N’est-ce pas comme ça qu’ont un jour procédé ceux qui ont créé l’extrême droite et leur sinistre Front national ?

8 août 2011

Et si ?... Et si ?...
Et puis je me suis dit que je me trompais, que cela ne pouvait pas être possible. Que…
C’était l’autre week-end. Je venais de lire dans la presse locale le compte-rendu de la conférence de presse que Cyrille Hamilcaro avait donnée le vendredi 29 juillet. Sur les trois sujets évoqués par ce dernier, j’avais été choqué, comme certainement de nombreux Réunionnais de toutes tendances politiques, par la double opposition du conseiller général de Saint-Louis à la construction (sur « sa » commune) d’un centre pénitentiaire et d’une unité de pré-traitement mécano-biologique des déchets avec, bien évidemment, zone de stockage et point d’enfouissement. Cause de cette opposition ? C’est « J.E. », journaliste du “JIR” qui, citant Hamilcaro, la donne : « Nous ne sommes pas la poubelle de La Réunion ».
Pour ce qui est de la prison, en plus de ce qu’il regroupe dans le registre des insuffisances administratives (insuffisances dont il n’ignore sûrement pas qu’elles peuvent toujours être corrigées s’il s’avère qu’elles existent réellement), Monsieur Hamilcaro insiste lourdement sur…citons le : « Pas de taxes, pas d’emplois, une prison ne fera que renforcer la mauvaise image que l’on attribue souvent à Saint-Louis. Franchement, nous n’avons pas besoin de ça » .

S’il y avait des taxes et des emplois, une prison à Saint-Louis serait-elle acceptable pour notre homme ? Même pas, précise-t-il dans la foulée de sa première salve d’arguments. Pour lui, le « pas de taxes, pas d’emplois » vient seulement en plus d’une raison qui est de loin la principale : c’est que, une prison, ça vous donne une mauvaise image à la ville qui commettrait la faute de mauvais goût et donc le crime d’accueillir une sur son territoire.
Pour ce qui est du centre de pré-traitement mécano-bioloqique des déchets, pour Monsieur Hamilcaro et son collègue Patrick Malet, il s’agit ni plus ni moins que de « nouvelles zones de nuisance » qui auront « un impact négatif sur la santé des Saint-Louisiens » .

Dans un cas (la prison) comme dans l’autre (le centre de pré-traitement), on est en droit de poser à nos deux personnages qui détiennent un mandat public une question : « Parce qu’il est du devoir d’un homme politique digne de ce nom de se soucier également , d’une part, des conditions de détention de nos compatriotes réunionnais qui vont passer quelque temps en prison et, d’autre part, du sort qui est réservé à nos déchets à tous , si d’aventure Jean-Claude Lacouture, par exemple, demandait que l’une des deux ou que ces deux installations soient construites sur le territoire de sa commune de l’Étang-Salé, seriez-vous alors soulagés vu que ce serait une autre commune qui abriterait ce qui, pour vous, relève de la honte et de l’insupportable, donc de l’inacceptable ? ». Car, n’est-ce pas, Monsieur le conseiller général Hamilcaro, il faut bien les poser et ensuite les régler nos problèmes de ces Réunionnais qui sont un jour envoyés en prison ? Car, n’est-ce pas Monsieur le conseiller général Malet, nos ordures ménagères et industrielles, il nous faut bien les accepter et les solutionner puisque nos compatriotes en produisent quotidiennement ? Et quand on est homme politique réunionnais, ce type de problèmes, c’est à nous de les poser et de les accepter dans leurs globalités pour les régler et les solutionner dans l’intérêt de tous…
Alors, pourquoi donc Hamilcaro et Malet , qui ne sont pas forcement des imbéciles bouchés à l’émeri, s’élèvent-ils, pour le principe et d’une seule voix, contre la solution de deux problèmes qui concernent la vie de certains de nos compatriotes et l’environnement de chacun d’entre nous ? Oui, pourquoi ? Mais, pardi, parce que ce serait la commune de Saint-Louis, et pas une de nos 23 autres, qui serait concernée… Chez les autres, oui. Chez nous, non !!! Et nos deux compères de se tourner vers la population sainte-louisienne à qui ils promettent une consultation par référendum !

En France, le Front national et l’extrême droite existent. Ils sont nés du néant lorsque, un jour, des Jean-Marie Le Pen et autres ont voulu bâtir un courant politique en appelant les Français à montrer du doigt et à rejeter ces immigrés qui « polluent leurs cités et piquent leur boulot et une part des générosités que le gouvernement accorde à ses administrés ». Ils ont choisi de viser les réflexes d’égoïsme, de haine et de rejet qui peuvent sommeiller en chaque homme oubliant que les immigrés en question sont ceux-là mêmes qui occupent les postes exposés dans des métiers difficiles. Le pire, c’est que, en France continentale en tout cas, ils ont réussi. Ne l’oublions pas : le FN a été présent au second tour d’une de nos récentes élections présidentielles. Actuellement, il est bien placé dans les sondages. On dit même qu’une frange non négligeable des ouvriers serait avec lui.
Ce « référendum » dont parle Hamilcaro et Malet, Le Pen l’a fait. Avec d’autres, il le fait toujours chaque jour, par un discours insistant, populiste, sans base ni logique, par un discours qui déborde d’une haine qui est transmise et qui prend chez les esprits les plus faibles. Et d’esprits faibles, il n’en manque pas.
Pour avancer en France et pouvoir aujourd’hui oser dire que « Marine peut gagner les prochaines présidentielles », de longues années durant, Jean-Marie Le Pen est monté au créneau. Il n’a reculé devant aucune démagogie. Il a flatté les plus bas instincts. Et ça a marché. Il a tellement réussi que l’on voit aujourd’hui certains hommes politiques, et non les moindres, tenter de vouloir récupérer une part de son électorat. Oui, là-bas, ils ont réussi. Dieu merci, ils ont échoué ici…

Cyrille Hamilcaro et ses compères entendent-ils emboîter le pas à Le Pen et compagnie ? Trouvent-ils que la culture de la démagogie et du rejet de ce et de ceux qui posent problèmes ayant réussi là-bas, il leur revient de la mettre en chantier pour réussir eux aussi ici ?
J’en étais à me le demander l’autre week-end en lisant le compte-rendu de la conférence de presse que Cyrille Hamilcaro et Patrick Malet ont donnée. Et puis je me suis dit que ce n’était pas possible. Je me suis dit que leur opinion, opinion selon laquelle une prison et un centre de pré-traitement mécano-biologique de déchets pourtant nécessaires à notre île feraient de Saint-Louis une ville poubelle, était à mettre sous le coup d’une réflexion immature. Je l’ai cru incapables de jouer aux Le Pen dans notre petite île dont ils doivent eux aussi et parfois se dire qu’elle ne mérite pas que s’y développent les thèses imbéciles de l’égoïsme et du rejet. Dans notre petite île et aussi sur notre planète dont on dit volontiers qu’elle est aujourd’hui devenue un grand village.
J’en étais à me le demander. Je me suis dit que ce n’était pas possible. Et vous ?

Raymond Lauret


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