Scène vécue à la Possession, au “Panier créole”…

11 janvier 2010

C’était l’autre lundi. L’an nouveau n’avait que quatre jours d’existence. On pouvait encore s’échanger nos vœux de bonne santé et de saines luttes à mener sur un certain nombre de fronts. L’histoire que je vais ci-après vous conter relève-t-elle du flot des positives résolutions que l’on annonce vouloir prendre en ces moments-là ? Lisez plutôt, vous pour qui la vie est faite aussi de petites choses toutes simples et toutes belles, si simples et si belles qu’on se sent obliger de jurer qu’elles ont vraiment été vécues. La voici donc.

Rue Emmanuel Texer, en ville de la Possession. La voie a, depuis trois cents mètres environ, abandonné sa partie pavée. Cinquante mètres avant de déboucher sur le panneau vous invitant à marquer le stop avant de passer devant la Mairie, et vous l’apercevez. Elle est sans prétention, mêlée sur la gauche à deux ou trois autres petites enseignes. Un parking au nombre de places limitées vous y attend. Vous pouvez entrer dans le petit bazar de fruits et de légumes. Ce n’est pas bien grand, mais c’est joliment agencé. On y trouve l’essentiel dont nous pouvons avoir besoin. “Le Panier créole” est son nom.

C’est ici que lundi dernier 4 janvier s’est passée une histoire toute belle et toute simple, histoire dont j’ai été un des témoins. Deux clients attendaient pour payer. Le premier, un jeune homme de 25 ans sans doute, tendait à la jeune caissière ses quatre ou cinq produits. La routine, quoi ! Balance automatique, prix qui s’inscrivent et total qui s’affiche. La routine, je vous dis. « Voilà, ça vous fait 8,56 euros ». Le jeune homme marque un instant de surprise gênée. Il a beau fouiller dans son petit porte-monnaie, il ne dispose pas de cette somme. « Je suis désolé, mais il me manque 2 euros », murmure-t-il à celle qui est là pour encaisser ce qui est dû. « Ce n’est pas grave, nous allons retirer pour 2 euros de légumes ». Et avant même qu’il n’ouvre le sachet contenant ses achats, le client qui était juste derrière lui dit : « Permettez moi de vous offrir cette somme. C’est peu de choses ». Et de demander à la caissière d’inclure les 2 euros dans sa note. Refus poli du client, insistance de l’autre, lequel autre finit par convaincre le premier qu’il aurait fait de même s’il avait été à sa place. Un énorme merci et une amicale poignée de main mettent un terme à ce qui, ma foi, n’avait rien d’exceptionnel.

Même routine pour le second client. Et la note : « En incluant les 2 euros de monsieur, cela vous fait 18,35 euros », lui dit la jeune caissière avec un sourire plein de gratitude. Le client ouvre son porte-monnaie. Il a beau chercher, il ne trouve pas plus qu’un billet de 5 euros ! Le premier client qui était encore là ainsi que la caissière affichent sans se concerter un même air embarrassé. « J’ai la solution, s’écrie, fort soulagé, notre homme. Il y a un billet de 20 euros dans l’enveloppe que mon père m’a remise pour mon petit-fils ». Et d’ouvrir une enveloppe blanche pour y prendre le bienvenu bifton.

Et c’est à ce moment que… « Oh, non, pas l’argent promis par son pépé à votre petit-fils ! Permettez que ce soit moi qui vous offre à tous les deux ces quelques euros ! Cela ne ruinera pas notre boutique ! ». Vous l’avez compris : c’était la caissière qui, derrière un sourire attendri, donnait à une scène qui avait joliment commencé la plus belle des fins.

Et c’est avec une gêne bien compréhensible qu’elle vit une demi-heure plus tard le monsieur arriver un petit cadeau à la main. « C’est pour vous remercier pour le beau geste de tout à l’heure »… Elle accepta évidemment, sachant elle aussi combien l’instant d’avant appartient à ces rares moments où vous avez le sentiment d’être, grâce aux autres, un privilégié de la vie…

Voilà, c’était mon propos d’homme libre pour aujourd’hui. Avant que ne commencent ces moments de denses luttes où nous aurons à opposer aux conservateurs atteints de myopie le programme d’une Réunion qui se prépare, dans le respect de ce que fut son Histoire, à affronter les défis qui nous attendent.

 R. Lauret 


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Ce z’histoir jour d ’l’an est sûrement vrai, comme il est vrai qu’ on fait du bien à soi-même en faisant du bien.Dans ce petit théâtre, la pièce était portée par le contexte et la proximité de la nativité chrétienne. De plus, on soupçonne le rapporteur-auteur d’être le témoin et acteur principal.
    Mais sans être extraordinaire,elle vaut cent, mille fois mieux qu’une mauvaise pièce,celle-là, où le patron de la station-service de la rue du Général-Président exigea que sa fidèle cliente et voisine professeur à la retraite de son état, aille chercher son euro (pour une fois qu’ elle n’ avait pas son porte monnaie) AVANT d’emporter son Quotidien. Ce jour là, il a perdu une bonne cliente et le pompiste regrette son pourboire habituel.


Témoignages - 80e année

La kaz Tikok

23 avril, par Christian Fontaine

Promié tan, la kaz bann Biganbé navé dé piès minm parèy sad bann Maksimin, soman té kouvèr an tol. Malérèzman, siklone 48 la ni, la lèv lo ti (…)


+ Lus