Mayotte

Le petit palmier jaune (moina m’nadzi dzizano) (2)

17 juillet 2015, par Jean-Baptiste Kiya

« C’est une idée, trancha le cheffou, il faudrait essayer. »
Puis, ce fut au tour de Monsieur Machiaka de dire ce qu’il avait à dire : « Il n’y a pas de miracle, le baudet avance au bâton. Il faut les frapper, ils se décideront bien à parler… »
On est dur et droit dans le village, on répéta :
« Il faut les frapper, ils se décideront. Il faut les frapper, ils se décideront…
- D’abord la méthode de Koko-Dolto, trancha le chef, puis, si cela ne suffit pas, celle de Machiaka. »
Tout le monde loua sa sagesse.

On chanta alors :
« Machaka
Chabouka
Antoudi
Lamouka. Embrouille et œuf pourri… »

Et on dansa, on dansa tout autour du village. C’est ce moment-là (machaka) qu’un petit vent se leva (chabouka) et tournoya (antoudi) : deux noix de coco se décrochèrent (lamouka) et tombèrent pour l’une sur la tête de Koko-Dolto et, pour l’autre, sur celle de Machiaka (embrouille et œuf pourri).
Laquelle des deux cassa : la tête ou la noix ?
Comme ils avaient la tête bien dure, Koko-Dolto et Machiaka se contentèrent d’avoir une méchante bosse. Ce sont les noix qui se fendirent, et tout le monde dans le village put y goûter, exceptés Koko-Dolto et Machiaka qui durent se pommader le crâne.

On retira les seins des bouches des petits enfants. Les bouches délivrées, on entendit crier partout dans le village, au fond des cases, mais de paroles, aucunes.

On tapa sur les fesses des enfants. On entendit partout dans le village claques et cris, mais de paroles point.

Cela dura un mois, deux mois, il n’y eut pas d’autres résultats qu’un surplus de bruits et de cris.

Au début, les parents étaient mécontents, puis on se lamenta : « Hangno-na hangno oura mangno : Bouche-bouche-pique-dents ». À la fin, tous étaient désemparés.

On retourna voir le cheffou.
« Chef, on leur a retiré les seins.
- Alors ?
- Rien.
- On leur a donné des fessées.
- Alors ?
- Rien.
- Quand on donne et quand on retire, rien également. Cela n’est pas normal !
- Nous n’y pouvons rien alors », déclara le chef.

Une vague de protestations s’éleva.
« Si on t’a élu, ce n’est pas pour t’entendre dire ça ! Fainéant !
- C’était au moins pour l’illusion que tu pouvais résoudre nos problèmes !
- C’est ça : Zema za mundra ma su zi, un service rendu à un âne est récompensé par des pets !
- Je vous en prie, je vous en prie, laissez-moi terminer, trancha le chef : si nous n’y pouvons rien, le Moilimu, lui, saura. »
Les visages de s’illuminer.
« Chef, tu as bien parlé. Allons voir le Moilimu ! »

(Suite au numéro de mardi)


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