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C’en est trope !
12 mai 2011
On dit que les Indiens ont un seul mot pour dire à la fois l’Absolue réalité et le Fictif. En Chine, rapporte-t-on, les Bouddhas de pierre sourient à I’impermanence du monde. “Jean-Yves à qui rien n’arrive”, roman pour enfants, offre une image fidèle de cette pensée tout extrême-orientale. Avant d’en entreprendre la rédaction, Pierre Gripari avait transposé le monde du conte de fées à la réalité la plus quotidienne. Ce furent les “Contes de la rue Broca”, les “Contes de la Folie-Méricourt”. Avec “Jean-Yves”, publié en 1991, c’est la pensée chinoise que l’auteur a infusée dans le réel, à la manière de la feuille de thé sèche qui colore l’eau la plus transparente.
1972, l’auteur projette la forme japonaise du nô sur la scène française. Dans “Frère Gaucher (ou le voyage en Chine)” de 1975, on ne parvient jamais en Chine. Même disparition des lieux dans “L’Incroyable équipée de Phosphore Noloc”. La destination fixée n’est jamais atteinte que par la pensée, à la façon de la cible que doit atteindre l’archer tch’an et qui se trouve à l’intérieur de son cœur. Le personnage pivot du roman épistolaire n’est jamais nommé, il n’apparaît pas non plus, n’étant que le destinataire de lettres qu’on lui envoie, en réponse à des courriers absents. Tout au long de “Frère Gaucher”, un portrait en creux du personnage central s’esquisse. La construction du roman correspond à une sorte de puzzle dont les pièces se montent au fur et à mesure, les intrigues dessinant un autre voyage que celui évoqué et qui se dirige vers un Orient de soi-même.
Très tôt l’ouvre de l’écrivain (1925-1990) tente de donner une forme littéraire au taoïsme philosophique. Ce Chinois se nomme Gripari.
Parce qu’il n’arrive rien à Jean-Yves, celui-ci, dans la vacuité de son esprit, peut élaborer de fort beaux contes. C’est parce qu’il adopte la position du sage taoïste, du non-agir, de la méditation que le personnage peut développer la potentialité imaginaire. Le personnage de Jean-Yves, on l’a compris, est l’image miroir de l’auteur : il est l’écrivain, ou plutôt le conteur qu’il y a dans l’écrivain. Le roman retrace l’histoire de l’amitié qui unit le conteur à son auditeur, autrement il raconte notre histoire dans un jeu de mise en abîme. Et sans doute, Jeannot, l’auditeur des contes, n’est-il qu’une facette supplémentaire de l’écrivain et représente-t-il le lecteur idéal, rêvé qu’il y a en chaque écrivain. Si ce livre relate l’amitié entre un petit garçon et un bibliothécaire conteur, il y fait également l’histoire de la fin de cette amitié, car tout conte suppose dès son ouverture sa propre fin, sa propre déchirure, c’est donc aussi l’histoire d’une séparation inévitable. Une fois le conte achevé, il faut se séparer et briser la connivence qu’il y avait, c’est pourquoi le conte se termine invariablement par un happy end : sa propre fin représentant déjà une tristesse en soi. Devant cette séparation inévitable, le roman, lui-même composé de contes, se clôt en proposant une solution — c’est là que le roman dépasse en l’englobant le conte — : la possibilité laissée à l’auditeur de devenir lui-même conteur.
Troisième étape de ce roman initiatique destiné à des enfants qui s’apprêtent à sortir de l’enfance et qui ont le devoir de s’inventer leur propre histoire : roman dont le conte, le conteur et l’auditeur constituent les thèmes principaux, c’est la passation. La passation en tant que nécessité pour que le conte puisse perdurer. Comme jadis, le feu devait rester vivant et passer de gardien en gardien, le cœur du conte aujourd’hui doit rester vivant, pour conserver la mémoire de l’imaginaire. Si une civilisation veut se survivre à elle-même, il faut qu’elle s’invente un avenir, à partir de son passé. Pierre Gripari fait de ce roman initiatique un hymne à la tradition orale, si méprisée aujourd’hui dans les fondements éducatifs comme dans la morale économique. Pour que le conte puisse grandir, nécessité est faite de se mettre à l’écart, socialement, à l’abri “du bruit et de la fureur”. Le retirement et le vide en soi, c’est-à-dire l’oubli de soi, sont nécessaires pour créer. La leçon est taoïste.
Le peintre-professeur d’un de ces contes qui composent le roman, comme les pierres la cathédrale, remarque : « Bien que l’amertume soit justifiée, la tristesse de même [dans cette vie], c’est évident, il faut pourtant les dépasser l’une et l’autre, et les dépasser par la joie : une joie sans illusion, mais aussi sans moquerie, une joie non égoïste, qui se donne, qui se communique... ». Raconter permet d’être l’auteur de sa propre joie et de la redoubler en la confiant.
Sagesse offerte avec humour, légèreté, en des termes simples, enveloppée dans le sucre candi du conte. Un humour fait de peu de choses : « Un jour, notre sorcière se rend chez le médecin : - Bonjour, docteur. - Bonjour, madame la sorcière. - Je voudrais une potion pour rendre la mémoire. - Quelle mémoire ? - La mienne, pardi ! - Et vous voulez la rendre à qui ?/C’était une question piège, évidemment. Et comme la sorcière avait déjà oublié tout ce qu’elle venait de dire, elle est tombée dans le piège... ». L’imaginaire en tant que respiration de la vie.
Une rencontre a lieu dans le Paris populaire, à la fin des années 80, entre l’écrivain et un jeune étudiant en Lettres de la Sorbonne ; ils parlent de quoi ? De la Bible, du Tao, de littérature, de la vie, de politique. L’écrivain fait découvrir au sorbonnard l’importance de l’œuvre des taoïstes philosophiques Lao-tseu, Tchouang-tseu, Lie-tseu. Avec la leçon de l’écrivain commence un voyage qui ne s’arrêtera plus, qui traversera la disparition du romancier, dans un mouvement excentrique, qui mènera au Sénégal, à Hong-Kong, à Taiwan, à l’écriture du “Recueil tch’an du crabe à huit pattes” paru aux éditions You Feng, à la culture amérindienne, et jusqu’à ces lignes...
Pierre Gripari n’était pas un ami ; pour moi, c’était un maître.
Jean-Charles Angrand
“Jean-Yves à qui rien n’arrive” de Pierre Gripari, éditions Grasset-Jeunesse (collection Gripari)
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