Courrier des Lecteurs

Bonne fête de la chèvre

« Non à la guerre pour du pétrole »

1er février 2003

Nous souhaitons à la communauté chinoise de l’île une bonne année de la chèvre, qui débute ce 1er février 2003.
À cette occasion, nous avons le plaisir d’annoncer que le G.R.A.H.TER (Groupe de Recherche sur l’Archéologie et l’Histoire de la TErre Réunionnaise) prend l’engagement de publier pour la fête "Double Dix" au mois d’octobre 2003 :

- Une exposition des coffrets-lumières en avant-première sur des engagés chinois, réalisée par Thierry Imidi-Mavoubaa.
- Le livre de Émile NG-Tock-Mine : "Le grand chemin de Guan Di", traduit du chinois par Marc Yeng-Seng et rédigé par sa fille, Nicole NG-Tock-Mine.
Nous vous proposons un extrait du manuscrit de Émile NG-Tock-Mine :

« (…) Les Chinois sont arrivés en 1844. La France avait besoin de main-d’œuvre étrangère pour le progrès de ses colonies. En même temps, la Chine avait désigné la ville de Fouk-Dou comme grand port pour la communication avec les étrangers. Un fonctionnaire de France était sur place pour prendre des engagements chinois. Dans cette ville… on peut entendre une chansonnette qui disait : "Ces gens au départ ressemblent à des cochons vendus".

La plupart ne sont pas retournés. Quant aux conditions d’engagement, aux salaires, aux conditions de vie, personne aujourd’hui ne les a jamais sus. En 1844, le premier lot d’engagés arrivés sur l’île était au nombre de 69. En 1845, le deuxième lot était d’environ 120. En 1846, ils arrivèrent presqu’au nombre de 600.

La plupart de ces gens venaient de Kon Sue, Sa Kong, Fou Kien. Après quelques années, arrivèrent des commerçants venus de Canton, de Maurice. Ces engagés sont arrivés ici il y a plus de cent ans.

En 1944, j’enseignais le chinois à l’école franco-chinoise de Saint-Louis. Par hasard, je rencontrai un vieux de chez nous, qui se nommait Yong Fouck Pack. Il avait presque 90 ans, il voyait très peu, mais son ouïe était restée fine. D’après lui, il venait à La Réunion dans le dernier groupe des engagés venus de Chine. Avec lui, il y avait deux amis de son groupe : René et Milo.

"Tous les trois, nous sommes venus de Fou Kien et nous sommes des Hakkas. Mes deux amis habitent au Grand-Bois à Saint-Pierre et moi à Saint-Louis ; mais nous nous sommes mariés avec des Créoles ; il n’y avait pratiquement pas de femmes chinoises. On a tous fondé une famille nombreuse.
Malheureusement, il n’y a plus d’école chinoise, les jeunes chinois d’aujourd’hui seront les purs Créoles de demain".
J’aurais voulu lui demander les conditions d’engagement des Chinois au départ de la Chine, mais il n’a pas voulu m’expliquer, ou il ne pouvait pas le faire. Il a simplement dit : "J’ai tout laissé derrière moi en Chine : ma famille et mes amis. Ici, je n’ai rien récolté. Actuellement, je suis vieux, je ne sais pas combien de temps Dieu me laissera vivre encore. La seule chose que je peux vous dire, c’est que j’ai un profond regret : je ne sais même pas ce que sont devenus mes deux anciens amis qui sont venus avec moi, où ils sont et s’ils sont encore vivants".

Tout à coup, il se mit à pleurer. Je l’ai consolé en lui disant : "Cessez de pleurer. Il faut reprendre courage" (…) ».

Les engagés Chinois arrivaient il y a 160 ans dans l’île. Ils débroussaillaient des terrains. Il n’y avait pas de chemin, pas de route. Parmi les engagés, il y avait aussi des maçons, des tailleurs, des coiffeurs, des petits commerçants et des petits marchands ambulants… ».
Bonne fête de la chèvre à la communauté chinoise et à tous les Réunionnais…
Et rendez-vous à la fête "Double Dix", le 10 octobre 2003 !


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