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Saint-Denis
4 août 2015, par
En fin de journée, en rentrant de chez grand-mère, la musique roulait de plus belle.
On se serait cru dans les dessins animés de Lewis Carroll où on trempe sa montre dans la tasse, où on essaie de noyer son voisin dans une théière… Les acteurs se déhanchaient monstrueusement, grimaçaient à foison, et criant comme des grues, allongeaient la tête. D’autres tentaient de danser à quatre pattes, pour mieux solliciter « les instincts animaux enfouis »… Ou accrochés aux barres, à l’envers, exécutaient des figures rythmiques, invitant les passagers à entrer dans la danse, ignoble et fascinante bacchanale.
« LE CORPS DOIT ÊTRE ENTIÈREMENT DÉMONTÉ ! EN PIÈCES DÉTACHÉES !… POUR MIEUX LE RECONSTRUIRE ! », était lancé au haut-parleur, dans un tumulte de chants, de secousses et de slams.
« Retrouver le grotesque premier de l’animal humain… Puiser dans les ressources, libérez les membres ! Indépendantiser le corps ! Bougez-vous le train ! Allons-allons-allons !… »
Une ronde serpentine s’arrondissait pour arpenter le bus, les spectateurs étaient entraînés malgré eux. Et on criait tous ensemble des onomatopées rythmées, pour faire sursauter le corps. J’ai été tenté de descendre, mais l’issue était bloquée par des danseurs et l’idée d’attendre le prochain bus m’a effrayé, j’ai dansé avec les autres. On m’a même donné des coups de fesses.
Puis, au débouché du mail du Chaudron, on annonça : « LA TRANSE, LA TRANSE !!! » Le rythme débraya, accéléra, le chauffeur abordait la dernière ligne droite faisant rugir le moteur en cadence. Ça poussait des frénésies. Ça fumait du gasoil. Ça virevoltait, brinquebalait, tirait des fesses, ahanait, vociférait. Ça glapissait dans la pétarade. Un hurlement dominait le tout, une voix de castra. On ne pouvait savoir d’où ça venait, car le bus entier tanguait dangereusement, des piétons nous regardaient incrédules. On hululait dans les coins, à foison, par les vitres, par les trous, dans un débordement de gestes, de sucrage de fraises. On foulait la vigne dionysiaque, ça piétinait sec. Buvait l’ivresse du rythme. Mon Dieu, si grand-mère voyait ça ! Elle clamserait aussi sec.
À propos de grand-mère qui perd la mémoire, aujourd’hui elle m’a dit qu’elle a oublié de régler la note du téléphone. J’ai dû m’en occuper.
Et puis tout à coup, elle s’est mise à accuser des gens morts depuis des années de se conduire abominablement envers elle.
« EXPRIMEZ-VOUS ! EXPRESS YOURSELF, dans n’importe quelle langue… », c’était la règle du jour, affichée dans le car. Que les usagers prennent la parole, sous peine d’être jeté du bus. C’est la règle de la ‘vraie démocratie’ : on y participe, ou on est expulsé, « pas de demie mesure, ici ! » C’est ce que j’ai appris une fois que j’en avais franchi le seuil. « Si couillon i rouvèr pas son gueule, qui ça té i connaît lu té couillon ? » Un micro passait de passager en passager qui était interrogé par un comédien de la troupe sur les sujets les plus variés et inattendus : « Quel soutien-gorge préférez-vous ? Aimez-vous le cari d’l’eau ou la soupe aux galets ? Dites du mal de la politique dionysienne… Aimez-vous votre chien ? » Le tout était commenté dans le bus, et soumis au vote. Un passager ainsi fut à l’unanimité éjecté du bus. J’ai pris en notes l’échange : « Où allez-vous ? – Les égouts. – C’est la prochaine station, les égouts… Tiens, on y est déjà ! Stop ! ». Des lois furent promulguées sur l’ensemble du territoire du car, interdiction des canards à trois pattes, le permis d’inhumer en car, liberté d’affichage, de chanter ce qu’on veut, liberté de tapage nocturne, de parler de politique, de religions, de ne pas être d’accord, de démonter le bus pour le reconstruire autrement, de conduire à tour de rôle à la place du chauffeur, de changer d’itinéraire, etc., etc. Une révolution en marche, ou plutôt en bus.
Pendant ce temps-là, dans le fond, un acteur déclamait comme du Shakespeare les articles du Journal du Monde consacrés à la Vache folle. « Le Monde, c’est l’Évangile du monde moderne », justifiait un des participants, au micro. Et le lecteur en habit de deuil ponctuait ses lectures par : « Les ruminants sont en voie de disparition ! Ruminons nous-mêmes, personne ne le fera plus pour nous ! »
À l’arrière, s’accumulaient les déchets : journaux et papiers gras.
J’allais oublier de consigner que, le matin, une voisine avait préparé pour grand-mère un kari malang (un cari de poisson) qui ne s’oubliait pas… Les gens me regardaient avec une belle insistance. Moi je regardais ailleurs. Je suis sûr que certains m’ont pris pour un des comédiens…
(Suite au numéro de vendredi)
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