L’autre fait-il si peur ?

15 février 2012

Les civilisations secrétées par les humains sont diverses et constituent en même temps la richesse de chacun de nous. Cependant, la qualité des rapports humains et l’harmonie sociale dans les groupes semblent prendre un coup, pour des raisons philosophiques et politiques, entretenues par de gens sans scrupules. Raisons qui entravent les relations apaisées, qui devaient au contraire prévaloir entre les peuples.
Certains hommes politiques anti-progressistes ont pour dessein de vouloir niveler et aligner les cultures, quand ce n’est pas pour hiérarchiser les traditions. Or, les modes de vie, l’ensemble des apports scientifiques, artistiques et spirituels légués par une société varient d’un espace géopolitique à l’autre. On ne peut et ne doit penser à les uniformiser, on doit surtout les “démondialiser” pour laisser à leur état naturel chaque tradition. Il est certain que si tel est le rêve et la valeur que veulent accorder les tenants de la hiérarchisation ou de l’aplatissement, il est évident qu’ils se retrouvent face à l’opposition de ceux qui ont du respect au legs du passé. Leur fierté et leur devoir les encouragent à préserver et à développer leurs us et coutumes et les cultures séculaires qu’ils ont découverts.
« Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente » (Saint Exupéry)
Une conscience et une seule a manqué à ceux qui oublient l’importance du respect de l’autre, qui n’a jamais choisi sa carte génétique, laquelle lui est tombée dessus comme un don du Ciel. Et comme une richesse, elle est faite de diversité. Albert Jacquard, un éminent biologiste français, parlant de cultures amies, magnifiait la richesse d’un groupe humain fait « de ses mutins et de ses mutants » pour nous expliquer à quel point il était nécessaire de considérer la valeur ajoutée des civilisations voisines qui se côtoient à travers les hommes et les femmes, de voix, de couleurs et de visions différentes.
Cette leçon empirique du biologiste appelle ceux qui s’égarent dans l’ignorance des causes et des effets, ou encore dans des calculs politiciens, à revenir à l’étude historique de l’humain et à sa valeur philosophique. Au lieu de vouloir nier la réalité de l’histoire des civilisations humaines, et d’oser imposer la sienne aux autres par peur ou par nombrilisme, il suffit, au contraire, de faire la démarche inverse qu’est l’ouverture à l’autre. Au contraire, l’humilité et l’acceptation des différences sont à apprendre pour combler les méprises.

Toutes les civilisations se valent

L’autre nous est précieux, en ce sens qu’il nous sert d’élément de comparaison, d’ajustement de nos qualités et de nos valeurs. Le détruire ou le renier nous conduira à notre propre errance. C’est à travers sa dissemblance que nous pouvons mieux réaliser qui nous sommes ou pouvons être, et savoir si nous devons fermer ou ouvrir notre bouche pour ne pas dire des âneries ou commettre des bêtises. C’est évident, ce serait une faute inexcusable de vouloir tout ramener à des catégories, à des classes et aux types (noir, jaune, riche, pauvre…) et à juger selon la conformité aux types. Un travail de déconstruction de la théorie qui façonne à notre convenance des êtres et le monde semble nécessaire pour que de sages citoyens ne soient pas intellectuellement manipulés par ceux qui visent des buts inavoués. Si on l’admet, il n’y a pas qu’un monde, il y a des mondes avec dans chacun de ses coins des peuples habitués à leur vie. Cette évidence, tous nos réflexes, du moins pour certains, la nient. Or, chaque peuple est une entité à civilisation unique, et il mérite une reconnaissance.
La plus honorable conduite qu’on peut manifester vis-à-vis de l’Homme et son entourage est d’être respectueux de ce qui fait sa civilisation unique, originale et irremplaçable, différente de tout autre. C’est-à-dire son unicité.
Rien ne pourrait empêcher les Français de vivre mieux aux côtés de communautés de traditions culturelles différentes. Encore moins cette peur de l’autre, qu’on inculque par tous moyens pour haïr. C’est une habile manœuvre de ceux qui en même temps prônent la mondialisation, paradoxalement entretiennent la confusion pour inciter à la négation de certaines civilisations. La coexistence des civilisations et des hommes a donc une origine et une histoire indéniables et infalsifiables, qui sont à préserver pour l’harmonie sociale et la qualité des rapports humains. Elle ne doit paraitre comme de nature à tirer vers l’arrière, mais au contraire celle qui peut enrichir en poussant vers l’avant. La France doit se débarrasser de cette peur de l’inconnu qui nous repousserait dans un passé sombre.

Bienvenu H. Diogo


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La kaz Tikok

23 avril, par Christian Fontaine

Promié tan, la kaz bann Biganbé navé dé piès minm parèy sad bann Maksimin, soman té kouvèr an tol. Malérèzman, siklone 48 la ni, la lèv lo ti (…)


+ Lus