De l’aide sociale à l’assistanat

13 mars 2013

Depuis la nuit des temps, l’Etat, les collectivités, les associations et des citoyens volontaires participent à la démarche de solidarité humaine qui consiste à aider ceux qui sont dans le besoin. Un échange moins visible entre l’heureux récipiendaire et le donateur. Maintenant que les institutions et les associations s’y impliquent davantage, des voix s’élèvent parfois contre certains effets pervers que ces actions humanitaires induisent.

Les besoins d’aide aux démunis sociaux s’accroissent par les pertes d’emplois, par le manque d’emplois, par les situations familiales qui nécessitent une intervention urgente des associations et des structures d’Etat pour répondre dans l’urgence à des situations de détresse avancée. Selon les conditions de vie de certaines familles, elle a un caractère obligatoire et l’intervention de l’Etat s’impose. C’est de plus en plus le cas des personnes âgées ou des personnes handicapées, des jeunes dans des situations de vie précaires et sans travail et sans ressources financières pour subvenir à leurs besoins vitaux. Longtemps, cette aide apportée par des citoyens généreux permettait le maintien de la solidarité familiale et intrafamiliale, mais avec l’ampleur des besoins générés par la conjoncture économique difficile, les licenciements économiques, les réductions de salaire ou la cherté du coût des denrées de première nécessité, cette aide qui, au départ, était de voisinage et organisée par de petites associations ou groupes de quartier a été reprise par des institutions et Organisations non gouvernementales plus professionnalisées avec une gestion administrative conséquente.

Depuis la professionnalisation de l’aide, la démarche de certaines structures chargées d’apporter des soutiens moraux, financiers et matériels aux bénéficiaires est différemment appréciée et même fait polémique entre ceux qui pensent qu’on les dépossède de leurs biens au profit de ceux qui ne veulent pas les créer et les bénéficiaires des différentes aides, qui sont dans le mal-être de la non-satisfaction du besoin d’exister dans le regard des autres. Cependant, on ne peut nier l’importance de cette contribution solidaire de tous sans laquelle la paix sociale est menacée. Et on ne peut empêcher que les citoyens en grande difficulté sociale sollicitent auprès des pouvoirs publics leurs droits à bénéficier de l’aide sociale. La noblesse de leur démarche ne peut être remise cause, car l’Etat leur doit assistance et protection dans leurs besoins vitaux. Il est vrai que ce droit des bénéficiaires est aujourd’hui perçu par ces derniers négativement comme la dépersonnalisation de leur être considéré comme des citoyens improductifs et des parias sociaux, subissant au quotidien des critiques des actifs qui produisent les richesses, qui financent ces aides, qui dénoncent le dysfonctionnement des structures en charge de la gestion de l’assistance.

La notion du travail et de sa valeur a évolué avec les avancées connues dans les récents progrès enregistrés au niveau des sciences et des techniques qui ont considérablement transformé les métiers et induisent la rareté des activités salariées dans tous les domaines professionnels et partout dans le monde. On ne peut donc reprocher aux citoyens le manque de volonté de rechercher du travail, encore moins à ceux qui sont formés et nantis de qualifications professionnelles et surtout leur réclamer plus de dynamisme de recherche d’emplois comme valeur pédagogique d’exemplarité.

On ne pourra même leur demander de réciprocité des échanges que lorsqu’on mettra de l’ordre dans les effets pervers qu’engendre la gestion de l’assistance. C’est en résolvant les difficultés révélées par le dysfonctionnement des structures, qui entrainent des conséquences qui altèrent les effets bénéfiques de la solidarité légitime. On commencera par l’arrêt de l’inadéquation entre les besoins vitaux et les solutions à apporter, et par la lutte contre les aides détournées au profit de confort et n’allant à la bonne destination, qui donnent aux contribuables le sentiment d’encourager l’oisiveté, les comportements asociaux et inciviques de certains bénéficiaires qui peuvent profiter du système.

Un autre projet de société résoudrait les difficultés auxquelles sont confrontés nombre de nos compatriotes sans emploi et privés de tout. On peut accorder déjà un revenu minimum universel de survie à chacun pour répondre à la rareté des activités salariées puis accorder pour des tâches jugées pénibles, mais indispensables, une gratification exceptionnelle pour ceux qui les exercent.

L’aide sociale, par ces temps de crise économique et de chômage, doit garder son caractère noble dans sa démarche de solidarité et de cohésion sociale. Même si elle peut, à certains moments de son organisation, générer des dysfonctionnements et des inadéquations et parfois des injustices en altérant des effets bénéfiques attendus, elle demeure avant tout indispensable. La conception d’un nouveau projet de société qui lutterait contre l’isolement, favoriserait des rapports sociaux, contribuerait à lever toute équivoque entre les contribuables travailleurs qui financent ces aides et qui ont l’impression d’être abusés par ceux qui sont sans emploi et vivent de subside de l’Etat. Le maintien de l’aide sociale pour les personnes en détresse les aiderait à effacer les sentiments de gène, de culpabilité et d’inquiétude, et même servirait de socle pour rebondir à travers la création ou l’innovation.

Bienvenu H. Diogo


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