Billet philosophique

« Connaître, transmettre, positiver »

29 mai 2020, par Roger Orlu

Ce dimanche 24 mai, Antenne Réunion a rediffusé son émission ‘’Ce soir on se dit tout’’, enregistrée l’an dernier et animée par Christophe Bégert. Parmi ses invités, en plus de Margie Sudre et de Davy Sicard, il y avait l’artiste et éducateur artistique Alain Séraphine, qui a notamment déclaré : « On est ce qu’on fait ».

Davy Sicard en concert le 20 décembre 2018.

Cela nous fait réfléchir entre autres à ce que nous faisons pour cultiver la mémoire historique du peuple réunionnais et en tirer des enseignements pour tracer les perspectives de notre avenir. Une émission diffusée la veille par Réunion 1ère Télé, sous le nom de ‘’Limye Ba Yo’’, « un concert transcontinental à la mémoire des ancêtres », animé par l’artiste martiniquais Tony Chasseur, qui a cultivé de manière admirable par diverses chansons et réflexions les leçons à tirer de la traite négrière et de l’esclavage.
De nombreux artistes, historiens, philosophes et poètes de Martinique, de Guadeloupe, de Guyane, de Haïti mais aussi de La Réunion ont fait part de leurs idées sur la problématique du ‘’que faire à ce sujet’’ ? Trois réponses ont été apportées :
1) « connaître l’ampleur de la traite négrière ainsi que les conditions de vie très pénibles des esclaves mais aussi leurs luttes contre ces souffrances, contre le racisme dont ils étaient victimes par les colonialistes » ;
2) « transmettre et éduquer » pour « rendre hommage aux victimes de l’esclavage, célébrer la fraternité, l’amour entre les peuples, et dénoncer le racisme, cette plaie héritée des temps les plus obscures de notre histoire » ;
3) « positiver en se nourrissant de notre mémoire collective pour continuer le combat pour la liberté, contre le racisme et contre l’exploitation de l’homme ».

« Nou la gagn la liberté »

Plusieurs Réunionnais ont apporté leurs contributions très intéressantes à ces problèmes : citons d’abord les chanteurs Christine Salem, pour qui « nou la gagn la liberté », et Davy Sicard, qui a proclamé son célèbre chant ‘’Au nom de mes pères’’ et où il rappelle que ces esclaves combattants de la liberté, « armés de leurs sagaï, galets, pioches, fusils, aujourd’hui c’est avec la plume que je porte leurs cris ».
Citons aussi l’historien Bruno Maillard, qui a rappelé comme d’autres que ‘’les libres de couleur’’ n’avaient pas les mêmes droits que les Blancs après l’abolition de l’esclavage et que « les préjugés de couleur sont toujours présents ».
Enfin, parlons de la politologue Françoise Vergès, qui a souligné dans cette émission qu’« il faut faire l’éducation de l’esclavage, pour notamment lutter contre le racisme et les discriminations héritées de ce système ».

Un des combats à mener

Cette éducation faisait partie des nombreux projets élaborés par Paul Vergès en concertation avec tout le monde culturel pour créer la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise, dont Françoise Vergès était la directrice ; or ce projet malheureusement a été supprimé par certains politiciens.
Et comme dit Manuel Marchal dans ‘’Témoignages’’ du 26 mai, « pour les peuples qui ont été colonisés par les Français, ce ne sont que des mythes démentis par la réalité des faits. Or, ce sont bien ces mythes qui constituent une base du néocolonialisme français qui prospère sur une peur du ‘’largage’’ de ces îles par une ‘’métropole’’. (…) Près de 20 ans après que la France ait reconnu l’esclavage comme crime contre l’humanité, les dirigeants français vont-ils enfin rétablir la vérité historique et indemniser les descendants des victimes de ce crime contre l’humanité ? ». Voilà un des combats à mener…

Roger Orlu

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