Lettre ouverte aux candidats municipaux de Sainte-Rose

11 mars 2020, par Guy Pignolet

Chère Candidate, Cher Candidat,

Les élections municipales de Sainte-Rose sont pour notre commune l’un des temps les plus importants de la vie citoyenne. Dans l’organisation de cette campagne électorale, c’est nouveau, l’Administration vous a demandé de déposer des fiches individuelles et personnelles de candidature. J’y vois une démarche de responsabilisation, qui m’invite à entrer directement en contact avec chacune et chacun d’entre vous, qui pour la première fois n’êtes plus nécessairement cachés dans l’alignement derrière une « tête de liste » devenue avant tout fonctionnelle, et qui n’a plus nécessairement à jouer un rôle de « leader » à l’ancienne.

Vous, candidats, êtes sur la commune plus d’une grande centaine, et ce sont les moyens de communication électronique modernes, essentiellement les courriels, qui peuvent permettre des rencontres sérieuses et significatives, impensables dans le cirque des « meetings » électoraux classiques, mais préhistoriques. J’ai donc cherché à obtenir vos adresses email en les relevant tout simplement sur les fiches officielles CERFA de candidature, qui sont des documents de nature publique. Mais c’est moins facile qu’il ne paraît à première vue. La Mairie de Sainte-Rose m’a envoyé vers la Sous-Préfecture de Saint-Benoît, qui a pensé bon de me renvoyer sur la Préfecture, où le responsable du bureau des élections m’a réexpédié vers la Sous-Préfecture de Saint-Benoît, qui a finalement mis les fiches d’inscription CERFA à ma disposition.

Et là, j’ai vécu un moment culturellement intéressant. Sur les fiches administratives de candidature, qui rappelons-le sont des documents publics, le numéro de téléphone et l’adresse email sont des éléments facultatifs. Mais à partir du moment où un candidat décide d’inscrire ces informations sur un document consultable par tous les citoyens, ces renseignements facultatifs deviennent de facto publics et donc communicables ! Cependant les responsables administratifs du bureau des élections n’ont pas voulu que j’en prenne connaissance, pour la raison, m’ont-ils dit, que ce sceau du secret est une demande expresse des candidats. Le refus ne venait donc pas de l’administration, mais de vous-mêmes et des autres candidats. Je trouve étonnant et surprenant de se cacher ainsi pour des personnes qui précisément prétendent entrer publiquement dans la vie de la commune. L’obscurité n’est pas vraiment une vertu citoyenne majeure, et nous sommes dans une démarche qui demanderait certainement et franchement un peu d’auto-analyse. Je n’ai pas insisté auprès de l’administration pour ne pas casser l’harmonie de nos relations et la bonne volonté évidente de certains de mes interlocuteurs, ce qui n’est pas toujours le cas dans les rapports avec l’administration étatique.

A ce sujet, vous devez être conscients, et je m’adresse à vous tous et toutes, que le travail de responsable municipal se joue sur deux fronts : celui des échanges avec les citoyens électeurs, et celui des rapports avec les administrations, et ces derniers ne sont pas toujours des plus faciles. Souvent, d’une manière autoritaire, voire cavalière, l’administration donne l’impression qu’elle aimerait bien s’occuper de toutes les affaires de la commune en laissant au Conseil Municipal le soin de déposer des fleurs sur les monuments aux morts. Ne vous laissez pas faire : n’oubliez pas que l’administration est à votre service, pas le contraire. Si ses lois vous conviennent, suivez-les, mais si vous pensez qu’il y a mieux à faire, changez les lois, c’est votre pouvoir et votre devoir, et si vous ne pouvez pas les changer, ignorez-les. Parlez-en avec les électeurs, vous aurez besoin de leur soutien dans vos démêlés avec les bureaucraties de l’administration de l’État, qui rapelons-le, n’est pas la République. N’oubliez pas que la « Res Publica », la chose publique, c’est vous.

Pour rester dans le registre républicain, quelle que soit votre liste, quelles que soient vos étiquettes, vous avez tous en commun de vouloir travailler pour le bien de la commune de Sainte-Rose et cela ne peut être qu’un engagement de longue durée. Passées les élections, cette technique de gestion citoyenne qui date d’il y a deux siècles et qui a beaucoup vieilli, il vous faudra oublier listes et partis, et travailler tous ensemble dans la richesse d’une diversité qui est l’une des grandes richesses de La Réunion. Oubliez les idées périmées de majorité et d’opposition, utilisez des techniques modernes pour gérer la diversité. Toutes et tous, soyez Sainte-Rose !

Guy Pignolet de « Pluton » Sainte-Rose
* Docteur ès-Sciences du Comportement et de l’Organisation
de l’Ecole des Affaires et de l’Administration Publique de l’Université de Cornell
* Membre Titulaire du Conseil Consultatif Citoyen pour la commune de Sainte-Rose

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