Billet philosophique

Des révoltes ancestrales à celles d’aujourd’hui ?

21 juin 2019, par Roger Orlu

Dans le cadre de la célébration du 170e anniversaire de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, une nouvelle conférence très intéressante a eu lieu le mercredi 12 juin dernier à la Bibliothèque Départementale de La Réunion (BDR) sur le thème ‘’Complots et révoltes d’esclaves à Bourbon au 18e et 19e siècle’’. Une conférence présentée par l’auteure et chercheuse Expédite Laope-Cerneaux, en partenariat avec l’Association Famille Maxime Laope, pour faire savoir que « nos ancêtres esclaves n’ont jamais accepté la servitude et ont essayé à plusieurs reprises de se libérer ».

Pierre-Henri Aho, le directeur de la BDR, et Expédite Laope-Cerneaux lors de la conférence du 12 juin.

Pour Expédite Laope-Cerneaux et ses partenaires, « il est souhaitable que la génération actuelle sache que ses aïeux n’ont pas été ce peuple soumis et passif qu’on leur a décrit mais qu’ils ont, comme tout être humain, aspiré à la liberté ». Et la conférencière a donné de nombreuses informations sur « les sources historiques et judiciaires qui révèlent pas moins de 19 tentatives de rébellion des esclaves entre 1750 et 1848 », dont les trois plus fortes : celle du 12 octobre 1799 à Sainte-Rose ; celle du 8 novembre 1811 à Saint-Leu avec Éli ; et celle de 1835 de Saint-Denis à Saint-André.
La chercheuse a notamment souligné à ce propos que « dans ces combats pour la liberté il y avait souvent des alliances entre les esclaves et les personnes libres », que « de violentes répressions mortelles ont frappé les rebelles » et que « les esclaves non soumis ont fait preuve d’une grande intelligence ». Elle a également signalé que lors de leur révolte de 1811 préparée pendant un an à la ravine du Trou, Éli et ses camarades avaient « un projet politique » pour « créer une nouvelle société avec de nouvelles lois ».

« Les ravageurs de nos cultures ancestrales »

Zordi, kosa nou fé pour être fidèles à nos ancêtres rebelles face aux nouveaux crimes commis par les dominateurs contre notre peuple et contre l’humanité ? Prenons le cas des pollutions de plus en plus mortelles signalées le 13 juin au Ciné Cambaie de Saint-Paul par le mouvement Oasis Réunion en projetant le film ‘’L’illusion verte’’ de Werner Boote, avec la voix réunionnaise du comédien Manu Payet. Ce documentaire démontre avec force au niveau international à quel point « le système capitaliste est criminel » car « la priorité pour les multinationales c’est le profit », comme le disent notamment dans ce beau film le philosophe américain Noam Chomsky et les résistants indigènes du Brésil.
Le lendemain, l’Association Initiatives Dionysiennes, présidée par le Dr Bruno Bourgeon, a confirmé ces thèses alarmantes par la présentation d’« une histoire des pesticides » qui montre notamment à quel point, malgré l’alerte lancée par Rachel Carson dans les années 50, « les ravageurs de nos cultures ancestrales » avec l’agro-chimie et la colonisation « favorisent l’expansion des maladies ». D’où la question posée par Bruno Bourgeon sur ce que nous respirons, avalons et touchons : « peut-on en sortir ? » ; et cette autre question l’on peut se poser : face aux dégâts criminels des pollueurs et autres profiteurs dans notre pays, pour faire respecter les droits du peuple réunionnais, allons-nous passer des révoltes ancestrales à celles d’aujourd’hui ? et lesquelles ? et en vue de quoi ?

Roger Orlu

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