Jean Ballandras eut à parler ce soir-là de Maurice Cérisola et de la vertu du « jouer groupés »…

12 septembre 2011

C’était le 7 juin dernier, en fin de journée, au premier étage de la Préfecture à Saint-Denis. Jean Ballandras, pour quelques jours encore à la Direction du Secrétariat général pour les Affaires régionales et économiques de La Réunion, faisait ses adieux à un parterre de responsables avec qui il avait été amené à travailler tout le temps de sa délicate mission. Bien que n’étant plus élu régional, j’avais été convié à cette cérémonie. Je m’étais fait un plaisir et surtout un devoir de m’y rendre. C’est que, entre ce SGAR et le Président de la Commission du Développement économique de la Région Réunion que j’avais été deux mandats durant, le courant était toujours bien passé. En douze années, nous en avions eu des réunions ou des entretiens, pour tenter, chaque fois, de trouver ensemble une solution jamais simple à tous les problèmes qui se posent dans le monde complexe de notre économie de petite région insulaire. Je sais que Jean Ballandras n’a jamais douté de mon engagement et du souci que j’ai appris en d’autres lieux de savoir m’arrêter au meilleur compromis, dès lors que cela ne signifie pas que le champ est laissé libre aux démagogues et aux corporatistes. Je sais aussi qu’il lui a fallu user de pédagogie pour expliquer à bien d’autres la justesse de nos positions.

Ce soir-là donc, Jean Ballandras eut à parler de certains de ceux avec qui il avait aimé travailler et de ce qu’il en avait forcément retenu. Ainsi, relata-t-il en substance que, de l’un d’entre eux, il avait « appris les vertus du “jouer groupés” , formule digne d’un ancien des mêlées rugbystiques, formule que l’on pourrait qualifier de cérisolienne ».

Maurice Cérisola était ainsi cité et, dans la foulée, applaudi par une assistance qui ne pouvait qu’approuver. C’est vrai que celui qui dirigea pendant longtemps l’entreprise “Crête d’Or”, depuis qu’il a succédé à Messieurs Goulamaly et Martinel à la présidence de l’ADIR, est toujours monté au créneau pour exalter les responsables économiques et politiques locaux à « jouer groupés » quand il s’agit de proposer les meilleures solutions pour faire avancer notre petit territoire face à ce qu’il avait un jour dénoncé en parlant de « harcèlement textuel ». Pour ma part, je n’oublierai jamais comment un jour, en moins de temps qu’il faut pour l’expliquer à certains nombrilistes, nous avions lui et moi obtenu du Directeur du service des Douanes de La Réunion que ne soient jamais appliquées les conclusions auxquelles étaient arrivés certains services sur un dossier : un rappel d’Octroi de mer à payer absolument injustifié et qui risquait fort d’aboutir à la fermeture de l’unité industrielle de chez nous visée par certains. Certes, le Directeur des Douanes avait su faire preuve de sens de la logique. Mais je n’ai jamais sous-évalué le poids que représenta dans notre démarche commune la détermination de Maurice, son application à montrer à ses interlocuteurs qu’il n’est point honteux, ni stupide de faire marche arrière si l’on voit que le bus va s’écraser dans le fossé.

Aujourd’hui encore, notre ami n’hésite pas à monter au créneau quand c’est nécessaire. C’est à l’occasion de la décision annoncée par le gouvernement de supprimer l’abattement de 30% sur le bénéfice imposable des entreprises des DOM. L’édition du “Quotidien” de vendredi dernier rapporte les propos du président de l’ADIR. « … La possibilité de la suppression de cet abattement n’est pas compréhensible, déclare Maurice Cérisola. Au nom de la cohérence, comment expliquer les efforts en cours pour créer des fonds permettant le renforcement de la structure financière des producteurs de valeur ajoutée et, simultanément, donner un signal négatif ? ». Il est vrai que l’on vit actuellement, déboulant depuis ceux qui nous gouvernent, ce que certains ont qualifié de grand bazar sans queue ni tête, et surtout sans pilote ni plan. Et, un brin moqueur, Maurice Cérisola lâche : « C’est paraît-il l’année des Outre-mer. Que cela soit bien visible chez ceux qui décident ! ».

Face à la clairvoyance et à l’esprit de responsabilité qui animent le Président de l’ADIR, que nous dessine-t-on du côté du Conseil régional ? Dans le même numéro du “Quotidien”, sous la plume de Marc Bernard, nous apprenons que le Président de cette institution se déclare satisfait du bilan d’étape de sa mandature sur le plan économique. Toutefois, nous avertit le journaliste, « à quelques jours des élections sénatoriales, certains n’ont vu dans l’intervention de Didier Robert hier à Saint-Gilles qu’une opération de séduction, voire de pub , pour celui qui pointe en troisième position de la liste conduite par le Maire UMP de Saint-Pierre, Michel Fontaine »… Bien vu !

Bien vu, car il est exact que, tout au long de l’article qui suit et qui énumère ce qui a été fait, l’ancien élu régional que je suis n’y trouve rien que du très habituel dans les travaux d’une Région et de sa commission concernée. Tout ce qui est annoncé comme des traits de génie pour le soutien ou la relance de notre économie n’avait pas, en un autre temps, poussé les responsables du moment à en faire un sujet de conférence de presse avec large public invité.

Prenons l’exemple de l’Hôtel “Iloha” tel que le rapporte “Le Quotidien”. La Direction de cet hôtel s’est lancée, écrit notre confrère, dans une « véritable relance économique » qui lui avait permis de passer de 15 salariés il y a 15 ans à 60 aujourd’hui. Pour cela, la Direction de cet établissement a engagé 4 millions d’euros, dont 460.000 d’apport de la Région. Quatre cent soixante mille par rapport à quatre millions, cela fait à peine plus de 11% de subvention régionale ! Autre exemple, celui de l’Hôtel “Alamanda” qui vient de se lancer dans un plan de travaux pour un montant de 1,8 million d’euros. La Région, si on en croit “Le Quotidien”, va y contribuer à hauteur de 350.000 euros. Soit 20%. « Vingt pour cent » après « onze pour cent » : le moins que l’on puisse dire, c’est que, dans le premier comme dans le second cas, il n’y a pas matière à pavoisement. D’autant que Monsieur Yann Lefèbvre, Directeur de l’Alamanda et représentant de l’Union des Hôteliers de La Réunion, précise que, concernant son établissement, les 350.000 euros sont « non encore perçus » ! Un décalage qui ferait sourire si les outils de travail de notre économie hôtelière ne connaissaient pas actuellement ce que la profession appelle « des équilibres fragiles ».

“Le Quotidien” avait prévenu ses lecteurs : nous sommes là en pleine opération de séduction, voire de pub, les Sénatoriales n’étant pas loin. Didier Robert doit sûrement nourrir quelques rêves intimes…

Raymond Lauret


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