Avant tous ceux qui sont heureux d’avoir porté cette réussite, il y a eu Thérésien Cadet…

9 août 2010

Que ceux qui sont aujourd’hui aux commandes des institutions concernées manifestent leur joie après l’inscription de notre île au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, personne n’en sera choquée, puisque ce sont eux qui se sont retrouvés à Brasilia pour l’y représenter. Et qu’à leur retour à Gillot, ils se soient lancés dans « un maloya endiablé » comme cela a été écrit, ben oui, il faut comprendre cette envie de danser sitôt foulé le sol de l’aérogare… Cela vaut mieux que s’ils étaient rentrés déçus parce que le travail réalisé en amont n’avait pas été bon, ou bien parce que les atouts de notre île n’avaient pas été remarqués par les experts de là-bas.
Cependant, ce qui nous a plu davantage encore vendredi dernier à Gillot, c’est l’hommage rendu par René Robert à Thérésien Cadet.
René Robert
, je le connais bien, ne serait-ce que parce que, en classe de Terminale au Lycée Leconte de Lisle en 1964, je l’avais eu comme professeur d’Histoire/Géographie. Je le connais aussi, comme beaucoup d’entre vous, parce qu’il a été l’une de chevilles ouvrières de l’équipe qui fut chargée de préparer l’épais dossier de présentation de la candidature de notre île au Patrimoine Mondial. Il lui revient assurément une large part dans la réussite que l’on sait.
Présent à Gillot avec, je le suppose, le statut d’invité d’honneur, il tint, lorsqu’il eut à dire quelques mots sur l’événement, à rappeler qu’avant tous ceux qui aujourd’hui sont heureux d’avoir été les porteurs de cette réussite, il y a eu Thérésien Cadet.
Thérésien Cadet est décédé en 1987. Il avait tout juste 50 ans. Ce fils d’une famille de condition modeste du Tévelave fut un élève particulièrement brillant qui décrocha, au terme d’un parcours fait de nombreux succès scolaires et universitaires, l’agrégation de Sciences Naturelles. Ce fut le début d’une remarquable carrière d’enseignant et de chercheur à Saint-Denis de La Réunion. De lui, pour lui, René Robert dira, c’est le “JIR” qui le rapporte : « Merci à celui qui a initié cette dynamique qui se concrétise aujourd’hui. Sa gentillesse n’avait d’égale que son intelligence ». Pour avoir à plusieurs reprises entendu Thérésien Cadet lors de conférences qu’il a pu donner à l’Université du Moufia, j’ajouterais que son intelligence et sa gentillesse n’avaient d’égales que sa grande modestie et son sens immense de l’humilité. Son île, il ne s’est pas contenté de l’aimer. Il a fait partager à tous ceux qui le côtoyaient sa certitude que le Créateur avait donné à notre petit caillou hissé au dessus de l’océan les pics, les cirques et les ravines qui en feraient un des joyaux de l’Humanité. C’est sans doute à cela que pensait vendredi René Robert quand il nous rappela ce que l’inscription de La Réunion au Patrimoine Mondial de l‘UNESCO devait à notre compatriote.
Sur un tout autre chapitre (encore que !), je l’ai dit à Philippe Jean-Pierre  : il était bon qu’il souligne fortement (c’était dans la rubrique “L’Invité” de “Témoignages” de jeudi dernier) que « la responsabilité du politique, qu’il soit expert ou non, est de pouvoir réaliser les choix qui permettent le fonctionnement présent de La Réunion sans compromettre son futur  ». Il était bon qu’il dise également, et avec force, que l’élu qui, tel que lui, appartient à l’opposition et qui donc n’a pas la responsabilité de décider, ne doit pas se croire « empêcher de participer aux débats et d’éclairer ainsi la majorité pour qu’elle se sente un devoir supplémentaire de justifier ses choix ou de prendre davantage en considération les choix de long terme  ».
Au moment où le ministre Jean-Louis Borloo prévoit, à l’échelle de toute la Nation, d’investir quelques 170 milliards d’euros d’ici à 2030 pour des projets de transports dont on devine aisément qu’ils privilégieraient le ferroviaire, notre ami Conseiller régional de l’Alliance donne rendez-vous à Didier Robert pour demain. Car, à l’heure où la grande majorité des acteurs réunionnais partagent une vision commune sur l’avenir de l’île, sur ses défis et ses dangers potentiels, la seule question qui vaille la peine de nous interpeller c’est de savoir « comment faire pour que le chemin vers le futur soit le moins possible pavé d’épines pour les Réunionnais les plus fragiles ? ».
En décidant, contre l’avis de nombre de ses propres amis d’ici ou de la métropole, de remettre à plus tard la réalisation du Tram-train, Didier Robert nous fait douter, comme l’ajoute encore Philippe Jean-Pierre, de « sa capacité à dépasser les combats d’arrière garde et les passions nourries dans les clivages. L’intérêt supérieur de La Réunion exige un changement de posture ».
Quand, demain, les retards se seront accumulés et que les habitants de notre petite île, aujourd’hui inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité, se retrouveront à longueur de journées englués dans leurs voitures au milieu des bus qu’il nous aura imposés, chacun mesurera l’impardonnable faute commise parce qu’il ne s’est trouvé personne dans son entourage pour dire à l’actuel président de Région qu’il n’est point dégradant de poursuivre l’œuvre des autres quand cela va dans le sens de l’avenir.

Raymond Lauret


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