Billet philosophique

« Tyinbo ! Nou larg pa ! »

15 février 2019, par Roger Orlu

C’est un des défis à relever chaque jour pour exister vraiment : passer des beaux discours aux actes et aux comportements altruistes, afin d’être notamment fidèles à nos ancêtres combattants réunionnais de la liberté. Plusieurs penseurs et acteurs réunionnais nous ont rappelé ce devoir moral ces derniers jours.

Un message des manifestants du 9 février à Saint-Denis avec un drapeau régional.

Nous citerons d’abord le séminaire organisé le 6 février dernier à l’Université de La Réunion par la Fédération Réunion de la Ligue de l’Enseignement sur le thème : « Construire une société inclusive, plurilingue et interculturelle » avec des « approches novatrices et stratégies éducatives ». Dans la présentation de cet événement, il est rappelé que La Réunion est un pays « historiquement riche de sa diversité culturelle et un espace d’accueil de nouveaux arrivants dans plusieurs contextes (migrations économiques, échanges culturels, échanges avec le pays d’origine). Ce brassage de population dans un espace francophone et créolophone nécessite une prise en compte de la pluralité linguistique dans les actions de formation et les moments pédagogiques. Se questionner en ce sens devient urgent aujourd’hui pour lutter contre les inégalités sociales, déconstruire les préjugés et développer des représentations positives à l’égard de toutes les langues et cultures en présence ».

De nombreux spécialistes, chercheurs et militants culturels du pays ont apporté des réponses très intéressantes à ces problèmes et cela nous fait penser, par exemple, à l’œuvre admirable accomplie par le « héros créole » Sudel Fuma, décédé accidentellement en mer le 12 juillet 2014 et auquel William Cally a consacré un magnifique documentaire diffusé par Réunion 1ère Télé vendredi et lundi derniers. Dans ce film, il est notamment rappelé tout ce que ce « fervent humaniste », ex-directeur de la Chaire UNESCO à l’Université de La Réunion, a réalisé « pou la kiltir nout mémoir » et pour renforcer les liens entre les peuples de notre région en mémorisant pendant dix ans, avec le soutien de Paul Vergès et ses amis, la ‘’Route de l’esclave et de l’engagé dans l’océan Indien’’.

« On lâche rien »

N’oublions pas non plus qu’il a organisé dans tout le pays avec de nombreux partenaires en 2011 ‘’L’année d’Éli’’ pour célébrer le 200e anniversaire de la révolte des esclaves dans la région de Saint-Leu et en 2013 le « 350e anniversaire de la naissance du peuple réunionnais ». En conclusion du film, Morine, la fille de Sudel Fuma, nous dit : « je continue le combat » et cela nous fait penser à l’importance de notre fidélité aux combats humanitaires, émancipateurs et solidaires menés par nos ancêtres pour une société libre, juste, équitable, respectueuse de nos droits, de notre dignité et de notre identité réunionnaise.
D’ailleurs, lors de la manifestation de la société civile, intersyndicale et politique organisée par les Gilets Jaunes à Saint-Denis samedi dernier, à plusieurs reprises les manifestants ont proclamé cet appel à l’engagement militant, marqué par l’action sur le terrain, la détermination et le dévouement sans fin : « Tyinbo ! Nou larg pa ! ». Autrement dit, si nous voulons vraiment changer notre société et libérer notre pays, nous devons être fidèles à nos engagements, ne pas cesser le combat, écouter les autres pour lutter ensemble dans le même sens car « on lâche rien », comme le chante avec force le groupe HK avec Les Saltimbanks.

Roger Orlu

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