Nous entendons certains et certaines qui nous lancent : « Cause toujours ! »…

14 février 2011

Un petit, un tout petit article paru dans l’édition de ce dimanche 13 février du “Quotidien” relève que trois employés communaux de Saint-Denis « ont décidé d’utiliser une prime que leur a versée la mairie pour offrir un repas aux SDF » de la capitale. La somme rassemblée n’est pas énorme : un peu plus de 200 euros confiés à l’Association Centre-ville Est. Une petite somme : est-ce le plus important ? Pour les égoïstes et autres gens de mauvaise foi jalousement repliés sur leur confort personnel, c’est la petitesse de la somme qui sera mise en avant. Faisons, pour ce qui nous concerne, un tout autre choix. Retenons seulement et simplement la symbolique particulièrement forte du geste et ce qu’il renferme comme leçon et comme exemple à proposer à tous ceux d’entre nous qui ont de la chance. Une chance que nombre de nos compatriotes — nos frères, n’est-ce pas ? — n’ont pas, eux qui vivent en marge de notre société tout en se trouvant dedans.

Ils seront « près de quatre-vingts personnes à ce repas fait de rougail saucisses, de poulet rôti, de riz, haricots et lentilles », précise au “Quotidien” Monsieur Jacky Bazon, le coordonnateur de l’Association CVE. On se plait à penser que viendra ce jour où la grande majorité de ceux d’entre nous qui ont gagné le droit de vivre correctement aura le réflexe qu’ont eu Ketty Gamaleya et ses deux camarades employés communaux. On se plait à espérer, par exemple, que l’ensemble de nos élus, en fonction de ce qu’ils perçoivent en indemnités cumulées (souvent en plus de leur salaire), seront un jour interpellés par leur conscience, voire par leur parti respectif, pour participer de manière significative à un acte de solidarité qui serait un élan vers moins d’injustice autour de nous. Qu’ils sauront être à l’origine d’un cri du cœur poussé depuis notre raison pour que la démocratie et les mots d’ordre qui clament depuis le fronton de nos bâtiments publics que, dans la liberté, nous visons l’égalité grâce à la fraternité, ne soient pas vides de sens.

Nous entendons certains et certaines qui nous lancent : « Cause toujours !... ». Oui, nous les entendons. Et qu’ils causent, qu’ils argumentent, qu’ils expliquent pour justifier une minable position ! Nous ne les suivrons pas. D’autres Réunionnais et d’autres Réunionnaises ont une autre vision de la société et de ce qu’ils peuvent et doivent y apporter.

Ne serait-ce que pour cela, le (tout petit) geste des trois employés municipaux de Saint-Denis mérite d’être souligné. Et tant pis pour ceux et celles pour qui cela n’est que de la petite charité. Et tant pis pour ceux qui parlent avec une suffisante compassion de personnes comme Sœur Emmanuelle, Mère Térésa, le Mahatma Gandhi, l’Abbé Pierre, Coluche, le Père Pedro ou Guy Gilbert. Comme si les pauvres sont pauvres parce qu’ils aiment ça !...

On éprouve alors le besoin de penser à (ce pauvre) Monsieur Nicolas Sarkozy, oui, l’actuel Président de notre République. C’était en pleine polémique soulevée par les vacances familiales de Madame Michèle Alliot-Marie, actuellement ministre du gouvernement de cette République. Madame MAM, vous le savez, est allée il n’y a pas très longtemps en Tunisie. De là, elle a eu droit, pour la durée de son farniente, aux honneurs d’un haut personnage de là-bas, c’est-à-dire avion privé et beaucoup de tout le reste. Qu’a dit l’actuel Président de notre République ? Qu’en substance, à partir de dorénavant, un ministre qui part en vacances à l’étranger devra prendre l’attache du Premier ministre pour vérifier s’il n’y a pas risque. Un petit contrôle a priori qui évitera que l’opinion publique ait à juger a posteriori des facilités avec lesquelles un (un seul ?) membre du gouvernement se fait offrir du bon temps par des types influents de pays amis et étrangers !!! Faut-il commenter ?

Terminons avec cette histoire dont on dit qu’elle appartient à la sagesse chinoise.
Un roi avait deux fils.
L’un d’eux seulement devait hériter de son royaume.
Désirant éprouver leur sagesse, et afin de les départager, le roi fit venir ses deux fils et leur dit, en donnant à chacun une petite somme d’argent : « Voici ce que vous allez faire : avec cet argent, vous allez vous procurer de quoi remplir complètement la grande salle vide du château. C’est celui qui s’acquittera le mieux de cette tâche qui héritera de mon royaume ! ».
Le premier des fils avait appris que la paille était bon marché. Il en acheta autant que la somme dont il disposait le permettait. Mais la salle du château ne fut remplie qu’à moitié.
Le second des fils acheta un vase d’argile, de l’huile et une mèche. Puis il fit du tout une lampe qu’il alluma. Et voici que la grande salle du château fut remplie de lumière jusque dans ses derniers recoins.

Première moralité : mieux vaut allumer une bougie, si petite soit-elle, que de maudire l’obscurité. Seconde moralité : nos trois employés communaux de Saint-Denis, à leur manière, ont sans doute éclairé nombre de ceux qui ne veulent surtout pas s’enfoncer dans la négation de l’humanisme…

Raymond Lauret


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