Billet philosophique

La résistance du peuple réunionnais

9 octobre 2020, par Roger Orlu

Un événement culturel réunionnais important s’est déroulé vendredi 2 octobre dernier à Château-Morange (Saint-Denis), organisé par Lunivèrsité Maron et animé par Jean-Pascal Lauret : la conférence-débat d’Axel Gauvin, prézidan Lofis la lang kréol La Rényon et membre de la Commission externe du CCEE (Comité pour la Culture, l’Éducation et l’Environnement, présidé par Roger Ramchetty) sur la graphie du créole réunionnais. Le thème de cette rencontre était : « Po fé la sintèz bann lékritir lo kréol rényoné » (« Pour une synthèse des graphies du créole réunionnais » en français). Outre l’exposé très pertinent d’Axel Gauvin et le débat très intéressant sur ce thème, il faut signaler que Lofis la lang kréol La Rényon a diffusé un livre génial intitulé ‘’Pou in bon lékritir le kréol rényoné’’ (15 euros), avec une « présentation de Lakor-grafi 2017 » et une « synthèse des écritures du créole réunionnais » (contact : [email protected]).

Axel Gauvin à sa conférence avec Lunivèrsité Maron à Château-Morange vendredi dernier.

Axel Gauvin a d’abord souligné que depuis des dizaines d’années il y a entre écrivains réunionnais « un dialogue sur la graphie sur la langue créole du pays » et « ses différentes variétés, son évolution ». Il a cité entre autres Boris Gamalaya, Carpanin Marimoutou, Franswa Sintomer, Lékritir Tangol, Alain Armand dans son dictionnaire, Jean-François Samlong (président de l’Union pour la Défense de l’Identité Réunionnaise), etc.
Ce dialogue a aussi marqué les travaux menés pendant 5 ans par la Commission externe du CCEE sur la graphie du créole réunionnais, qui ont abouti à « une écriture aussi phonographique et polynomique que possible ». Mais ce ne sont que des propositions, il n’y a pas d’écriture créole dogmatique, les travaux continuent pour enrichir la langue créole réunionnaise, « une création de nos ancêtres esclaves », a rappelé entre autres Axel Gauvin dans sa conclusion.

Les marones et les marons

Le débat était très riche, avec notamment plein de propositions pour faire avancer le kréol, par exemple dans l’éducation, dans les institutions, dans les médias et dans notre société, victime de l’assimilation liée au néocolonialisme. Pour aller dans ce sens, Ary Yée-Chong-Tchi-Kan, membre du Secrétariat du PCR, a souligné que la défense et la promotion de la langue créole à La Réunion « est une formidable résistance ».
Ce concept nous fait penser à la célébration en 2013 — dans tout le pays et pendant toute l’année — du 350e anniversaire de la naissance du peuple réunionnais, suite aux recherches de l’historien Sudel Fuma. Pendant cette commémoration, il fut rappelé les très nombreux exemples de la résistance du peuple réunionnais, à commencer par les luttes contre l’esclavage par les marones et les marons, dont les traces marquent beaucoup la toponymie réunionnaise, à faire connaître à l’école comme dans les institutions.

Nout nasyon, nout patri

Il y a aussi les luttes des engagés qui ont succédé aux esclaves et les luttes des travailleurs pour faire respecter leurs droits face aux exploiteurs colonialistes et capitalistes. Il y a également les combats de nos différents ancêtres pour faire respecter leurs cultures du monde entier, leur inter-culturalité et leur identité du peuple réunionnais (nout nasyon, nout patri) ainsi que le co-développement régional solidaire.
Il faut pas oublier les combats menés pour la démocratie (contre les fraudes électorales, souvent meurtrières) et pour la liberté comme pour la responsabilité du peuple réunionnais. Soyons fidèles à tous ces résistants !

Roger Orlu

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