Je le dis sans détour : je m’en réjouis pour Jacques Chirac…

26 septembre 2011

A l’heure où, en homme qui se veut libre, j’écris mon propos qui paraît ce lundi, nous sommes à une grosse vingtaine d’heures du dépouillement des bulletins qui, tout au long de la journée du dimanche 25 septembre 2011, ont été glissés dans les urnes installées à la Préfecture de Saint-Denis par les Grands électeurs chargés de désigner ceux et celles qui auront l’importante charge et la haute responsabilité d’être au Sénat la voix des Réunionnais. C’est dire que, en ce samedi 24, entre 18 et 21 heures, derrière mon ordinateur, j’ignore ce que nous savons tous depuis hier soir dimanche. Et, en ce moment précis où j’écris ces lignes et en attendant que s’ouvrent demain matin les bureaux de vote où, dans l’un d’eux, je passerai ma journée comme représentant de la liste conduite par Paul Vergès, je pense fortement à ce que, en général, on regroupe encore sous le nom de « partis politiques ».

Notre société a eu besoin de partis politiques lorsqu’il était nécessaire et sans doute indispensable que des blocs s’affrontent… disons frontalement. C’était l’époque de longues et difficiles batailles entre « ceux qui étaient pour » et « ceux qui étaient contre », entre ceux que, dans ma toute première jeunesse, on appelait « les fascistes » et ceux qui étaient « les communistes ». Depuis, je le crois, les choses ont sensiblement évolué. Aujourd’hui, je ne puis qu’exprimer le souhait que la belle et généreuse démarche entreprise depuis maintenant quelques récentes années par certains d’entre nous, laborieusement, avec le souci de ne point choquer les « puristes » de droite et de gauche, pour sortir de ces clivages et de leurs limites et pour réussir une Alliance entre hommes et femmes d’horizons différents, mais attachés au développement de notre île, oui, je veux exprimer le souhait que cette démarche sorte de ce scrutin renforcée et porteuse d’espérances pour demain. Je ne puis qu’espérer que l’intelligence et le courage montrés par un Michel Dennemont et nombre de ses amis classés au centre de l’échiquier politique local aboutissent pleinement pour se révéler salutaires. Et que, en conclusion de cette volonté d’élargissement aux autres, la possibilité soit donnée à un responsable politique réunionnais d’occuper dans quelques jours, le temps d’un discours solennel d’ouverture de session et celui de l’élection des membres de son bureau, la plus haute marche d’une institution comme le Sénat français, voilà qui ne me laisse pas insensible. Je sais que Paul saura samedi prochain trouver les mots pour dire à toute la France et aux plus hautes autorités de l’État qu’il importe que soient réellement prises en compte la fragilité de nos Régions ultrapériphériques en même temps que la place que ces dernières peuvent occuper dans des politiques régionales, au nom d’une solidarité dont l’esprit devra demain être mondialisé, au milieu d’autres pays souvent encore plus pauvres et encore plus vulnérables que nous.

Laissons donc aux journalistes dont c’est la profession le soin de commenter aujourd’hui, et sûrement durant toute la semaine, ce scrutin des Sénatoriales. Et voyons plutôt ce que l’autorité judiciaire semble dans quelques semaines être disposée à dire en clôture du procès de Jacques Chirac. Car au nom du Parquet, le substitut du procureur Michel Maes a demandé la relaxe générale. Je le dis sans détour : je m’en réjouis…
Je m’en réjouis aujourd’hui sans détour de la même manière que, toujours sans détour, je le souhaitais hier.
C’était dans le “Libres propos” du 10 janvier dernier. Après avoir rappelé que j’ai eu une fois dans ma vie, comme des millions d’autres Français qui ne sont pas de droite, l’occasion de voter, sans aucune hésitation, pour Jacques Chirac (c’était lors du second tour de l’élection présidentielle qui avait vu Jean-Marie Le Pen devancer Lionel Jospin), j’avais écrit que je ressentais quelque sympathie pour “cet homme qui n’aime pas les dîners en ville” (titre d’un ouvrage de Thierry Desjardins), cet homme qui a osé l’image selon laquelle « le poisson pourrit par la tête » et qui, pour se définir, disait qu’il est acquis qu’il est un fonceur et précisait : « … Autant dire que je manque de réflexion, que j’ignore le doute et que la nuance m’est étrangère ». Oui, j’aime bien cet homme dont, jeune encore, le bulletin scolaire au Lycée Carnot disait qu’il est « plus spontané que réfléchi », qu’il « pourrait mieux faire avec plus de réflexion » et qui révélait qu’il était classé 13ème en Mathématiques, 15ème en Histoire et 23ème en Français !
Et, rappelant que Jacques Chirac allait comparaitre du 7 mars au 8 avril de cette année devant une juridiction correctionnelle pour des faits qui remontent à bien avant 1995, c’est-à-dire à une époque où « le peuple souverain ne l’avait pas encore élu à la fonction suprême », j’avais écrit que « nous sommes quelques-uns à trouver aberrant que notre République française puisse ainsi donner au reste du monde l’image d’une Nation qui peut être, et à tout moment, dirigée par quelqu’un qui aurait, selon des règles du Droit qui s’impose à l’ensemble de ses citoyens, détourné de l’argent public et qui aurait commis le grave délit d’abus de confiance ».
J’avais choisi à l’époque, comme sans doute des dizaines de milliers d’autres Français de toutes opinions, de ne pas hurler avec les loups. Simplement pour l’image de la France. Simplement, mais pas seulement.
Car notre système judiciaire doit avancer alors qu’il lui est interdit de dire ou de faire quoi que ce soit si tel citoyen, qui pourrait ou devrait en temps normal être cité ou mis en examen, occupe à ce moment-là la haute fonction de Président de la République. A une époque où tout se sait, Nicolas Sarkozy semble bien mesurer le côté inconfortable d’une telle situation. Il vient de rendre public un communiqué dans lequel il s’insurge contre ce qui se dit ou se commente vis-à-vis de lui dans les coulisses de l’affaire Karachi après des révélations du quotidien parisien “Le Monde” (voir “Témoignages” de vendredi dernier). La Justice devant normalement attendre qu’il ne soit plus à l’Élysée pour l’interroger, il choisit de prendre les devants et de faire comme s’il n’a strictement rien à se reprocher. Le fait-il parce qu’il se dit que son initiative n’a pas le pouvoir de modifier la Constitution ? Accordons-lui le bénéfice du doute. Cela n’empêchera pas ses adversaires de gauche et ses ennemis de droite d’y aller de leurs commentaires et autres insinuations…

Raymond Lauret


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  • pas du tout d’accords avec toi Raymond Lauret, Chirac dans une démocratie aurait du payer ce qu’il a fait, il a créer des emplois fictifs pour ses amis rpr à l’époque, et bien d’autres malversations, un jeune qui vole une voiture ou ne moto se prend plusieurs mois de prisons ferme ! c’est cela la justice ? en France il y a une justice de classe, une pour les riche l’autre pour les pauvres ! bien des jugements le prouvent ! je ne fais pas parti des Français qui ont voté pour lui face à le pen car celui-ci n’avait aucune chance de l’emporter à l’époque ! de plus Chirac s’est approprié des 82 pour cent de voix comme si les électeurs avaient approuvé sa politique ! ce qui n’était pas le cas ! les Français ont voté Chirac pas pour l’approuver mais contre le pen ! ce fut de sa part une grosse malhonétetée !


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