
La Plateforme réunionnaise transmet au chef de l’Etat un nouveau manifeste
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31 octobre 2024, par
En raison de leur impact politique sur l’élection de Donald Trump aux États-Unis, en 2016, et celle de Jair Bolsonaro au Brésil, en 2018, ainsi que celle de George W. Bush en novembre 2004, les chrétiens évangéliques ont attiré l’attention des observateurs politiques sur eux depuis quelques décennies. Une attention redoublée, compte tenu de la dynamique prosélyte de ces chrétiens born again (nés de nouveau) et de leur ambition à conquérir le monde. Un peu plus de 619 millions d’évangéliques peuplent aujourd’hui la planète, ce qui en fait le second pôle chrétien dans le monde après le catholicisme, une concurrence de taille pour ce dernier.
Mais qui sont ces chrétiens évangéliques qui voient dans l’ancien président, qui leur a offert une victoire de taille dans leur combat contre l’avortement, le meilleur candidat pour l’élection présidentielle de novembre 2024, tout en voulant convertir l’ordre politique à un christianisme conservateur ? Et d’où vient ce christianisme évangélique de conversion fondé sur la rencontre entre une théologie du combat spirituel et le nationalisme états-unien ?
L’évangélisme est un courant issu de la Réforme protestante du XVIe et de divers mouvements ou épisodes revivalistes (ou Réveils spirituels) caractérisé par un renouveau spectaculaire de la ferveur religieuse, de nombreuses conversions et le développement surprenante d’Eglises « revivalistes » (appelées les New Lights ») peuplées de croyants prosélytes. Des épisodes répétés de Réveil spirituel qui trouvent leur impulsion d’origine (et leur modèle) dans le « Grand Réveil » (Great Awakening) des années 1730-40. Bref, il s’agit d’un courant spirituel du protestantisme né en Europe avant de s’exporter et de prospérer outre-Atlantique, dans les colonies qui deviendront les États-Unis d’Amérique et d’essaimer par la suite dans le monde entier : au Brésil, en Afrique, en Corée du Sud, en Israël, en Europe et en Chine.
Ce courant évangélique, qui occupe aujourd’hui une place majeure à l’intérieur du protestantisme (44 %), se caractérise par l’accent sur la conversion personnelle ou « nouvelle naissance », la centralité de la Bible et du Christ, l’importance de l’évangélisation et une dynamique militante fondée sur le primat d’assemblées locales, reliées en réseaux souples (1). Il regroupe différents mouvements d’églises se définissant comme protestants, issus de « réveils » successifs au cours de l’histoire, à savoir : Baptisme, pentecôtisme, mouvement charismatique, mouvement néo-charismatique… L’Alliance évangélique mondiale ou AEM (World Evangelical Alliance, WEA) regroupe la plupart de ces composantes.
Deux grandes tendances traversent ce courant. L’une laïque et pluraliste, dans le sillage du positionnement théologique du pasteur baptiste non-conformiste Roger Williams (1603-1684), apôtre de la séparation des Églises et la liberté de conscience, et l’autre conservatrice et nationaliste, dans la lignée doctrinale du pasteur puritain (rigoriste) John Cotton (1585-1652) où politique et religion s’entremêlent.
La tendance conservatrice est devenue nettement dominante avec, d’une part, la création de la National Association of Evangelicals (NAE) aux États-Unis, en 1942, ayant pour objectif de reconquérir la société, et, d’autre part, l’entrée en scène du pasteur évangélique et star de la télévision américaine des années 1950, Billy Graham (1918-2018). Grande figure de ce christianisme conservateur, conversioniste et conquérant qui tend à convertir l’ordre politique, Billy Graham a porté cette vision de l’évangélisme dans ce qu’il appelait lui-même des “croisades”, à travers le globe, galvanisant les foules via des meetings géants au service de la droite américaine et des présidents conservateurs, d’Eisenhower à Nixon. C’est lui qui a exporté l’idée d’une civilisation chrétienne en péril.
