Je ne vais pas chercher à jouer dans le registre des durs que la terrible défaite du 21 mars dernier n’aurait nullement ébranlés. Et même si, dès les premiers signes qui montraient aux plus lucides d’entre nous que, « l’union au second tour », les socialistes de La Réunion ne la font que lorsque les urnes, au premier tour, les ont placés devant leurs éventuels partenaires , je gardais au fond de moi l’espoir que, au vu de son bilan, l’Alliance autour de Paul Vergès l’aurait emporté. D’une courte marge, certes, mais emporté tout de même. Je n’aurais certes pas été élu, mais une Marie-Pierre Hoarau, des Philippe Berne, Raymond Mollard, Radjah Véloupoulé ou Pierre Vergès , pour ne citer que ces cinq là qui ont été de remarquables conseillers régionaux tout au long de la mandature, l’auraient été et Paul aurait pu poursuivre, avec ses anciens et de nouveaux colistiers, les chantiers déjà lancés ou à mettre sur rail dans la perspective d’une Réunion riche d’un million d’habitants. Il n’en fut rien…

Le lundi 22 et les jours qui suivirent furent douloureux, lourds à vivre, interminables dans le temps brutalement disponible et tout au long duquel j’avais la tête embarrassée de toutes les leçons à tirer pour une autre toujours possible prochaine fois. Au premier rang de mes interrogations, à n’en pas douter, le poids et donc l’influence de cette nouvelle manière de communiquer que nous imposent les NTIC et des médias nombreux et omniprésents et vis-à-vis desquels, personnellement en tout cas, je me dois d’apprendre à réagir. Non pas pour les rejeter, mais pour mieux savoir que la donne est désormais toute autre. Ainsi, me revenaient les propos d’une Nadia Ramassamy mettant en parallèle et les « 8OO millions » (sic) de budget de la Région et la nécessité de donner un emploi aux chômeurs du pays !!! Quel Réunionnais privé d’emploi n’a pas pu ressentir alors un fantastique espoir, au moins pour lui et ses proches immédiats ? Et nous n’avons pas su réagir. Ainsi, et encore, me revenaient les « 300 millions » que Didier Robert s’engageait à offrir aux Communes pour réaliser la construction de stades, gymnases, piscines ou autres salles de proximité. 300 millions, soit près de 45% du budget régional, et ce, dès 2010-2011 ? Combien d’électeurs ont pu se laisser avoir par de tels engagements qui, de l’avis même de proches de leur auteur, relèvent de l’imposture ? Cette imposture, bien sûr que nous l’avons relevée. Mais quel a été alors notre poids face à celui qui, selon la presse, « surfait sur la vague du succès » ?

Bien sûr, les coups de fil ou messages de soutien et de sympathie reçus, qu’ils provenaient de proches (politiquement parlant) mais aussi d’acteurs du monde économique ou sportif, ou encore d’amis tels que Christian Albany ou Jean-Jacques Morel , dont la famille politique est loin d’être la mienne, m’ont fait plaisir. Croyez-moi, en ces temps où le temps traine en longueur ses journées d’interrogations et ses nuits sans sommeil, ces échanges m’ont apporté le plus grand réconfort. Et j’imagine bien que nombre d’entre nous, élus sortants (et sortis !), ont eu droit aux mêmes signes d’amitié, à commencer par ceux provenant de certains collaborateurs des services de la Région. Merci à chacun, merci à vous tous.

Et puis, ce samedi 27, dans la matinée, un appel de Gilbert Aubry . Un appel qui, très vite, nous permet d’évoquer la situation à Jos, au Nigéria, là où le 7 mars dernier, dans une incroyable indifférence des opinions publiques du monde entier, sans que nous ayons ici à chercher pour essayer de savoir qui ont commencé et qui donc en seraient les responsables, des massacres d’hommes et de femmes, sans doute d’enfants aussi et par centaines, ont eu lieu et qui appellent évidemment à la vengeance en opposant populations chrétiennes et populations musulmanes. A l’évêque de La Réunion, je pus dire alors que, lors de la campagne électorale écoulée, je me suis permis de parler de la “zone cultuelle” du Port, là où, souhait du Maire de l’époque, dans un immense parc au cœur de la ville, plusieurs religions pratiquées dans notre île se côtoient, simplement et seulement séparées par une haie végétale. Lors de cette même campagne électorale, tout naturellement, j’ai été amené à me féliciter que dans notre île existe et vit un “Groupe de dialogues inter-religieux” comme pour témoigner devant le monde entier que l’intelligence et le sens de l’Histoire dont savent faire preuve certains de nos responsables valent mieux que toutes les imbécilités et démagogies qui s’étalent hélas trop souvent sous nos yeux.
Et puis encore, quelques heures plus tard, dans l’après-midi, un coup de fil de Marie Mourvaye pour me dire ces quelques mots, pour me les dire tout simplement : « … du jour où tu n’as plus ces mandats électifs qui t’ont fait connaître, s’il te reste tes amis, alors tu n’as rien perdu. Sache-le : Albert et moi, plus que jamais, nous sommes tes amis ».
J’ai entendu, j’ai écouté et, tout simplement, j’ai aimé…

R. Lauret