Pas de tribune pour les auteurs de violences faites aux femmes

8 mars 2012

Dans un texte adressé hier à la presse, Sylvie Mouniata déplore qu’au moment où nous célébrons la Journée internationale pour les droits des femmes, un organisateur de festival musical décide de faire venir de France en tant que tête d’affiche une personne qui fait l’apologie des violences contre les femmes dans les paroles de ses chansons.

À la veille de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, j’aimerais attirer l’attention sur la venue de Orelsan, chanteur de rap, sur notre territoire, dans le cadre du festival du Sakifo.
Je suis vraiment outrée et consternée de voir que les organisateurs locaux sont prêts à accueillir un personnage de ce genre, quand on sait que son œuvre musicale n’a pour but que de dénigrer la femme. Un exemple, la chanson Sale p...
On ne peut qu’être choqué et révolté par cette chanson, qu’on qualifierait d’apologie sordide de la brutalité envers les femmes, d’une cruauté inouïe, voici un extrait :

« On verra comment tu fais la belle avec une jambe cassée,
On verra comment tu s… quand je te déboîterais la mâchoire
T’es juste une truie, tu mérites ta place à l’abattoir, t’es juste un démon déguisé en femme, j’veux te voir brisée en larme, j’veux te voir rendre l’âme, j’veux te voir retourner brûler dans les flammes, j’ai les nerfs en pelote sale P… j’vais te mettre en cloque sale P… et t’avorter à l’opinel… »

Comment peut-on balayer d’un simple geste des sentiments de femmes victimes de violence pour apparenter un succès à de simples prestations de style ?
En France, et y compris malheureusement à La Réunion, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon, et les mots employés dans cette chanson d’Orelsan sont discriminants et ignobles. De tels propos déshonorent la femme et constituent une insulte intolérable qui doit être dévoilée, dénoncée et condamnée. Le texte décrit en termes crus divers actes de violences physiques dont l’auteur menace une femme. Aucune femme ne peut entendre ces paroles sans frémir.
Ses paroles encouragent des comportements qui franchissent les limites envers les femmes. Elles sont la traduction d’horreurs que certains peuvent ressentir sous le coup de la haine et de la colère.

Une telle violence faite aux femmes est encore aggravée à La Réunion. Quand on connaît le tissu économique et social très fragilisé par le fort taux du chômage, qui touche en particulier les jeunes ; les nombreuses demandes de logement qui ne sont pas satisfaites ; la vie chère ; les inégalités et autres, on ne peut pas rester insensible et passif face à une telle agression.
Les émeutes de ces derniers temps ont révélé certes une révolte, un ras-le-bol, mais nous ne pouvons tolérer qu’on aggrave encore plus le quotidien des familles en propageant en quelque sorte des messages qui incitent à la violence.

Cette chanson, pour certains, est peut-être une fiction. Ses paroles, elles, sont bien réelles. Et malheureusement, les propos misogynes de ce rappeur sont repris par des enfants de 8 à 10 ans. Il est très déplorable que les organisateurs du Sakifo, conscients des drames des milliers de femmes victimes de violences dans notre pays, aient jugé opportun de programmer un tel personnage.
Et puis, il faut qu’on nous explique pourquoi il est tolérable d’exprimer des préjugés ou de la haine envers les femmes, alors que c’est fort heureusement impossible, voir interdit envers toute autre communauté ou type d’individu.

Tout cela est d’un niveau très affligeant. Dire que pendant ce temps-là, il y a chez nous à La Réunion des artistes qui ont du mal à être produits sur la scène du Sakifo. Il n’y a-t-il pas là aussi une discrimination ?
J’en appelle à la responsabilité de nos dirigeants et décideurs locaux pour qu’ils prennent immédiatement une décision quant à la venue de cette personne à La Réunion pour le spectacle du Sakifo.

Sylvie Mouniata
Militante du PCR


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