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15 mars 2018, par
Il était récemment demandé à Pascal Blanchard, historien spécialiste de l’Empire colonial français, des enjeux de la diversité et des histoires de l’immigration, où il était possible de « découvrir l’histoire coloniale en France ».
Réponse : « Nulle part, alors qu’on est au pays des Musées… Il en existe 12 744, musées d’État ou d’entreprises. Il y a par exemple 23 musées du sabot, mais aucun sur l’histoire coloniale ! » La France, l’un des premiers empires coloniaux, n’aborde pas la question dans un lieu de savoir. « Notre pays est l’une des rares nations impériales incapable de regarder cette histoire en face », conclut-il.
Nécessité revient à se tourner vers les sources. 1956, Ferdinand Oyono : “Le Vieux nègre et la médaille”.
Mais d’abord, c’est quoi “un nègre” ?
Le nègre est « la chose qui obéit ».
Une telle histoire – si elle n’était jamais établie - reviendrait à faire la part belle au sentiment de l’ironie, et surtout de la double ironie telle qu’Oyono en propose le système.
Voyez le Supplice de Dangan : Où la sagacité des Blancs parvient à raffiner la torture.
« Dans la nef, les catéchistes fermaient la porte pour obliger les nègres à écouter le sermon. Là-haut, sur la chaire, le père Vandermayer, dans son mauvais Ndjem, commençait innocemment à truffer son sermon d’obscénités ». Le plus dur était de ne pas rire, sinon la chicote !
Oyono décrit la géographie dévastée d’une Afrique de bric et de broc.
« La grande route s’étendait devant lui. Elle s’amenuisait là-haut, au sommet de la colline où l’on devinait le toit de la Résidence » - « La piste débouchait sur le quartier indigène. Dominant ce dernier, la ville des Blancs, bâtie sur la colline limitrophe était en vue ». La ville coloniale trône au sommet de la colline, surplombée par le toit de la « Résidence », le palais du gouverneur ; en contrebas, le quartier indigène, inondable, s’étend : géographie de dominés-dominants.
Quant aux villages de brousse, que sont-ils advenus ?
« Il y avait une dizaine de cases délabrées, bâties autour d’un hangar de paille, la case à palabres ». Laissés à eux-mêmes. Les forces vives étant englouties par la ville coloniale, avec à sa tête, un commandant et son éternel « Bande de fainéants ! » à la bouche. Là, le domestique est humilié, parfois même tué pour une plaisanterie.
Toute une carte de la misère se déploie là, derrière un sourire de façade, forcé : du serviteur, comme celui de l’auteur.
La géographie invisible de cette Afrique que contourent la spiritualité et le moral, ne vaut guère mieux. « Tenez, par exemple, (déclare Ignace) cette prostitution qui règne au quartier indigène… cet alcool débarque… qui débarque toujours… cet alcool où se consume les âmes… Cette bombe à fumée qu’ont inventée les Blancs, pourquoi ne pas voir en tout cela ces phénomènes annoncés qui doivent précéder la fin du monde ? Le monde est en train de vivre l’aventure de Lucifer, je vous le dis, et son avenir m’effraie ».
Ignace fait partie de ces « mouches de l’Église » qui ne cessent de bourdonner autour de l’autel, et ne voient plus que par Dieu ou par diable, ne distinguant plus les hommes dans le monde qu’ils associent à des mouches qui se repaissent du tas de fumier.
D’ailleurs, Dieu est du côté des Blancs. Son siège se trouve approximativement dans la case du Gouverneur. « Pour être croyante, je le suis !, se récrie la femme du futur décoré. Et à chaque fois que j’ai regardé le ciel, j’ai toujours été certaine que le Bon Dieu était bien de l’autre côté ! Seulement avec les Blancs ».
Oyono met en évidence le mépris qui sous-tend la société coloniale, qui se terre au fond des prêtres, sous un vernis de mise en scène : le coup de pied part vite pour les petits boys qui ne font pas preuve d’assez de diligence. Cette manie, d’ailleurs, qu’avaient les Colons de botter les Nègres, faisaient qu’ils affirmaient volontiers – entre eux - que certainement ces derniers devaient avoir des oreilles collées au derrière.
Quant à la femme, ‘la dernière des créatures’, elle a assurément le chemin le plus dur pour monter au Paradis : « Paniers de bois, à chaque retour des champs, paniers de sable pour la case, pour la route, paniers de pierres pour la maison du prêtre pour avoir accès à la confesse ». Le panier leur creuse les reins, et fait ce callipyge qui attire les hommes parce qu’il témoigne en faveur d’une vie laborieuse.
De case en case, on croise un petit Négrichon, morveux, noir ‘comme un cul de marmite’, dont il lèche le fond, avec pour seul vêtement le crucifix qui pend à son cou. Le gamin s’appelle « De Gaule » : « Mon deuxième fils, dit l’homme à la serviette-éponge. Tu te souviens, j’avais épousé sa mère après la guerre… » Il porte le nom de celui qui est à l’origine des massacres coloniaux, parce que, dans le marigot de cette société, surnage une fascination morbide pour le Blanc, avec la peur constante (ravivée par les défilés) qu’une guerre lointaine ne revienne arracher les jeunes pour les envoyer à nouveau aux pays des Blancs, d’où ils ne reviendront pas.
L’Afrique véritable, l’Afrique authentique, celle d’avant les Blancs, Ferdinand Oyono ne l’a pas connue. Et il en saigne. Tout ce qu’il a vu est une Afrique déformée, une Afrique renversée sur ses bases, sans dessus dessous, une Afrique de caricature.
Ils sont pauvres, dit l’auteur, ils sont misérables, mais ils ont des médailles.
Après tout, qu’étaient ces colonies africaines ? sinon de vieilles médailles accrochées au plastron de la France, qui se sont décrochées avant qu’elles ne se fassent marcher dessus… On ne se doit plus rien, n’est-ce pas ?
Jean-Baptiste Kiya
Cf. dans la rubrique, l’article : « Ferdinand Oyono, maître de la double ironie ».
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