« Certes, il peut être légal de remplir ou de faire remplir en son nom des bulletins vierges, mais est-ce bien moral ? »

29 novembre 2010

Nous sommes en plein dans les élections pour le renouvellement des personnes qui composeront la future assemblée de la CCIR. Electeur moi-même, j’ai bien entendu reçu les documents qui me permettront de voter. Si on y regarde de près, c’est comme pour les élections qualifiées de politiques : dans une grande enveloppe, vous avez la profession de foi, les noms des candidates et des candidats de chacune des listes et les bulletins de vote pour la catégorie qui vous concerne. Et puis aussi, un petit plus : une lettre du Ministère de l’Economie, de l’Industrie et de l’Emploi qui explique comment procéder pour voter. Cette lettre, c’est toute la différence avec nos scrutins publics traditionnels que sont les municipales, les cantonales, les régionales, les législatives ou encore les présidentielles.

Un premier point, excellent, est à relever : l’électeur peut panacher. C’est à dire qu’il peut voter pour des personnes qui n’appartiennent pas à une même liste. Dans mon cas, j’aurais à choisir deux candidats dans la catégorie « Institutions financières ». Je vais pouvoir — la nuance est de taille — faire un choix de personnes et pas celui d’une liste. Ça tombe bien : il y a des gens que j’apprécie pour leur compétence et leur souci de l’intérêt public qui sont sur des listes différentes. Ça va me changer des seules élections auxquelles j’ai jusqu’à présent toujours été confronté : celles où c’est la liste entière ou l’abstention !

Un second point me laisse sceptique : pour voter, la circulaire ministérielle m’explique, croquis à l’appui, que je dois glisser les noms de mes deux candidats dans une petite enveloppe anonyme, laquelle petite enveloppe sera glissée, pour être postée par mes soins, dans une plus grande pré timbrée sur laquelle mon identité est mentionnée. Le tout arrivera à la Préfecture, y sera comptabilisé puis dépouillé. La date avant laquelle je dois faire mon devoir est bien entendu indiquée.
Pourquoi donc cette façon de procéder, au premier abord bien simple et bien pratique, est-elle à mes yeux critiquable ? Comme moi, vous l’avez lu : chacun accuse les autres, en jouant sur une tendance naturelle au désintérêt général, de "ramasser" les enveloppes au domicile des électeurs et ensuite de se livrer à des échanges. Cela se fait-il ? Je n’en sais rien. Mais cela pourrait bien se faire. Et si cela se fait, c’est bien avec l’assentiment (peut-être intéressé, peut-être désintéressé, je ne sais !) des électeurs. Pour un électeur qui choisira en son âme et conscience, combien vont être approchés et invités à remettre à tel ou tel tout le matériel de vote ?
Je serais d’avis qu’il y ait des bureaux de vote où l’électeur et l’électrice viennent en personne voter, comme pour les élections "normales". Le système en vigueur actuellement qui entend faciliter les choses est "un pousse au crime" dont la dénonciation ne fait pas sérieux. À ce propos…

À ce propos, j’ai lu et apprécié samedi, dans la page du “Di sak na pou di” que Témoignages réserve à ses lecteurs, l’article que l’un d’entre eux qui signe « Nostrabérus » nous a envoyé. Son titre : « Le MEDEF appelle à la surveillance ! »
Nostrabérus cite le président du MEDEF, Monsieur Yann de Prince dont nous avons pu entendre et lire qu’il se disait scandalisé par « le fait que certaines listes aux prochaines élections de la CCIR faisaient pression sur des employés de la Poste afin de récupérer et de détourner le matériel électoral destiné aux prochaines élections ». Et Nostrabérus d’inviter Monsieur Yann de Prince de mettre sur la table les preuves qu’il dit posséder pour donner du corps à la plainte qu’il dit vouloir déposer. Sinon, tout cela ressemblerait, poursuit l’auteur du courrier, « à un coup de com’ comme vous savez si bien le faire, seulement destiné à faire passer les listes concurrentes du MEDEF comme de méchants loups alors que votre liste et vous, vous vous présentez comme des agneaux ».
Et Nostrabérus de rappeler, en citant "le Quotidien" du 18 Juin dernier, que pour les dernières élections à la présidence du MEDEF, « plusieurs mandats en blanc ont été adressés au MEDEF… Des voix qui se sont reportés sur Yann de Prince… ». Lequel a gagné.
Je suis bien d’accord avec Nostrabérus quand, en final de son courrier, après avoir souligné que celui qui a été alors battu par Yann de Prince avait préféré s’abstenir de tout commentaire et de toute contestation pour éviter de donner une mauvaise image du MEDEF, il pose la question : « Certes, il est peut-être légal de remplir ou de faire remplir en son nom des bulletins vierges, mais est-ce bien moral ? ».
Je suis d’autant plus d’accord avec Nostrabérus que l’un de mes amis, membre du MEDEF, m’a fait part de son indignation lorsqu’il a pris, il y a quelques jours, connaissance d’un SMS qu’il a reçu. J’ai vu et j’ai lu. Voyez vous aussi : « Bonjour…J’ai besoin de ton soutien pour la CCIR. Élection par correspondance next-week. Le MEDEF porte 36 candidats-patrons prêts à défendre les entreprises. Des gens bien. Le scrutin suscite convoitise et tricherie diverses au service d’ambition perso. STP, conserve tout le matériel de vote pour me le remettre en main propre …C’est important, je compte sur toi »…Vous avez bien lu : « …conserve tout le matériel de vote pour me le remettre en main propre… » . Est-ce dans le souci de mouiller un mec que ses pairs commencent à trouver un brin compromettant et qu’il faut donc griller ? Ou bien est-ce pour faire diversion ? Est-ce encore tout seulement une marque de cynisme qui s’affiche là ? Le message est ou a été signé « Yann » ?
Qui que ce soit le « Yann » en question, il importe que Monsieur le Préfet fasse remonter à Paris que le mode de désignation des membres de la CCIR est manifestement à revoir. Quand la morale insulte le droit, il faut réagir… Sinon on ne nous prendra pas au sérieux.

Raymond Lauret


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