Sudel Fuma : directeur de La Chaire UNESCO et professeur des universités

De la ’multiculturalité partagée’ vers ’l’alliance des Civilisations’

23 septembre 2010

Le 1er octobre prochain s’ouvrent au Conseil général les “Journées internationales de l’UNESCO du rapprochement des cultures”. Durant une semaine, La Réunion sera donc sous le feu des projecteurs grâce à une manifestation qui est une reconnaissance des atouts de notre peuple. Sudel Fuma apporte un éclairage sur ces journées.

L’ouverture du colloque coïncide avec le 1er anniversaire de la reconnaissance du maloya en tant que Patrimoine de l’humanité. Cette distinction a-t-elle permis de mieux nous faire connaître dans le monde ?


- Bien évidemment... Le maloya a été reconnu il y a un an en tant que patrimoine de l’humanité et récemment nos paysages ; cirques, pitons et remparts en tant que patrimoine mondial... Quelle chance pour notre île d’avoir ces labels de l’UNESCO récompenses méritées pour tous ceux qui mènent depuis plus de cinquante ans un combat pour la reconnaissance des valeurs culturelles venues de civilisations différentes Inde, Afrique, Madagascar, France, Chine, Indonésie et qui ont engendrés une culture créole s’exprimant à travers le maloya, le moring, le séga et des savoirs traditionnels. Le Colloque que nous organisons — La Chaire UNESCO associée aux collectivités locales et aux partenaires associatifs dont le GOPIO et l’ARCCC —, arrive au bon moment pour rappeler aux Réunionnais que notre île est un exemple et que nous devons être fier d’une culture réunionnaise qui a su protégé notre Unité dans la diversité et un modèle de vivre ensemble unique.
Il est aussi l’occasion pour nous de dire au monde que nous voulons que l’Éducation mette l’homme au centre — non l’homme "produit" dans un contexte de mondialisation économique, mais l’homme en tant que "personne", en tant qu’Être c’est à dire en relation avec les autres et l’Autre... Nous aurons donc avec nous pendant ces journées de rapprochement des cultures des spécialistes de très haut niveau pour réfléchir ensemble sur un avenir commun fait d’échanges et non de replis identitaires, fait de dialogues des cultures où chacun trouvera son enrichissement personnel, fait aussi de coopération culturelle et cultuelle, et enfin de compréhension pour promouvoir la diversité culturelle et linguistique..

Quel est le stade d’avancement de la Route de l’Esclave dans l’océan Indien ?


- La Route de l’Esclave, et je rajouterai de l’Engagé, cousin historique du premier système d’asservissement dans le contexte colonial qui n’est pas si loin de nous puisque nous étions encore colonie avant 1946, est un véritable exemple mondial cité d’ailleurs par l’UNESCO comme le plus grand projet réalisé dans le Monde dans ce cadre.
Ce projet est presque finalisé puisque nous avons franchi 6 étapes dans l’océan Indien en passant par Madagascar, La Réunion, Le Mozambique, l’Île Maurice, les Comores et récemment la grande Inde à Pondichéry. Ce projet a permis la rencontre de populations, la réflexion sur notre histoire commune, la réconciliation avec l’Autre malgré les souffrances de nos ancêtres et la valorisation des patrimoines culturels qu’ils nous ont transmis, tels que bals tamouls, maloya, moring, séga, etc.
Nous voulons maintenant relier cette route qui est concrètement signalée dans tous les pays cités ci-dessus, par des Monuments de la Mémoire, au Port de Lorient, siège de La Compagnie d’où sont partis les navires négriers et enfin à La grande Chine qui nous a envoyé des engagés chinois. Avec la passion qui anime les acteurs culturels qui soutiennent La Chaire UNESCO et l’Association historun, nous espérons boucler notre projet d’ici deux à trois ans.

Notre "vivre ensemble" réunionnais est-il source d’inspiration pour les pays confrontés aux importantes migrations du 21ème siècle ?


- Vous savez en France actuellement il y a le débat sur les Rom... un débat qui nous affectent profondément et qui va à l’encontre de nos idéaux qui prônent le dialogue, le partage, la tolérance et la compréhension de l’Autre... Ce n’est pas en chassant nos frères quelque soit leur origine culturelle et géographique que nous allons régler les problèmes économiques et politiques qui sont nés de cette mondialisation économique voulue par des affairistes inconscients et où l’homme n’est plus que "produit", que valeur marchande...
La Réunion est un exemple qui devrait faire réfléchir nos responsables politiques nationaux. Les Réunionnais ont su transcender leurs différences et faire le premier pas dans ce petit microcosme de monde que représente La Réunion à travers sa "multiculturalité partagée" vers "l’alliance des Civilisations" qui sous-tend le concept de rapprochement des Cultures...

Maloya

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