Marmailles, arrêtons de nous battre pour le mariage : ce n’est qu’un champ d’orties

15 janvier 2013

Le mariage est un vieil engagement qui lie civilement et moralement deux êtres pour la vie. C’est par cet acte qu’on signe un pacte de fidélité l’un à l’autre. Et une fois établi et scellé, on se dit : tu es à moi et je suis à toi. En même temps diminue l’effort de plaire à l’autre, puisque ça y est, c’est gagné. On ne tente plus de se faire beau pour l’autre ou de distiller les petites attentions. Certes, on continue à entretenir le désir, mais la pression reste moins grande que lorsqu’on était juste concubins.
Aujourd’hui, on veut croire candide que se marier, c’est la certitude qu’on s’aime, on veut passer devant Monsieur le Maire ou Monsieur le Curé. Pourtant, il semblerait que le mariage ne soit plus un accomplissement en soi, même si pour certains il reste le prolongement des valeurs sociales. Mais à un moment donné, ça devient amusant lorsqu’on constate que certaines personnalités peuvent nous montrer des exemples désastreux : Johnny Hallyday, Elizabeth Taylor, ou autres…
Passer devant Monsieur le Maire ou Monsieur le Curé n’est plus forcément d’actualité, c’est ce que nous font savoir d’éminents intellectuels ou penseurs des quatre coins du monde. Mieux, ils proposent plusieurs alternatives au mariage des couples. Ces engagements de l’un vis-à-vis de l’autre, qui officialisent leur union, passent par la cohabitation légale (Pacs), par le maintien du couple autour de l’idée de l’enfant à protéger ou par la nouvelle façon de vivre en autonomie du couple appelée en anglais LAT (Living Apart Together). On note autant de couples pacsés que de couples mariés à la mairie. Le Pacs confère aux conjoints des droits proches de ceux d’une personne mariée. Derrière ces modes de fonctionnement en couple, on trouve l’engagement d’habiter dans un même logement, ceci concerne le plus souvent des couples de familles recomposées. On peut aussi avoir des enfants sans être marié, cela reflète l’évolution de notre société qui veut s’émanciper des conventions sociales. Par un consentement mutuel, le couple peut s’engager à vivre dans des appartements séparés et se voir le moment voulu. Le LAT est cette forme d’indépendance qui évite l’épuisement du couple dans la routine et l’activation du désir permanent. Ce mode de vie du couple, déjà très développé chez les artistes, prend essor de plus en plus auprès de jeunes couples, à l’image de notre société gagnée par l’individualisme et la mobilité.
Ces nouveaux engagements prennent de multiples formes, qui permettent de former ou de défaire plus facilement un couple, et d’adapter nos unions aux situations de vie que nous traversons.

L’amour et le mariage

C’est débile de vouloir lier deux êtres pour la vie. Vivre à deux ne signifie pas la confiscation de la liberté de mouvement et d’ouverture aux autres. Il est impossible de croire qu’on peut vivre des décennies aux côtés de la personne qu’on aime sans être attiré par le regard autre que celui de son partenaire du couple sans être tenté de tricher. Qu’il soit civil ou religieux, le mariage ne confère aucun caractère de fidélité. On est insensé à vouloir prononcer de vaines paroles d’amour, pour se déclarer amoureux, car parfois, certains êtres aimants ignorent les misères folies de passion dans lesquelles ils s’embarquent. Léon Blum* conseillait de faire le tour de la chose amoureuse avant de s’y essayer. De tous les temps, les femmes ont envie, comme les hommes, d’aventures. Mais sous le poids des conventions sociales et religieuses, toutes sont contraintes de se cacher pour vivre ces amours interdites. Elles ont envie de donner un coup de canif dans le contrat qui les lie à un individu par le mariage et qui les prive de ce désir de mâter et de craquer sur un beau mâle. Autant que les hommes, elles ont ce désir d’évasion et de jouissance qu’un amant pourrait leur apporter. Mais il en faut plus aujourd’hui pour les freiner. Le mariage est de moins en moins de mode et il est préférable que le couple qui s’engage à vivre ensemble établisse son propre contrat et choisisse parmi une source infinie l’amour qu’il peut vivre. Dans le couple, chacun vit une histoire particulière avec l’autre. C’est la raison pour laquelle les partenaires doivent régler avant tout le problème d’infidélité qui crée des tensions dans le couple et ne sert pas à sa construction. Le couple doit être capable de faire la part entre ce qui est du ressort de l’amour vrai et ce qui est de l’engagement contractuel du mariage. Toute réussite viendrait de la capacité à poser sur la base de la franchise les intentions de chacun à partager les désirs, les peurs et les jalousies quand elles peuvent apparaitre. Le couple fera durer tout de même son union si la sexualité demeure la sécurité. La relégation au second plan des relations extraconjugales parait nécessaire lorsque les besoins de l’autre et de la famille sont prioritaires, elle préserve la cohésion du couple. Il est vrai que l’amour ne se partage pas comme un sandwich, il faut éviter alors toute situation qui générerait des sentiments d’injustice.
« Tout doit être fait l’un devant l’autre, disait Léon Blum, tout laisser voir, mettre en commun toute la vulgarité ou tout le secret des habitudes corporelles ».

(A suivre)
* Léon Blum : “Du Mariage”, ed Albin Michel, Paris

Bienvenu H. Diogo


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