Billet philosophique

Passer une nouvelle page de notre histoire

27 mars 2020, par Roger Orlu

La semaine dernière dans cette chronique, nous avions évoqué en conclusion l’importance de cultiver la solidarité pour faire face à cette grave crise sanitaire internationale de l’épidémie du coronavirus. Des penseurs réunionnais ont mis en avant ces derniers jours des pensées intéressantes à ce sujet.

Julie Pontalba (PCR)

Nous citerons d’abord Thierry Laude, professeur de philosophie, qui a transmis le mardi 17 mars dans le courrier des lecteurs du ‘’Quotidien de La Réunion’’ une alerte d’un ami italien sur la gravité de l’épidémie de Covid-19 au niveau mondial et sur la nécessité d’en prendre conscience. Parmi les commentaires du philosophe réunionnais à ce sujet, nous noterons : « Ma patrie Créole, mon île et mon âme, deux fléaux nous menacent aujourd’hui : le virus, et plus encore, l’inconscience. Je veux dire par là l’absence de prise de conscience de la gravité du virus ».
Il ajoute : « Notre convivialité fait notre force, cela est vrai ; mais elle fait celle du virus aussi ». C’est pourquoi « il devient vital d’ouvrir les yeux », conclut Thierry Laude, en ajoutant que si nous suivons ce chemin, « dans notre langue créole : ‘’tout’ sava bien allé’’ ».

« Il faut tenter »

Autre réflexion importante à vous transmettre : selon le Dr Bruno Bourgeon, porte-parole d’AID (Association Initiatives Dionnysiennes), « le coronavirus révèle la fragilité de la mondialisation libérale. (…) Un monde du capitalisme financier voit les banques et les fonds d’investissement et de pension faire la loi ; les Bourses dominer l’économie ; les multinationales mettre en concurrence les pays qui pratiquent le dumping social, écologique et fiscal ; (…) Un coronavirus n’aurait qu’un impact limité sur l’économie dans un monde où la finance serait sous contrôle public, où la monnaie serait un bien commun, où la majorité des productions (y compris énergétiques) serait relocalisée, ou la sobriété matérielle et énergétique supplanterait le consumérisme, et où l’on mettrait fin à la domination économique et politique des multinationales ».
Conclusion du Dr Bruno Bourgeon où il insiste sur son idée de départ : « la crise actuelle peut agir comme révélateur des fragilités extrêmes de la mondialisation libérale et contribuer à sa condamnation. D’autres crises n’ont pas suffi pour l’accuser. Il n’est pas certain qu’on y parvienne ici, mais il faut tenter ».

« Marqueur de notre histoire »

Enfin, citons Julie Pontalba, membre du Comité Central du Parti Communiste Réunionnais et responsable du Mouvement Réunionnais pour la Paix, qui le 19 mars dernier a rappelé ceci : « Le 19 mars 1946 est une date historique, celle de la promulgation du texte qui transforma les colonies de Guadeloupe, Guyane, Martinique et La Réunion en départements français. Ce texte émane de la volonté des peuples concernés qui envoyèrent à l’Assemblée constituante des députés porteurs de ce projet de transformation. Le but était d’en finir au plus vite avec la misère coloniale qui faisait notamment de La Réunion un des pays les plus pauvres du monde ».
Autre rappel : « En 2016, le PCR publia “70 ans après la loi du 19 mars 1946, un nouveau rassemblement pour une nouvelle politique, Mettre fin au néo-colonialisme”. Le dernier mouvement social des Gilets Jaunes a accentué la prise de conscience de l’urgence d’un changement global, en associant tous les acteurs concernés. Plusieurs voix s’élèvent désormais pour une nouvelle gouvernance avec plus de responsabilité localement. Faut-il attendre une situation catastrophique pour opérer enfin ce changement ? Combien de temps et de gouvernements encore avant de nouvelles normes économiques, sociales, culturelles, environnementales et politiques ? En 2016, une proposition de loi a été déposée par Paul Vergès, alors sénateur, pour que le 19 mars soit férié et célébré. Je suis d’avis aussi que l’on reconnaisse cette date comme un marqueur de notre histoire, comme cela a été pour le 20 décembre, et que l’on passe maintenant à une nouvelle page pour répondre au mieux aux exigences de notre époque ».

Roger Orlu

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