Billet philosophique

Les suites de la Fête Réunionnaise de la Liberté

21 décembre 2019, par Roger Orlu

À l’occasion de ce vendredi 20 décembre 2019, date anniversaire de l’abolition officielle de l’esclavage à La Réunion il y a 171 ans, il y a vraiment de quoi réfléchir sur le sens de notre célébration de la Fête Réunionnaise de la Liberté, qui a de plus en plus d’ampleur grâce à des institutions et des organisations associatives comme politiques (voir tout ce que fait par exemple le P.C.R. pour cela dans tout le pays). Nous allons citer deux exemples d’événements à ce sujet, parmi bien d’autres, qui donnent des suites très positives à cette célébration.

Le premier exemple est la série de conférences organisées par Les Amis de l’Université à Saint-Denis vendredi dernier et à Saint-Joseph ce samedi avec Monique Risso, docteure 3e cycle en histoire, sur le thème : ‘’Les familles négrières françaises à Nantes, Bordeaux et Saint-Malo’’, où elle dénonce « un commerce colonial lucratif et peu moral chez les « bien-pensants" ». L’historienne a exposé en détail que « ces villes et leurs habitants ont une caractéristique commune : mettre sous une chape de plomb leur passé négrier… jusqu’à ce que les historiens révèlent ce passé qu’on avait enterré ! ».
Monique Risso a aussi notamment déclaré : « Si j’ai travaillé et choisi quelques familles, c’est pour démontrer comment elles ont bâti leur fortune, dans la pérennité ou non, et comment traites négrières et commerce colonial sont intrinsèquement liés ». Elle a conclu sa conférence de Saint-Denis de façon très symbolique en lançant cet appel au public : « En tant qu’historienne et citoyenne de la République française, je vous demande de vous lever et de dire avec moi l’Article 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 pour ne jamais l’oublier : ‘’Les hommes naissent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune’’ ».

« Je trouve ma libération »

Le second exemple à citer à propos du sens très fort à donner à la ‘’Fèt Kaf’’ vient de l’association Miaro (‘’Nout zansèt nout fors’’), présidée par Honoré Rabesahala, qui a célébré le 15 décembre dernier au Kan Maron Dimitile la 16e édition de la cérémonie Atidamba, avec plusieurs partenaires comme les associations Capitaine Dimitile et Zangoun Servis. « Atidamba entend honorer la mémoire des ancêtres malgaches reposant en terre réunionnaise ainsi que celle de tous les marons qui n’ont reçu ni honneurs funèbres ni sépulture, en revêtant d’un linceul la stèle dédiée à la reine Sarlave, au roi Laverdure et au guetteur Dimitile, symboles de la résistance des marons à la traite négrière et à l’esclavage », nous dit Miaro.
À cette occasion, a été aussi proclamée une nouvelle fois la ‘’Dina (charte) de Dimitile’’ à l’intention de nos ancêtres : « Je veux que tu vives en moi. Souvenir vivant, souvenir réconfortant, souvenir sacré. Ton courage, ta rage de liberté. Liberté que tu as arrachée à cette terre. Je veux les faire miens. Et c’est dans tes pas, sur la terre retrouvée, que je trouve ma libération ». Cela veut dire que cette nouvelle édition de la célébration de la Fête Réunionnaise de la Liberté doit concrètement faire avancer la libération du peuple réunionnais du système néo-colonial actuel, par la concertation et l’union sur un projet commun de développement durable et solidaire, en nous appuyant sur les convergences de plus en plus nombreuses entre Réunionnais à ce sujet…

Roger Orlu

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Messages

  • 171 ans de liberté, c’est très bien, ne pas oublier les horreurs du passé, mais il faut aussi je pense, ne pas se refermer sur la Réunion seulement. En effet, on peut dire que l’esclavage, ça existe encore aujourd’hui, certe ailleur, mais il faut le savoir, le déoncer, s’opposer et parfois, on en est proche comme par ex, ceux, celles qui travaillent sans syndicat, exploités, avec leurs papiers confisqués, sans aucune sécurité, ni cantine, ni toilettes, en plein soleil je pense par exemple aux mineurs sans casque, ni gants, lumière, étais, dans une chaleur étouffante, pour quelques pièces de monnaie, que ce soit dans les mines de diamant, de pierres précieuses, l’industrie textile, et d’autres. Ne pas oulier aussi la situation des enfants, contraints de travailler pour une misère au lieu d’aller à l’école pour s’en sortir, quelle honte ! Arthur, qui réalise.


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