Guignol à Paris, Tarzan à Adélaïde...

16 novembre 2010

Ainsi donc, après l’avoir promené sous le nez du bon peuple, comme un pantin, pendant des années, pour amuser la galerie écologiste, Sarko adresse à Borloo le désormais rituel « casse-toi pauvre c… », ce qui surprendra à coup sûr deux catégories de personnes : les naïfs, qui avaient pu croire un seul instant à ses simagrées environnementales, et les sourds, qui n’avaient pas entendu son fielleux « l’écologie, ça commence à bien faire ! » éructé entre un derrière de vache et un groin de cochon au dernier Salon de l’Agriculture.
Dans notre pays ébranlé par la crise, frappé par le chômage, gangrené par les inégalités sociales, secoué par les manifestations des jeunes, des femmes, des travailleurs, de tous ceux qui souffrent des mesures iniques imposées par Sarkozy et l’UMP, la vie politique aura été réduite, pendant cinq longs mois, au ballet des courtisans, aux petites phrases assassines, aux fausses confidences, aux retournements de veste, au pistage des supposés favoris (avec l’ineffable Michèle Alliot-Marie posant déjà en Geneviève de Fontenay du nouveau casting gouvernemental…).
Le tout pour un résultat final assez cocasse : c’est le même Chevalier à la Triste Figure qui gardera les meubles à Matignon, pour faire croire au pays qu’il a un Premier ministre. Nous continuerons donc de voir Fillon, gai comme le croque-mort de Lucky Luke, s’agiter mètre en main pour prendre les mesures des quelques libertés sociales qui survivent à ce jour, et qu’il rêve d’enfermer au plus tôt entre les quatre planches de sa politique réactionnaire.
La presse étrangère l’atteste amplement : le seul éclat qu’a pu produire la fine équipe de chevaux de retour qu’on vient de nous donner pour gouvernement, c’est bien un éclat de rire franc, massif et international.
Que vaudront ces nouvelles excellences dans la gestion de leurs ministères ?
On ne le saura sans doute que trop tôt. Seule Mme Bettencourt peut avoir des certitudes : les quelques milliards dont elle dispose devraient lui permettre d’offrir un job à tous leurs conjoints nécessiteux qui viendront sonner à la porte de son hôtel particulier (côté “entrée du personnel” bien entendu). Sarko, quant à lui, continuera depuis l’Élysée à tirer tous les fils de ces marionnettes, à démanteler les services publics, supprimer les postes, bloquer les salaires, soigner ses amis, surveiller les journalistes, et promouvoir l’économie qui lui est chère : celle où ses potes détenteurs de grandes fortunes ont pour credo : « partager les risques avec tout le monde et les bénéfices avec personne ». Dans ces conditions, malgré le « redressement » annoncé, le char de l’État risque fort de finir au fossé. Logique, après tout : la politique du tout à l’ego ne peut conduire ailleurs que dans le caniveau ...

Un mot sur le Festival d’Adélaïde. Les téléspectateurs réunionnais ont sans doute eu le souffle coupé en découvrant, au JT de samedi soir, le char de La Réunion qui participait à la “Parade de Noël” organisée dans les rues de la ville. Son décor évoquait une jungle de pacotille plutôt que les pitons, cirques et remparts qui nous sont familiers. On nous dit, certes, que l’engin a été conçu et prêté par la municipalité. Mais justement, le voyage sur place d’une très forte délégation de notre île n’était-il pas l’occasion de montrer la réalité de La Réunion ? Didier Robert a-t-il jugé plus productif de se présenter en dompteur de fauves, déguisé en Tarzan de la politique ultramarine ? Quand on lit par ailleurs (“Quotidien” du 15-11) qu’au lieu des 10.000 personnes annoncées (ce qui est déjà bien peu), le public se résumait à « quelques grappes de visiteurs » et que les Tambours sacrés, « ne disposant pas d’une bannière aux couleurs de La Réunion, sont passés pour des Indiens auprès de la grande majorité des spectateurs », on se dit que la majorité régionale a réussi un tiercé historique : à la gabegie financière, elle a ajouté l’ineptie intellectuelle et le comique de situation.
Est-ce de ce mauvais film qu’avait besoin la promotion du tourisme réunionnais ? Ne s’est-il pas trouvé la main compatissante d’une Jane, ou d’une Cheetah, pour empêcher Tarzan de glisser de sa branche ?...

Raymond Mollard


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