Les femmes dans la société ouest-africaine

19 juin 2013

On a tendance à confiner la femme africaine dans le rôle de mère au foyer. La réalité semble être tout autre. Les femmes en Afrique occidentale présentent d’autres facettes que celles qu’on leur connait. Elles sont aussi dynamiques dans les fonctions touchant les domaines aussi importants tels que l’économie, le social, la politique et l’éducation.

La société, bien qu’elle reconnaît l’apport non négligeable des femmes dans la construction humaine et son travail pour l’entente entre les humains, ignore souvent de mettre en avant les qualités de ces femmes africaines.

Mères au foyer

Aussi bien au milieu rural que dans les villes africaines, les femmes d’Afrique de l’Ouest ne restent pas inactives. Elles jouent un rôle d’inculcation de valeurs dans les familles, elles transmettent aux enfants dès le jeune âge, aux moyens d’expression tels que le chant, les jeux, les comptines, la danse, des valeurs familiales, sociales, culturelles et cultuelles. Bien qu’écartées de la gestion des affaires dans la cité, elles ont l’avantage du nombre pour se rassembler et faire partager en association leurs expériences de femmes au foyer ouest-africaines échangeant au travers des repas culinaires, des activités de danse ou de tontine. Elles sont très dévouées dans la gestion des ressources familiales, ce qui permet le développement des enfants sur le plan nutritionnel, intellectuel et physique. Lorsqu’elles ne travaillent pas, elles assument des tâches pendant l’absence des hommes. Elles sont responsables de l’éducation des enfants et assurent leur développement. Leur impact est très apprécié dans les médiations au cours des conflits de couple ou de famille, par la facilitation à la communication et par les négociations.

Etre femmes « autonomes » dans la société africaine

La persistance de croyances et de comportements culturels et religieux négatifs entrave le respect des droits et de la dignité des femmes. Or, elles sont riches d’expériences et d’enseignements acquis avec les années. Cela n’empêche qu’elles continuent de subir l’ostracisme chez les hommes. Leur valeur sociale est déniée. Cependant, leur rôle de femmes africaines dans la construction et l’épanouissement de la famille est souvent tu. On néglige et on ne parle pas souvent de l’impact de leur comportement dans la transmission de la culture. Même si on peut observer dans cette région africaine des comportements culturels variés et parfois opposés, l’entente cordiale entre les femmes permet de constater qu’elles opèrent de la même manière pour favoriser la paix et l’entente entre les populations. L’ensemble des différentiations entre les hommes et les femmes, produites par la société dans laquelle vivent les citoyens, met en avant le sexe pour créer des relations inégalitaires artificielles entre les hommes et les femmes. Ces dernières, de par leur constitution biologique, se voient souvent refuser certaines fonctions et les hommes préfèrent les confiner aux tâches domestiques.

En dépit des tentatives de confinement dans les fonctions subalternes, dans les secteurs peu porteurs, ce sont les femmes africaines qui exercent des métiers de bouche et assurent le commerce d’export et import pour financer les dépenses quotidiennes dans la plupart des familles. Ces femmes, certaines appelées « Maman Benz », assurent la totalité du commerce de tissus et de conserves dans les espaces régionaux aussi larges comme le Nigéria, le Togo, le Benin et le Ghana. Leur poids social est reconnu quand elles doivent servir d’intermédiaires dans les conflits de voisinage, dans les organisations d’évènements exceptionnels. Leurs rôles éminents n’échappent pas à l’observation du vécu quotidien. Le professeur Coussy (1996) disait qu’elles contribuaient de façon importante dans les revenus des ménages, qu’elles comptent parmi les nombreuses « micro-stratégies d’adaptation démo-économiques » mises en œuvre dans les unités familiales africaines. Elles gardent ainsi un contrôle sur les modalités de partage du pouvoir et des responsabilités sociétales. Ces situations qui créent leur « autonomie » financière vis-à-vis de l’homme sont mal perçues par les hommes, car elles vont à l’encontre des habitudes et des pratiques coutumières dominantes. Dans bien des villes africaines, nombreuses sont les femmes scolarisées et instruites qui développent des associations sous la forme de regroupements, de coopératives, de comités de quartiers, pour mener des activités génératrices de revenus. Elles s’occupent de la formation et de la scolarisation des jeunes, et facilitent leur émancipation. Actrices du développement, leur importance est aujourd’hui reconnue dans les organisations nationales et internationales. En milieu rural, ce sont elles qui aident les hommes dans les grandes cultures lorsque ces derniers émigrent vers les grandes villes et elles sont à l’origine de nombreuses activités économiques de leur pays. On ne peut plus se passer d’elles, elles initient une nouvelle approche du développement, à tel point que les bailleurs de fonds exigent leur intégration dans les nouveaux projets de développement économique.

Les femmes africaines et la politique

L’évolution des mentalités et du contexte social favorise l’émergence de nouveaux statuts féminins. L’implication des femmes ouest-africaines dans la sphère politique montre un autre visage plus humain de la politique. Il n’est un secret pour personne que c’est grâce à la volonté féminine qu’un équilibre de paix stable traverse cette région du continent. La discrétion et la grande disponibilité des femmes ont permis par des tractations secrètes des discussions informelles, voire les soulèvements ou les marches populaires faites pour changer le cours des évènements, ou faire chuter les régimes dictatoriaux. Par leurs actions, elles font reculer le crime, l’intégrisme ou la violence. Elles ne se reconnaissent pas dans la façon guerrière dont la société s’organise. Elles s’interrogent sur la nature du politique et elles proposent par des actions concrètes une manière de faire autrement la politique, suggérant d’autres alternatives de développement et de gouvernance aux modèles qui ont montré leurs limites. C’est parce qu’elles arrivent à se soustraire au conservatisme coutumier, religieux et politique pour mener une révolution des mœurs sociales, en associant leurs revendications à celles des sociétés civiles sur l’égalité sociale souvent entravée et mise en mal. Leurs actions revendicatrices en faveur d’une gouvernance plus démocratique accélèrent le développement durable des populations.

Bienvenu H. Diogo


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