Après le retrait de Billy Graham du monde politique, suite à l’affaire du Watergate qui provoqua la chute de Richard Nixon, en 1974, d’autres leaders religieux radicaux prennent la relève et font le choix de constituer les mouvements chrétiens évangéliques en force politique. Et ce, dans un contexte où l’Amérique change : la progression de sécularisation et la libéralisation des mœurs, la légalisation de l’avortement, la fin de la ségrégation (Civil Rights Act du 2 juillet 1964) et le poids croissant du capitalisme néolibéral qui fracture la société. Tout une contre-culture qui nourrisse les inquiétudes identitaires des chrétiens évangéliques blancs et inquiète ces pasteurs conservateurs et les mobilise dans leur combat au service d’une christianisation des instances politiques.
Nous assistons alors à l’émergence d’un ensemble d’organisation fonctionnant comme de « puissants opérateurs de politisation », à la fois en établissant des liens étroits avec des acteurs politiques – le Parti Républicain et le Tea Party – et en encourageant l’entrée en politique de nouveaux acteurs, porteurs d’une idéologie de christianisation dont l’horizon envisagé est celui de la cité chrétienne, comme seul fondement légitime de l’ordre politique (Philippe Gonzalez, 2014). C’est le moment où de White Evangelicals (évangéliques blancs) s’investissent comme jamais dans le jeu électoral en favorisant en 1980 et 1984 l’élection de Ronald, celle de George W. Bush en 2000 et 2004 et celle de Donald Trump en 2016. Lors de cette élection de novembre 2016, 77 % des évangéliques blancs ont voté pour Donald Trump face à Hilary Clinton, selon le Pew Research Center. Un soutien qui s’est passé à 84 % lors de l’élection de 2020.
Certes, l’activisme politique des groupes religieux n’est pas un phénomène nouveau, de même que l’alliance du conservatisme politique et du conservatisme religieux, qui a des origines bien lointaines, mais il n’en reste pas moins vrai que c’est la première fois dans l’histoire religieuse des États-Unis qu’évangéliques, fondamentalistes et pentecôtistes se mobilisent à une si grande échelle et que la droite chrétienne a acquis un poids et une influence aussi considérables au point de peser sur les élections et même fait la loi sur quelques questions dans certains États. Mais en quoi cet évangélisme ultraconservateur est-il si dangereux pour la démocratie ?
« Parce que les ambitions hégémoniques de ce mouvement, qui tente d’imposer à autrui ses mœurs et ses valeurs morales, menacent nos sociétés plurielles, et cela en particulier dans trois domaines : la santé des femmes autour de l’avortement, la question des orientations sexuelles et des sexualités, le pluralisme religieux. L’islam est très directement visé. », répond Thomas Johnson, le réalisateur du documentaire˝ Les évangéliques à la conquête du monde ˝ », diffusé par ARTE en avril 20023. « Et s’opposer au pluralisme de notre société revient à contredire le principe même de la démocratie », renchéri Philippe Gonzalez, co-auteur du documentaire.
Par ailleurs, leur ambition de conquérir le monde en exportant leur idéologie religieuse et leur alliance avec les néo-conservateurs ainsi qu’avec le lobby pro-Israélien posent de graves questions à nos sociétés démocratiques, surtout lorsqu’on entend des propos tels que : « l’islam est une fausse religion », que « les Palestiniens n’ont rien à faire sur la terre d’Israël » (le pasteur Robert Jeffress dans le documentaire cité plus haut). Ou encore : « l’avortement est une menace pour la civilisation judéo-chrétienne » (Mike Pence, ancien vice-président sous l’administration Trump, en 2021, lors d’un sommet sur la démographie en Europe organisé par le premier ministre hongrois Viktor Orban.
Ce christianisme évangélique hégémonique, qui progresse partout dans le monde, relève d’une tendance à combattre par le débat, en montrant que l’idée de tolérance religieuse, de séparation de l’état et de la religion, n’est nullement étrangère au protestantisme, loin de là ! De Roger Williams (ci-dessus) à nos jours en passant par Pierre Bayle (1647-1706) et Alexandre Vinet (1797-1847), cette idée ou pensée de la séparation traverse le protestantisme : « Là où l’incrédulité est impossible, la foi est impossible », disait le théologien protestant suisse, Alexandre Vinet, l’un des penseurs le plus important du protestantisme d’expression française au XIXe Siècle.
Reynolds Michel
(1) Sébastien Fath (sociologue), dans Areion24 news, 17/02/2017 et David Bebbington (historien), Réforme, 13/08/2021).
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