Ces propos nous semblaient préfacer le monde d’aujourd’hui...

28 décembre 2004

(Page 2)

Lorsque dimanche dernier, j’ai été informé des conditions horribles dans lesquelles Johnny Catherine avait trouvé la mort, ma première pensée fut pour Jean-René Dreinaza.
Nous sommes nombreux à savoir tout ce qu’il a pu faire pour sortir Johnny de la spirale des violences dans laquelle ce dernier avait choisi d’évoluer.
Jean-René Dreinaza avait grandi dans les bidonvilles du terrain Quentin, à une époque où la clinique de Sainte-Clotilde, le rectorat ou la pyramide inversée du Moufia n’existaient pas encore. L’urbanisation ne rêvait pas à cette époque des pentes de Saint-Denis - Est.
Là-bas, c’était les cabris dans la nature pentue et rocailleuse, le terrain de foot aménagé par les gens du coin, dans la poussière ou l’herbe rêche seulement arrosée si la pluie tombait. C’était l’eau qu’on devait charroyer par fer-blanc ou arrosoirs et les cases en bois sous tôle, parfois même encore en paille.
C’est là que Jean-René a grandi. C’est de là qu’il s’est juré qu’il fallait qu’il évolue, avance et grandisse. Le 9 décembre 1995, à la tribune de l’assemblée générale du 25ème anniversaire de l’O.M.S. du Port, il nous disait : "S’agissant des jeunes, mon inquiétude va grandissant car mon bilan en termes d’activité fait apparaître qu’ils se contentent de la passivité vers laquelle ils s’orientent de manière ostentatoire... Une forme de béatitude par le biais des médias et des vidéo-cassettes, une consommation abusive d’alcool, de tabac, de relations sexuelles précoces ne font que les orienter sur la voie de l’échec."
Ces propos de Jean-René, tenus à partir de quelques notes jetées sur un papier, peuvent paraître désordonnés. Si nous les avons repris dans l’ouvrage consacré à l’OMS du Port (page 245), c’est que, il y a près de 10 ans déjà, ils nous semblaient préfacer le monde que nous vivons aujourd’hui et dont les événements de dimanche dernier, tels qu’ils se sont précipités à Saint-François, en sont une pénible illustration.
Johnny Catherine était le défi que Jean-René Dreinaza s’était donné de relever et de remporter, une fois qu’il avait réussi, lui, grâce à la boxe française, à s’élever dans l’échelle de ceux qui ont un projet pour leur pays et son peuple.
Lui, l’ancien du terrain Quentin, s’était attaché à faire d’un petit au tempérament bagarreur un champion pour lequel les mots travail, discipline, privation, anticipation, fair-play, auraient un sens et seraient synonymes de vertu.
Hier lundi, Jean-René, depuis le bureau qu’il occupe au Conseil général comme chargé de mission auprès de Nassimah Dindar, me confiait, la voix brisée : "Il s’est perdu par là où il a péché... c’est terrible... c’est triste."
Il y avait des sanglots dans la voix de cet ami marqué par une réussite remarquable sur bien des points, et qui a vécu ces événements comme un échec dont je te prie de croire, mon cher Jean-René, que tu ne saurais porter la responsabilité.
La violence banalisée et acceptée dans la barbarie surfe sur nos écrans, venue des cachots où les soldats des pays civilisés ou pas civilisés exhibent, sous l’œil des caméras, leur trophées pour que les images fassent le tour du monde.
Il suffit alors aux faibles d’esprit d’en faire autant...

Raymond Lauret


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