Billet philosophique

Des hommages pour changer la société

15 novembre 2019, par Roger Orlu

Ces derniers jours, de nombreuses cérémonies commémoratives ont eu lieu à La Réunion pour faire connaître notre Histoire, mais aussi pour rendre hommage à nos ancêtres qui ont souffert des crimes du système colonial et qui ont résisté à ces oppressions. Quels enseignements pouvons-nous tirer de ces événements ?

Nous citerons d’abord une intéressante conférence tenue à la Bibliothèque départementale de La Réunion le 6 novembre par l’historienne Reine-Claude Grondin sur ‘’Le peuplement des Hauts de l’île au 19e siècle et au début du 20e siècle’’, où ont été notamment rappelés les combats menés par les esclaves, les engagés, les ‘’ti-Blancs’’, ‘’prolétaires’’ et autres ‘’ti-Créoles’’ face aux « spéculations sur les terres agricoles pour leur exploitation coloniale et capitaliste ». Et selon Reine-Claude Grondin, « le partage des ressources est toujours d’actualité pour le respect du bien commun face aux compétitions ».
Il nous faut parler aussi de la commémoration de la grande révolte des esclaves à Saint-Leu en novembre 1811, qui a été célébrée pour la 20e fois les 9 et 10 novembre par le Komité Éli, présidé par Yvrin Rosalie, avec diverses rencontres (projections de films, sobatkoz, prestations artistiques, etc.). Nous retiendrons également l’émouvante cérémonie organisée le samedi matin dans la ravine du Trou, à côté de l’école Éli de Piton Saint-Leu, où Yvrin Rosalie a animé des rites malgaches, africains, malbars pour rendre hommage à ces combattants de la liberté, violemment réprimés par les maîtres esclavagistes et auxquels nous devons être fidèles.

« La Rényon nout nasyon ! »

Autre événement très important dans ce contexte : ce qui s’est passé ce 11 novembre au Lazaret de La Grande Chaloupe, où le Conseil départemental, la Fédération tamoule et diverses associations membres du Collectif pour la mémoire des engagés ont organisé la traditionnelle ‘’Commémoration des travailleurs engagés de La Réunion’’. Cette cérémonie a été marquée par la mobilisation de nombreux compatriotes venus de tout le pays, qui ont exprimé avec force leur unité dans la diversité et le sens profond qu’ils veulent donner à cette démarche collective : « renforcer la connaissance des faits historiques réunionnais, au même titre que tout autre apport contribuant à cimenter nout manir viv an kréol » (Jean-Luc Amaravady, président de la Fédération Tamoule de La Réunion). D’où ces belles paroles proclamées par le groupe musical Renésens : « La Rényon nout nasyon ! (…) Liberté ! Liberté ! ».
Enfin, nous citerons l’hommage très touchant rendu à Paul Vergès ce 12 novembre au cimetière paysager du Port, où il est inhumé dans la tombe familiale depuis 3 ans. À cette occasion, diverses personnes – dont Yvan Dejean, le secrétaire général du P.C.R. – ont pris la parole pour souligner l’importance de l’œuvre accomplie par ce militant communiste à dimension internationale et l’importance de continuer son combat afin qu’il « dorme en paix ». En effet, dans le contexte universel et réunionnais actuel, dominé par les effets dramatiques voire mortifères du système capitaliste, il est plus que jamais indispensable d’être fidèle aux engagements de Paul Vergès, qui a consacré toute sa vie à défendre les valeurs fondamentales du communisme, comme la priorité au bien commun et à la responsabilité pour le peuple réunionnais et tous les peuples du monde. Voilà le sens que nous pouvons donner à tous ces hommages afin de changer notre société et la rendre altruiste, humaniste, empathique…

Roger Orlu

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