À Michel Fontaine, maire de Saint-Pierre, et à mon ami Roland Hoarau, en toute amitié citoyenne… puisqu’il y a urgence !

19 juillet 2010

« Administrer, ce n’est pas tout empêcher au nom du règlement, mais tout faciliter au nom du bon sens ». Cette ligne de conduite, c’est Talleyrand qui nous la rappelait il y a bien longtemps déjà. J’y pensais vendredi dernier en apprenant le nouvel accident qui s’était produit la veille, chemin Stéphane à La Ravine des Cabris. Un jeune de 14 ans y a perdu la vie. L’enquête diligentée par le Parquet de Saint-Pierre tentera de savoir les causes précises de ce drame. Pour la population hantée par le risque que de tels faits puissent se reproduire à nouveau, l’urgence serait que des ralentisseurs de vitesse soient installés sur cette voie très fréquentée. C’est élémentaire. Mais là, « un énorme problème » apparaît soudain : le règlement. Un règlement qui puise ses logiques dans le fait que le chemin étant départemental, il n’est pas de la responsabilité de la Commune d’y faire quoique ce soit, un règlement qui assure qu’il est interdit de mettre des ralentisseurs sur des chemins départementaux. Cet après-midi, Mairie, Département et riverains se retrouveront pour en discuter et dégager une solution au nom de la bonne administration des problèmes de la cité.

Je voudrais ici proposer à Michel Fontaine, maire de Saint-Pierre, et à son premier adjoint, mon ami Roland Hoarau, qu’ils sortent de cette affaire par la grande porte, celle vers laquelle Talleyrand nous propose de nous diriger parfois sans hésiter. Ce ne serait pas, dans cette île, la première fois qu’un premier magistrat le ferait. Un exemple ? Je m’en rappelle, nous étions le lundi 17 août 1981. C’était il y a 29 ans donc, au Port. Cela aurait pu et a bien pu se passer dans une autre ville du département.

Monsieur André Soutric, inspecteur de l’Éducation nationale pour le secteur, nous avait ce jour-là informés que la cité maritime pourrait bénéficier pour la rentrée du 22 septembre suivant de treize postes d’enseignants. Nous avions un peu plus d’un mois pour construire 13 salles de classes. Sans perdre de temps, le jour-même, deux entreprises de la place furent consultées : peuvent-elles, en un tel délai et en utilisant les panneaux préfabriqués pour des opérations de logements très sociaux qu’elles avaient sur le territoire communal, nous réaliser les 13 salles ? Une des deux accepta de relever le défi. En une nuit, sous la houlette de Bernard Lenfant, la SBTPC et l’Architecte Jean-Jacques Quentin sortirent plan et devis. Et le lendemain, Paul Vergès, le maire du Port, donna son accord pour que le chantier (9 classes en plus de la transformation de la salle des fêtes en 4 classes et un réfectoire, le tout pour un montant de 1 million 216.362 francs TTC) commence dans le Parc de l’Oasis, au lieu dit Cœur Saignant. Et cela démarra immédiatement.

Nous n’avions pas alors le temps de passer devant le Conseil municipal pour l’autorisation réglementaire et l’inscription budgétaire, ni de solliciter les services de la DDE pour l’obtention, après instruction, du Permis de Construire. Il s’agissait pour nous de mettre en pratique l’idée selon laquelle « administrer, c’est tout faciliter au nom du bon sens et non pas tout empêcher au nom du règlement » . Mieux, nous mîmes les trois quotidiens réunionnais dans la confidence. Ni Jean-Pierre Juan pour le “JIR”, ni Mathieu pour “Le Quotidien”, ni évidemment “Témoignages” n’en dirent mot avant que tout ne soit fini.

Trois semaines après le démarrage des travaux, nous informions Monsieur le préfet de la démarche que nous avions entreprise. Le 16 septembre, ce dernier nous répondait : « Je reconnais bien volontiers que c’est un tour de force qui a été réalisé aussi bien par le Cabinet d’Architectes et par la SBTPC pour construire en moins de deux mois neuf salles dans le Parc de l’Oasis… Je vous remercie de m’avoir informé de cette réalisation qui, je n’en doute pas, pourra servir d’exemple à d’autres maîtres d’ouvrage confrontés à des délais d’exécution particulièrement courts… ». Et Michel Levallois de terminer ainsi son courrier : « Je serai d’ailleurs heureux, lorsque je me rendrai dans la commune du Port, de visiter ces installations ».

Que nous faut-il rajouter, sinon que la rentrée des classes à l’Oasis fut une belle surprise pour près de 350 jeunes de la Ville ainsi que pour celles et ceux qui y avaient été nommés pour y travailler, sinon encore que l’opposition municipale sut être digne en ne cherchant nullement à se lancer dans tel ou tel recours. Bien entendu, tout fut par la suite régularisé tant devant le Conseil municipal que devant les Services de l’État.

La réunion qui doit se tenir cette après-midi à Saint-Pierre pourrait tout simplement s’inspirer de ce qui a été rappelé ci-dessus. Deux ou trois ralentisseurs, ce n’est tout de même pas une montagne à déplacer, ni une ravine à enjamber. Les édiles de Saint-Pierre, nous n’en doutons pas, sauront prendre le taureau par les cornes pour que l’on cesse de nous parler de règlement à respecter quand le bon sens devrait être la loi et que l’urgence, c’est être efficace. Parce qu’un jeune est mort et parce que deux ou trois ralentisseurs ne valent vraiment pas qu’on mette du temps à fouiller le code de la gestion municipale pour trouver qui doit éventuellement le faire.

Raymond Lauret


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