Pour ceux qui restent ...

25 août 2004

Je crois bien qu’il ne la connaissait pas, la petite chapelle “Stella Maris”, nichée au fond de la rue des Argonautes à La Saline les Bains, là où quelques-uns de ses amis s’étaient donné rendez-vous hier pour communier un ultime instant avec lui. Depuis le caveau de Boulogne-Billancourt où il repose depuis une semaine maintenant, ça devait lui faire drôle, tous ces propos sortis du cœur du chef d’entreprise à l’ouvrier, venus dire, avec d’autres, qu’il avait été quelqu’un de bien.
Moi aussi, je l’avais connu. Il était venu m’écouter dire aux responsables du dossier des Villas du Lagon, qu’une certaine élégance voulait qu’une part du mobilier soit réalisée par l’ébénisterie réunionnaise. Et il ne s’était pas fait prier pour dire à ses mandants qu’il fallait qu’il en soit ainsi, car les règles du profit ne sauraient gommer le souci de l’intelligence relationnelle et qu’il était bon que le joyau de l’hôtellerie d’ici soit aussi une référence de l’artisanat créole.
Il devint très vite un ami de confiance, comme aime à le préciser une de mes vieilles connaissances. Il était socialiste, proche de Michel Rocard, vouant une glaciale indifférence à ceux de ses “camarades” qui savent tout dans leur arrogance. Il éprouvait du plaisir à parler avec Paul Vergès et considérait tout ce que ce dernier a exposé dans le livre “D’une île au monde” comme un exemple pour tous les humanistes soucieux de développer leur pays et de préserver le monde.
Lucien Meudec aimait notre île et celui qui a dit, hier à La Saline, qu’il eut sans doute aimé que ses restes soient mêlés à cette terre qu’il avait adoptée, n’a en rien exagéré.
Il est bon aussi que fut rappelé, dans une église de Jésus Christ, que ce libre-penseur était l’arché-type de l’atypisme, un "trotsko contestataire, mais plein de sagesse et de bon sens étonnant", au point de devenir "homme d’entreprise reconnu et doué", sous le vernis duquel bouillonnaient un Saint-Bernard des causes perdues et un humaniste attentif.
Sa vie n’avait de sens que parce qu’il devait mourir.
Il le savait, lui qui sut tellement la remplir afin que, pour ceux qui restent, elle se poursuive maintenant...

Raymond Lauret


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