Un homme au cœur d’une ville, pour nous dire combien tous nos problèmes méritent l’approche la plus large

9 mars 2010

L’unité réunionnaise pouvait s’exprimer à travers une proximité inter-religieuse, laquelle, tout naturellement, n’allait pas tarder à imposer à ceux qui croient en l’existence d’une force divine de s’enrichir d’un « groupe de dialogue inter-religieux », faisant ainsi de notre île une terre d’avant-garde sur ce plan.

J’accepte le risque que l’on me dise que je me mêle de ce qui, pourtant, me regarde : je crois fortement que la Zone cultuelle du Port, avec son Ashram, son Temple et ses Eglises qui se touchent l’un l’autre , est une formidable expression de la richesse de notre héritage commun et qu’elle est bien le fruit de la réflexion d’un homme de culture et de mémoire et dont le respect qu’il porte à celles et ceux qui ont vécu, qui vivent et qui vivront sur notre terre lui dicte le sens qu’il lui faut donner à chacun de ses combats, chacun de ses combats de visionnaire et d’humaniste.

Le second point sur lequel j’aimerais vous inviter à réfléchir concerne l’endiguement de la Rivière des Galets. En 1980, au lendemain du passage du cyclone Hyacinthe sur notre île, toute la Ville du Port se réveille en mesurant combien la rivière qui la longe tout au Sud, après avoir emporté sur près de trois cents mètres la route qui la contourne en une fonction de talus protecteur, a bien failli lui causer d’irréparables dégâts tant au plan de ses infrastructures que des vies humaines. Paul Vergès entreprend aussitôt une course contre un imprévisible qui vient juste de nous rappeler qu’il peut à nouveau frapper, sans avertissement.

Tout est alors entrepris pour que cette rivière d’une île qui en compte plusieurs centaines, cette rivière qui, autant que les autres, en temps de fortes pluies qui se prolongent sur plusieurs jours, se transforme en un torrent qui charrie des millions de mètres cubes d’eaux chargées de terre et de galets et peut tout emporter, tout est alors entrepris pour que la Rivière des Galets soit endiguée dans les meilleurs délais. Pour qu’elle soit dotée d’une digue qui résistera à ces crues dévastatrices que l’on qualifie de centenaires, d’une digue qui rassure les habitants. D’une digue qui concernera également, c’est là une évidente obligation, la Commune d’à côté.
De très sérieuses études furent menées. Un hangar de plus de 3.000 mètres carrés fut construit pour recevoir une immense maquette qui reproduirait, sous les yeux de la population et pour des visites à caractère pédagogique pour les élèves des écoles, le lit de la rivière et les effets de crues de diverses puissances. Un appel d’offres auprès de bureaux d’études européens hautement spécialisés fut lancé. C’est ainsi que, passé le temps qu’il faut pour réaliser un travail aussi colossal, la population portoise put voir que sa ville était désormais à l’abri de l’imprévisible. De l’autre côté de la rivière, Monsieur Cassam Moussa ayant parfaitement compris qu’il était de son devoir et de l’intérêt de la Commune de Saint-Paul de s’associer à l’entreprise, ce sont pas moins de 150 hectares de terrains qui étaient récupérés, à quelques minutes des installations portuaires !

On le voit : s’agissant de la protection de la ville dont il était maire et s’agissant de la commune voisine, Paul Vergès n’a pas tergiversé. Déjà, il nous amenait à nous poser la question de notre responsabilité à tous devant le devoir d’anticipation qui incombe aux responsables politiques que nous sommes face à une nature dont nous savons désormais qu’elle est soumise aux effets des changements climatiques. Déjà, il nous invitait à nos responsabilités d’aujourd’hui si nous voulons éviter que demain nous soyons montrés du doigt par les populations de notre île, voire celles des îles voisines et de tous les petits États vulnérables de la planète pour avoir failli à nos plus élémentaires obligations.

Nous ne pouvons pas être surpris que les plus hautes autorités de la République aient confié à Paul Vergès la charge d’enrichir la réflexion mondiale sur les conséquences du réchauffement climatique, de même que nous comprenons parfaitement que, devant la misère qui caractérise les réflexions de certains de ses soutiens à La Réunion, l’actuel Chef de l’Etat ait absolument voulu signer lui aussi le Protocole de Matignon alors même qu’il n’était alors que Ministre de l’Intérieur, montrant ainsi qu’il approuve les projets régionaux du tram-train et de nouvelle route du Littoral après la réalisation de la route des Tamarins.

J’hésite à dire que sa responsabilité de Maire du Port pendant 18 ans a pesé dans tout ce que Paul Vergès a par la suite apporté à son pays, dans les infrastructures importantes qu’il urgeait de réaliser, dans son ouverture au monde ou dans l’affirmation que « nou lé pa plus et que nou lé pa moin ». Comme quelques autres, Paul est né pour servir son île, jusqu’à, comme il aime à le souligner, son dernier souffle. Comme l’a fait son père, le Docteur Raymond Vergès.

Alors, mes amis, mes camarades, accompagnons-le pour cette autre bataille qu’il a encore à mener, nous avec lui, à la responsabilité de la Région, dans une Alliance qui préfigure notre peuple tel que nous voulons le rêver : debout et riche de ses différences car regardant droit devant, jusque l’horizon d’une ambition faite de générosité et d’humanisme.

R. Lauret


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