Une autre politique de l’art pour éviter un débat stagnant autour du financement (suite)

8 février 2012

Voici la suite du “Point de vue” publié mercredi dernier, 1er février.

Enseigner l’histoire de l’art ne répond pas aux exigences du « partage du sensible » (Jacques Rancière)

Rendre accessibles au grand nombre de citoyens les œuvres capitales de notre espace Réunion-Océan Indien devait constituer le souci de tous les acteurs culturels. Ainsi, le rapport à l’art, la construction culturelle de soi passeront par la pratique, par une relation sensible, développée et valorisée dès le plus jeune âge. Il faut un grand changement des mentalités, et surtout pour mettre à disposition des techniques et des moyens technologiques. Un changement qui façonnera de profondes mutations de rapports personnels et sociaux.
Là, il ne s’agit pas de permettre l’accès “aux œuvres”, comme le comprendraient certains, mais il est plutôt question de faire en sorte que les « œuvres œuvrent », pour paraphraser le philosophe Bernard Streigler. On doit par là reconnaitre qu’enseigner l’histoire de l’art n’est pas pareil que pratiquer l’art, c’est pour cela que la Région doit lutter pour le maintien d’artistes aux côtés des enseignants d’arts plastiques déjà peu nombreux. Les artistes ne méritent pas d’être snobés. Le défi aujourd’hui à relever est celui auquel Jules Ferry en son temps invitait la République à répondre.
Les villes ne doivent plus être muettes, elles doivent avoir une existence réelle et une représentativité, elles doivent faire entendre et parler La Réunion. La politique de l’art nécessite des moyens nouveaux, mais elle ne prendra sens que dans une réforme ambitieuse, avec des objectifs précis. En outre, la sous-représentativité des potentialités du patrimoine n’encourage pas à la découverte et à la connaissance de ce qui fait le fondement de l’esprit créole réunionnais, de sa créativité et de ses valeurs.
Pour la promotion de l’art accessible à tous, nous devrons confronter nos ambitions professionnelles au regard critique et aux attentes des concitoyens. En renouvelant le sens et les méthodes, c’est certain que nous retrouverons « le consentement à payer » sans lequel il ne peut y avoir d’actions viables. Nul ne doit être tenu en marge du patrimoine culturel commun, c’est pourquoi nous refuserons l’opposition caricaturale entre professionnels et amateurs, parce que tous exaltent, célèbrent et imaginent, rêvent l’humanité que nous voyons dans l’art ou les histoires que nous aimerions vivre ou revivre. Ici, il est question d’assembler les contraires autour et dans l’art, en impliquant les artistes comme les institutions culturelles dans les formations croisées. Ainsi, à ce prix, nous ressortirons des masses populaires sensibles à l’art. Ces conditions réunies ou réinventées, les budgets suivront.
Enfin, c’est en tissant de nouvelles relations entre l’État, la Collectivité territoriale, les professionnels et le citoyen qu’on pensera publiquement nos politiques de l’art et de la culture, et la façon de les écrire.

Bienvenu H. Diogo


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