La Tour Eiffel jouait dans la cour des petits...

20 septembre 2004

Sébastien Laporte et Erwan Loussot racontent, dans le “JIR” de samedi, qu’une partie de “poker menteur” se joue à Cambaie depuis que, le 18 avril 1999, l’Antenne Oméga a été supprimée.
Ce dimanche là, j’y étais moi aussi, au milieu de centaines et de centaines d’autres, attirés eux aussi par la chute de cette pièce rare dans le monde et devenue, à l’heure des satellites géostationnaires, totalement obsolète pour le guidage des navires de guerre.
Ce dimanche là, nous étions arrivés dès 6h30, au petit matin, à vélo bien sûr. Beaucoup de monde du Port, de La Possession, de Saint-Paul... Je me rappelle même y avoir vu Frédéric Foucque, sans doute flanqué de son fidèle Bébé Bosviel et des Pépète, Tarnus et autres gonflés de la petite reine !
Le ciel était bleu, tranquille et lourd en même temps. Les gens attendaient, les yeux allant de temps en temps à leurs montres : à 7 heures pile, nous avait-on annoncé, l’antenne chutera.
Les propos échangés étaient empreints de gravité. Cette tour, elle faisait partie du paysage. On ne savait pas bien - pas du tout ! - à quoi elle pouvait bien servir, vu qu’à mille lieux à la ronde, c’était no man’s land !
Mais on s’y était habitué, ne serait-ce que pour bluffer le visiteur parisien tout incrédule à l’idée qu’à côté d’elle, sa Tour Eiffel jouait dans la cour des petits !
A 6h59’30” à toutes nos montres, un gros “Boum”, lourd, sec, unique... Un seul, oui un seul, fruit nous dira-t-on de vingt ou de trente, peut être même de dix charges de dynamite judicieusement placées, bien harmonisées, pour ne renvoyer qu’un seul écho...
Sur des visages, il y eut des larmes. Et dans des bouches, des reproches : pourquoi, alors qu’elle n’embêtait personne et ne faisait que veiller tranquillement, et avec l’autorité de ceux qui en ont vraiment, sur la centaine d’hectares, propriété de l’autorité militaire de l’État, oui, pourquoi lui avait-on privé de ces trente secondes de vie qui lui restaient encore ?!
Aujourd’hui, il nous faut regretter que l’ingénieur artificier ne soit pas alors tombé dans un coma prolongé, ce qui aurait pu amener les responsables à remettre à plus tard l’opération... Il eut suffi de deux ans de vie de plus à notre tour, pour que le cœur d’agglomération que le T.C.O. souhaite y édifier ne fasse pas l’objet de cette partie de “poker menteur” qui se joue entre, d’une part, une force publique affaiblie par les annonces que recèlent les jeux de ses vis-à-vis et d’autre part, ces anciens propriétaires rétablis dans leurs droits par une expropriation qui a vécu moins de trente ans.
Dire qu’il nous faut croire que personne, à l’époque, ne savait ou ne pouvait savoir...

Raymond Lauret


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