Les masses manipulées

2 mai 2013

Conscientes ou inconscientes, les masses subissent involontairement cette manœuvre destinée à tromper. La manipulation peut venir des dirigeants politiques, de l’État, des entreprises publiques et privées, des commerçants, des publicitaires et des médias.

Une influence irrésistible est exercée sur l’opinion et les groupes au moyen d’une propagande massive. Les classes populaires rassemblées en un tout indistinct ploient sous des stratégies déployées pour faire passer une idéologie, un intérêt particulier ou encore pour cacher aux masses ce qui pourrait les révolter. Il est fréquent et même courant qu’on fasse croire au peuple qu’il est la cause de son malheur, à cause de ses manques d’efforts, ou de l’insuffisance de son intelligence. Alors que l’autorité responsable de la situation rejette les torts sur lui, le groupe, au lieu de se révolter contre les erreurs administratives, se culpabilise, pensant qu’il n’avait pas vraiment fait ce qui était de son devoir. Donc, il se croit alors fautif et ne peut se révolter contre ce système économique et social qui, au contraire, semble être le vrai responsable de sa condition. Le mode du différé est celui le plus courant dont les responsables économiques et chefs d’entreprises usent pour tenter de faire accepter des décisions douloureuses aux syndicats de personnels par des accords qui seront appliqués dans le futur. Les représentants d’employés, bernés, ne sentent pas la gravité de l’acte signé et ne voient les effets que lointains, persuadés que le temps aiderait peut-être à éviter le sacrifice demandé. Le public ne s’en aperçoit qu’au moment de l’application du contrat. Ce sont des mesures inacceptables appliquées progressivement, par “dose”, de manière à ne pas éveiller la conscience du peuple.

A la suite de pluies diluviennes intervenues ces derniers temps, on constate que des pénuries artificielles de certaines denrées de grande consommation sont créées afin d’augmenter les prix de certains produits. Ceci s’observe régulièrement chez nos producteurs et commerçants. De même, les guerres dans les pays producteurs de produits pétroliers sont exploitées, et deviennent une aubaine pour l’État et les commerçants pétroliers qui trompent le consommateur, sous prétexte de la rareté des produits, pour augmenter les coûts du gaz et du pétrole. Des situations sont donc créées pour susciter une certaine réaction du public. Des esprits malins tirent à leur profit la situation de précarité des jeunes pour les inciter, à travers leurs discours accusateurs, à faire éclater leur colère à travers les actes de vandalisme et les violences urbaines, suite à des promesses d’emploi non tenues par les autorités municipales. Les adversaires de ce mode de redistribution de l’emploi pensent ainsi en tirer profit en manipulant cette jeunesse qui, malheureusement, subit le contrecoup. Des crises financières et économiques artificielles sont annoncées et on propose pour leur résolution des mesures antisociales qui font reculer les droits sociaux et accroissent le démantèlement des services publics.

Les pasteurs de certaines religions font du prosélytisme, en désignant tous ceux qui ne pratiquent pas la leur d’impies et de gens non fréquentables. Par leurs discours, ils incitent leurs adeptes à commettre des actes répréhensibles comme des attentats, des plasticages. Ils prônent la haine et menacent la paix des religions. Les indépendantistes adoptent ce même procédé, ils refusent tout dialogue, ils encouragent leurs partisans à la violence. Pendant ce temps, certains se frottent les mains, car ils pourront vendre des armes aux groupes qui procèdent aux règlements de compte, aux exécutions sommaires. Ils créent des problèmes pour offrir leurs solutions. Ces groupes organisés de manipulateurs poursuivent des buts précis en s’appuyant sur ces sujets vulnérables pour véhiculer des idées, des comportements, afin de convaincre la personne identifiée ou le groupe ciblé pour arriver à leurs fins.

Le choix des mots du vocabulaire fait partie des stratégies pour modifier les comportements d’un groupe, et faire passer leurs idées ou même leurs idéologies. Il permet de rendre acceptables des choses qui ne le sont pas forcément d’après leur valeur du moment. Ce choix n’est pas neutre. Nous en voulons pour preuve le choix des thèmes des faits divers présentés dans les médias, qui ont pour conséquence de détourner l’information et de faire de la diversion. Les informations sont ainsi filtrées pour empêcher l’accès à la vérité et pour protéger certaines personnes de la colère qu’elles peuvent susciter auprès du lecteur ou du spectateur. Le langage utilisé par les médias est plein d’oxymores que savent bien utiliser les journaux. En période de propagande, les phrases sont bien choisies, élaborées et construites. Elles ciblent un public spécifique afin de lui montrer le caractère exceptionnel du message. Le manipulateur valorise les qualités exceptionnelles du public manipulé. On fait appel plus à l’émotion qu’à la réflexion, à ce qui peut entraîner une analyse rationnelle. Cette manœuvre de l’inconscient du groupe est travaillée pour introduire des pulsions, communiquer des attitudes et faire créer le trouble.

Tout est fait pour maintenir le public dans l’ignorance, pour le transformer et le rendre disponible. Pour des raisons autres que celles évoquées, l’armée américaine a fait croire au monde entier que les Irakiens détenaient la bombe atomique. Ce qui justifierait leur intervention dans le Golfe. Mais on apprendra quelques années plus tard, après l’exécution du président irakien, que le pays ne possédait pas de quantités d’uranium pour fabriquer des bombes menaçantes. Le maintien du public dans l’ignorance et la bêtise fait l’affaire de certaines classes sociales aisées qui ont un grand avantage à priver d’accès à la connaissance une catégorie sociale, aux nouvelles technologies, afin d’étendre leur contrôle sur eux et de mieux les exploiter. Ainsi perpétueront-ils l’ignorance et l’isolement des classes socialement inférieures. Le public ou le groupe est encouragé à se complaire dans la médiocrité pendant que la catégorie sociale aisée travaille, évolue et se développe.

Se considérer comme citoyen indépendant et libre de ses opinions suppose le refus de la démocratie octroyée. C’est parce qu’on dépend trop des autres qu’on est facilement manipulable. Il semble nécessaire de penser à renforcer et resserrer notre cadre de liberté. Les masses populaires se soustrairont des pièges et des contraintes du système par l’éducation, en confrontant les faits et les données observables aux connaissances et opinions actuelles. On se repose trop sur la démocratie en déléguant à nos élus le pouvoir d’agir en notre nom, mais force nous est de constater que la représentation nationale fait elle-même les frais du lobby manipulateur.

 Bienvenu H. Diogo 


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La kaz Tikok

23 avril, par Christian Fontaine

Promié tan, la kaz bann Biganbé navé dé piès minm parèy sad bann Maksimin, soman té kouvèr an tol. Malérèzman, siklone 48 la ni, la lèv lo ti (…)


+ Lus