Billet philosophique

« Nou viv touzour dann déni »

6 septembre 2019, par Roger Orlu

« À nous d’écrire notre histoire ». Suite à cet appel à la jeunesse réunionnaise lancé par Élie Hoarau vendredi dernier à Saint-Denis en conclusion de sa conférence sur ‘’l’émergence d’une conscience et d’une parole réunionnaises depuis 60 ans’’ avec la fondation du PCR, nous vous proposons quelques réflexions sur les liens à cultiver entre notre passé et notre avenir.

Légende : L’intervention d’Yvrin Rosalie samedi soir à La Grande Chaloupe, avec Jérôme Lin, trésorier du Komité Éli.

Dans son exposé, le président du Parti Communiste Réunionnais a notamment souligné l’importance de continuer à renforcer l’identité et la fraternité du peuple réunionnais en cultivant sa mémoire historique.

Cela doit se faire en particulier dans toutes les instances éducatives, afin que les jeunes Réunionnais connaissent mieux l’histoire de leur peuple, ses souffrances mais aussi ses combats depuis 370 ans pour faire respecter ses droits et sa dignité.

Et cela s’inscrit dans la perspective de construire tous ensemble l’avenir d’un peuple enfin libre et responsable, avec un système éducatif qui prépare également la jeunesse réunionnaise à en prendre conscience et à assumer ses responsabilités à ce sujet.

Or, que s’est-il passé dans les diverses institutions à La Réunion le 23 août pour célébrer la Journée Internationale de commémoration de la traite négrière et de son abolition ? Pourtant, à cette occasion, « l’UNESCO invite les Ministres de la culture de tous les États membres à organiser des actions en associant l’ensemble des populations de leurs pays et en particulier les jeunes, les éducateurs, les artistes, les intellectuels mais aussi les sportifs et la société civile ». Cela est d’autant plus important que la fidélité à nos ancêtres combattants de la liberté peut donner un sens à notre vie…

« Pou fé konèt nout istoir »

Il a fallu qu’une association culturelle réunionnaise, le Komité Éli, présidé par Yvrin Rosalie, organise le 31 août et le 1er septembre à La Grande Chaloupe et à La Ravine a Jak sa 9ème édition de cette célébration pour montrer l’importance de la connaissance de notre histoire. Et en ouverture de cet événement, Yvrin Rosalie a notamment déploré que l’on ne fasse pas mieux connaître à quel point « nout zansèt lété maltrèté » et le fait que « nou viv touzour dann déni ».

Pour combattre ce « déni », le Komité Éli a organisé la projection du film ‘’Madame Desbassyns’’ de William Kali, qui montre très bien comment les esclaves ont été exploités au profit des colonialistes ; et plusieurs militants culturels réunionnais renommés apportent leurs témoignages à ce sujet dans ce documentaire : Sudel Fuma, Daniel Honoré, Prosper Ève, Jean-François Sam-Long, Ghislaine Mithra-Bessière etc… Au programme également de cette commémoration, des ‘’kabar maloya’’, des visites guidées aux lazarets du quartier, des ‘’omaz à la mer’’ et ‘’omaz aux stèles’’, des sobatkoz etc… « pou fé konèt nout istoir ».

Ces réflexions et engagements très précieux vont sans doute inspirer les institutions ainsi que les organisations syndicales, politiques et associatives qui constitueront prochainement la Conférence Territoriale Élargie de La Réunion pour élaborer un projet réunionnais de développement durable et solidaire. Un projet qui sera mis en œuvre par le peuple réunionnais lui-même dans le cadre d’un partenariat équitable et solidaire avec la République Française, l’Union Européenne et tous les peuples de l’Océan Afro-Asiatique.

Roger Orlu

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