Histoire

Deux projections de films qui sont des rendez-vous avec des crimes contre l’humanité

Rencontres et débats autour des "Zoos humains" et de "La République coloniale"

17 novembre 2003

Dans le cadre de son travail d’information et d’échanges, l’Association pour la Maison des Civilisations et de l’Unité Réunionnaise (AMCUR) organise une série de conférences-débats sur le thème ’Héritages et Réunionnisation’, depuis le second trimestre 2003. Après les héritages indiens en mai, malgaches en juin, comoriens en juillet, chinois en octobre, ce sont les héritages européens qui sont présentés et débattus avec Claude Wanquet, Joël De Palmas, Jean-Marc Lardoux. Une première conférence-débat a eu lieu sur ce thème vendredi dernier à Saint-Joseph. Nous en rendrons compte dans une prochaine édition. Une seconde conférence aura lieu mercredi prochain à 18 heures à la Médiathèque de Sainte-Marie.
Parallèlement, l’AMCUR présente un film, ’Zoos humains’, et des débats avec l’historien Pascal Blanchard ce soir à l’amphithéâtre Genevaux sur Saint-Denis et demain à l’université du Tampon de 18 heures à 21 heures. Une première diffusion du film ’Zoos humains’ a déjà eu lieu au Port, à la médiathèque Benoîte Boulard, samedi soir. Cette rencontre avec Pascal Blanchard intervient à l’occasion de la sortie de son livre intitulé ’La République coloniale. Essai sur une utopie’, écrit avec Nicolas Bancel et Françoise Vergès chez Albin Michel en octobre dernier. L’Association présente ci-dessous l’intérêt de cette manifestation.

Les zoos humains, symboles oubliés de l’époque coloniale, ont été totalement refoulés de notre mémoire collective. Ces exhibitions de l’exotique ont pourtant été en Occident une étape majeure du passage progressif d’un "racisme scientifique" à un "racisme populaire". À partir de la fin du 19ème siècle, elles ont touché des dizaines de millions de spectateurs (400 millions selon les estimations les plus basses) de Paris à Hambourg, de Londres à New York, de Varsovie à Milan, de Moscou à Porto.
Légitimées par la science, ces exhibitions "anthropozoologiques", où des individus exotique mêlés à des bêtes sauvages étaient mis en scène derrière des grilles ou des enclos, pour un public avide de distractions, constituent la preuve évidente du décalage entre discours et pratique au temps de l’édification des empires.
Mesurés par les savants, exploités dans les cabarets et les plus grandes salles de music-hall, utilisés dans les expositions officielles, ces hommes, ces femmes et ces enfants venus des colonies devenaient les figurants d’un imaginaire et d’une Histoire qui ne sont pas les leurs.

La spectacularisation de l’Autre

Le film "Zoos Humains" est issu de trois années de recherche internationale et pluridisciplinaires. Il est le fruit d’un travail scientifique et de documentation important commencé en janvier 1999, synthétisé lors du colloque international de Marseille en 2001 avec les 50 meilleurs spécialistes internationaux, diffusé lors du cycle de conférences à l’Institut du Monde Arabe et regroupés dans le livre "Zoos humains". Le film "Zoos humains" met en perspective la spectacularisation de l’Autre, une mise en spectacle à l’origine de bien des stéréotypes actuels et aussi, dans une mesure trop méconnue, de la construction de l’identité occidentale. À travers cinq parties spécifiques, des origines aux perspectives, l’œuvre propose une lecture en profondeur, transnationale et multidisciplinaire, d’une Histoire méconnue.
Cette partie de l’Histoire coloniale n’est pas sans nous rappeler que La Réunion, terre de colonisation, n’a pas échappé à cette démarche raciste. Le racisme colonial n’est pas une vue de l’esprit mais aussi une réalité réunionnaise. La monstration de l’Autre a existé ici. Nous avons en mémoire l’ouvrage "Chambre Noir - Chants obscurs", qui montre les photographies anthropométriques de Désiré Charnay prises au 19ème siècle sur les Réunionnais (engagés indiens, africains, malgaches, anciens esclaves, chinois, métis...). Elles étaient destinées à l’observation et sont restées au Muséum de Saint-Denis avant d’être découvertes en 1994 par un artiste peintre.
C’est là un héritage qui peut aider, si nous voulons le regarder, à comprendre l’origine et les formes du racisme à La Réunion. C’est aussi la mise en lumière d’une trajectoire inexorable du voyeurisme, de la représentation s’agissant de l’Autre.


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