Quand, là-bas au Québec, une Réunionnaise fait triompher notre civet zourite et notre rougail saucisses…

2 août 2010

La nouvelle nous est arrivée, douce comme une tranche de bon gâteau, désaltérante comme un verre d’eau fraiche. Elle nous est arrivée, dès les premières heures de vendredi dernier, de Dorval plus précisément, Dorval, un petit hameau de la périphérie de Montréal au Québec.
Mais auparavant, et rapidement, relevons un courrier de lecteur paru jeudi dans un journal de chez nous. « N.D, Saint-Gilles-les-Bains » s’en prend à une société bien connue dans l’acheminement rapide de toutes sortes de colis dans le monde entier. Le 6 (juillet), il avait confié à celle-ci « un colis pour une petite fille à Genève qui attendait son cadeau d’anniversaire » et qui devait le recevoir le 9, soit trois jours après. Trois jours après, rien n’était arrivé. Après moult interventions auprès des bureaux de la société à Saint-Denis, Roissy ou en Suisse (passons sur le contenu de ces interventions, cela n’a pas grande importance !), N.D. fait un amer constat : « Aujourd’hui le 15, colis toujours bloqué à Lausanne au dépôt ! ». Neuf (voire dix) jours se sont donc écoulés depuis le dépôt à Saint-Denis d’un colis qui n’est toujours pas arrivé à Genève. La société visée par N.D. n’étant pas coutumière de ce genre de disfonctionnement, tout en comprenant parfaitement ce qu’ont pu ressentir et l’enfant qui n’a pas eu son cadeau et celui qui le lui a envoyé, je ne crierai pas haro sur le baudet. Pourtant…
Pourtant, comment ne pas admettre qu’en choisissant de passer, uniquement parce que je connais très bien Laurent Fessard et Albert Jean-Elie qui y travaillent, par la société U.P.S. pour envoyer, depuis La Réunion, un colis à Dorval, au Québec donc, c’est-à-dire pour une destination bien plus éloignée que Genève, comment ne pas admettre que j’ai assurément fait le meilleur des choix ?
Karine Garryer habite à Dorval. Avec Marc Vandette, son époux rencontré au Québec, et leurs deux toutes petites filles Marianne et Lorraine , elle y relève avec une remarquable réussite le défi qu’elle s’était fixé il y a déjà une bonne douzaine d’années, quand, nous dira-t-elle, « après le Bac et une Maîtrise en gestion entièrement suivie, durement acquise et fièrement gagnée à l’Université de La Réunion, mon départ pour une année d’études au Québec n’était qu’un prétexte pour une année pseudo-sabatique qui m’a surtout permis de valider que c’était un pays où il faisait bon vivre et d’y trouver l’opportunité de mon premier emploi… me permettant de poursuivre mon rêve et, de ce fait, mon expérience de vie ». Nous avons évoqué cela dans notre “libres propos” du 21 Juin dernier.

Le Mardi 20 Juillet, un message tombe. Karine nous confirme une nouvelle qui était la veille encore seulement une hypothèse : la télévision québécoise vient de la sélectionner pour son émission “Un souper presque parfait” . Le « souper » qui aura lieu en son domicile le jeudi 29 Juillet de la semaine prochaine, elle aimerait qu’il soit « tout simplement parfait » . D’où son appel : « J’ai absolument besoin de cinq sachets de bonne vanille de mon pays. Vous pourriez, s’il vous plait, m’envoyer ça sans attendre, vu le temps qui nous reste ? ». Mais bien sûr que nous pourrons, Karine. Pour toi. Pour La Réunion aussi.
Aussitôt, nous contactons Martine Abrousse , une artiste de La Possession qui s’est spécialisée dans l’art de donner une âme réunionnaise à tout ce qui relève de notre quotidien. Trois services de six verres aux couleurs du patrimoine de notre île et avec l’inscription « 29 Juillet 2010 » sont commandés. Ils seront prêts demain mercredi. Aussitôt également, la Région nous marque son accord pour offrir des CD de Meddy Gerville , de Lindigo et de Davy Sicard et les dernières plus belles photos que Gélabert a réalisées sur notre Volcan de la Fournaise . Et rendez-vous est pris avec Albert Jean Elie et Laurent Fessard pour le lendemain mercredi dans leurs locaux de la ZAE de Gillot.
Nos sachets de vanille de Bras-Panon en main, nous sommes donc à 10 heures dans les locaux d’ U.P.S. Vingt minutes après, et pour un prix plus que raisonnable, les deux responsables nous informent que le paquet quittera Gillot le soir et sera livré vendredi 23 ou, au plus tard, le lundi 26.
Vendredi 23, vers 17 heures de chez nous, soit 9 heures au Québec, Karine nous appelle : « C’est extraordinaire, le Père Noël vient de passer ici à Dorval. Merci à vous tous… ». J’ai alors une pensée reconnaissante pour tous ceux qui se sont mobilisés. Car le « TOUS » de Karine, je le sais, concerne aussi Martine Abrousse, les ouvrières et les ouvriers de la coopérative de la Vanille de Bras-Panon, la Région, sans oublier ses parents qui lui ont déjà envoyé des petites marmites dans lesquelles ses invités dégusteront dans quelques jours civet zourite, rougail saucisses, sauces à la margoze et aux caramboles, le tout sur du riz bien chaud comme sait si bien le faire sa maman à La Plaine des Palmistes. Dans le TOUS de Karine, je sais aussi qu’il y a une grosse pensée pour la société U.P.S. à qui il a fallu tout juste 48h pour emmener à bon port, à quelque 18.000 kilomètres de là, le précieux colis. Chapeau bas, messieurs !
Je terminerai donc mon propos d’aujourd’hui en vous apprenant qu’un message de Karine est tombé chez nous, à La Réunion, aux premières heures de vendredi dernier 30, doux comme une tranche de bon gâteau, désaltérant comme un verre d’eau fraîche, tel un cri de délivrance et de grand bonheur qu’elle demandait à partager avec son île entière : « J’ai gagné… C’est formidable… C’était parfait… Merci à vous tous ! ».
Qu’ajouter d’autre, sinon qu’une jeune Réunionnaise a su, avec talent et réussite, saisir l’occasion qui lui était donnée d’offrir notre île, à travers quelques-uns des trésors de sa gastronomie, à la curiosité des populations du Québec, Canada et sans doute d’une grande partie de l’Amérique. Qu’elle en soit chaleureusement félicitée et remerciée…

Raymond Lauret


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La kaz Tikok

23 avril, par Christian Fontaine

Promié tan, la kaz bann Biganbé navé dé piès minm parèy sad bann Maksimin, soman té kouvèr an tol. Malérèzman, siklone 48 la ni, la lèv lo ti (…)


+ Lus