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Billet philosophique
16 octobre 2020, par
Taux de chômage aux alentours de 25 % depuis plus de 40 ans, plus de 40 % de la population sous le seuil de pauvreté, manque criant de logements et coût de la vie trop cher : tels sont les résultats de l’infrastructure mise en place par la France à La Réunion. Le maintien de ce système doit beaucoup à sa superstructure qui a su renouveler ses cadres tout en maintenant l’objectif qui lui est assigné : garantir une paix sociale pour préserver les intérêts français dans cette région du monde.
Dans le matérialisme historique, la superstructure est l’ensemble des idées et des institutions qui viennent justifier l’infrastructure, l’infrastructure étant l’activité de production, l’industrie.
A La Réunion, l’infrastructure est le système politique et économique mis en place quand Paris dut commencer à appliquer la loi du 19 mars 1946 abolissant le statut colonial. Cette infrastructure produit les indicateurs sociaux actuels.
La Réunion compte un taux de chômage très élevé depuis plus de 40 ans. Ce chômage engendre une pauvreté avec plus de 40 % de la population en dessous du seuil défini pour la France. De plus, malgré plus de 10 ans passés dans le système éducatif français, près de 120.000 Réunionnais sont touchés par l’illettrisme.
Cette infrastructure ne vise pas le développement de La Réunion. Elle a mis en concurrence les industries d’une île juste sortie de la colonisation avec celle d’un des pays les plus riches du monde. En conséquence, l’économie productive s’est effondrée, tandis que celle des services s’est considérablement accrue, alimentée par des transferts publics. Avec l’aide de la France, un système économique favorisant un coût de la vie encore plus élevé qu’en Europe s’est mis en place. Une grande partie des aides sociales arrachées par la lutte est ainsi dépensée dans des grands centres commerciaux détenu par des sociétés extérieures à La Réunion. La transformation des transferts publics en bénéfices privés, telle est une des caractéristiques du néocolonialisme défini par le PCR.
Le maintien d’une infrastructure qui produit autant de pauvreté et d’inégalités doit donc beaucoup à la puissance de la superstructure. C’était pourtant loin d’être gagné. En effet, au moment de l’abolition du statut colonial à La Réunion en 1946, la superstructure se confond avec l’aristocratie du sucre. La classe dominante de l’époque était alors composée de gros propriétaires fonciers parfois industriels. 20 ans plus tard, c’était toujours elle qui était aux commandes. La composition du Conseil général ressemblait plus à une Chambre d’agriculture, avec les principaux acteurs de l’industrie sucrière bien représentés.
Sous l’impulsion de la CGT et des communistes, les Réunionnais se sont révoltés dans les urnes en 1956, avec l’élection de deux députés communistes sur les trois sièges en jeu. La liste communiste était en tête dans toutes les municipalités. La superstructure était ébranlée par les règles qu’elle avait elle-même fixée, Paris changea alors de politique.
Parallèlement à l’organisation de l’exil d’une partie de la jeunesse réunionnaise suspectée d’être une force de changement sensible aux idées des communistes réunionnais, le pouvoir créa les conditions de l’émergence d’une nouvelle classe sociale dotée d’un pouvoir d’achat suffisant pour se payer des produits importés fabriqués en France. Alimentée par les transferts publics, l’arrivée massive de fonctionnaires venus de France amenait également un nouveau mode de vie présenté comme une référence. Le développement des services a donc changé les modes de production. Ceci a logiquement impacté sur la superstructure qui vit changer ses cadres.
Apparemment, cette classe sociale créée par les transferts publics prit la direction de la superstructure. Il suffit de constater sa contribution importante aux élus du Conseil départemental ou dans les mairies. A La Réunion, ce sont souvent des membres des classes dominées qui ont intégré cette classe sociale issue de l’intégration de La Réunion à la France. Il faut reconnaître ici que par cette intégration, la superstructure s’est renforcée, car aux yeux des plus pauvres, elle peut jouer le rôle d’ascenseur social et trouve alors sa justification. Mais ce changement de cadres n’a-t-il pas signifié une régression de l’autonomie de La Réunion, et donc du pouvoir réel de la classe à la direction de la superstructure ? Au 19e siècle, la décision de construire un port et un chemin de fer a été assumée par l’ancienne classe dominante. Aujourd’hui, une telle initiative ne pourrait se faire sans le soutien appuyé de Paris et de l’Europe. C’est ce que montre le financement du chantier de la NRL. Aussi, la direction politique de la superstructure ne peut se passer de l’accord de Paris pour aménager l’infrastructure.
Ainsi, la superstructure peut alors encore plus facilement remplir la mission qui lui est assignée : garantir une paix sociale pour préserver les intérêts français dans cette région du monde.
Il semble donc évident que pour que La Réunion mette fin à un cycle qui l’a conduit dans la crise actuelle, la superstructure doit sauter. Dans une société, c’est l’élément le plus dynamique qui est le plus à même de le faire, c’est-à-dire les masses populaires exploitées. Mais dans le cas de La Réunion, ces masses populaires exploitées ont été en partie déplacées en France avec le BUMIDOM et continuent de l’être avec d’autres dispositifs, ou sont condamnées à rester sans travail parce que le système économique en place à La Réunion peut fonctionner avec la moitié de sa population active.
Mais ces masses exploitées sont intégrées dans la société de consommation. Un pauvre consomme ce que le système lui permet de consommer, mais il consomme. L’illusion est entretenue par un système bancaire qui permet d’acheter même lorsque l’on en a pas les moyens. En conséquence, les pauvres peuvent craindre de perdre si la superstructure s’effondre.
C’est sans doute là que se situe une victoire provisoire de la superstructure mise en place à La Réunion : faire croire aux pauvres qu’ils ont à perdre dans le changement. N’est-ce pas là que réside une partie de l’explication du boycott des élections par la majorité de la population réunionnaise comme lors du premier tour des municipales, de la présidentielle, des départementales, des régionales et des législatives ?
M.M.
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