à se demander si quelques réunions de travail des industriels du secteur des médias à l’Elysée, invités par l’un des présidents les plus interventionnistes de la Vème République, ne produiront pas l’effet inverse à celui recherché.


Brève de Télé

Le CSA met en garde contre les chaînes pour les moins de 3 ans.

Après consultation d’experts, le CSA a annoncé le 14 août dernier avoir opté le 22 juillet dernier pour une série de règles visant à protéger les enfants de moins de 3 ans des effets de la TV. Il s’agit, à partir du 1er novembre prochain, d’encadrer les programmes et chaînes télévisées destinées à cette tranche d’âge et de mieux informer les parents des dangers de ces services. Dorénavant, les chaînes de télévision ne pourront plus « ni diffuser, ni promouvoir, sur leur antenne et sur tout autre support, des programmes visant spécifiquement les enfants de moins de trois ans ». La mesure ne pourra toutefois toucher les chaînes principalement concernées par la polémique française sur la TV pour les enfants en bas âge, Baby TV et Baby First émettant depuis la Grande-Bretagne. Lancées respectivement en 2005 et 2007, les deux chaînes avaient été critiquées par de nombreux spécialistes de la petite enfance et des représentants des pouvoirs publics. A signaler par ailleurs que le CSA a décidé le 22 juillet dernier d’autoriser les éditeurs privés de pratiquer « la promotion croisée entre les chaînes de télévision, gratuites ou payantes », lorsque celle-ci a un « caractère informatif ». Est considérée comme informative, « l’annonce, par une bande-annonce, d’un programme mentionnant son titre, le service de télévision sur lequel il sera diffusé, la date et l’heure de cette diffusion, sans mention du nom du distributeur ».
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Noirs, l’esclavage au coeur de la question

Dernièrement France5 a diffusé un documentaire exceptionnel sur la question noire et sur l’esclavage, bien évidement comme à l’accoutumée nous devrons patienter à La Réunion pour voir ce documentaire sur les chaînes de Télé Pays, alors je vous propose de voir tout de même ce film important et extrêmement bien réalisé en vous rendant sur le site de France 5 (http://www.france5.fr/video).
Le 10 mai 2006, la France commémore pour la première fois de son histoire, l’abolition de l’esclavage. Ce documentaire, tourné en France métropolitaine, aux Antilles et au Sénégal, soulève la "question noire" qui se pose aujourd’hui. Il s’agit d’un sujet brûlant et parfois confus découlant souvent d’une méconnaissance de l’histoire de l’esclavage et de la décolonisation entretenue dans le pays. Quels sont les effets de la traite négrière et de la colonisation dans la représentation des Noirs au sein de la société française actuelle ? Existe-t-il une histoire commune à tous les Noirs ? En quoi le travail de mémoire est-il indispensable ? Quel lien peut-il exister entre un Antillais et un descendant de tirailleur sénégalais qui se retrouvent autour de revendications semblables ?

Philippe Tesseron
http://tesseron.blogspace.fr/


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