La section communiste du Port pleure son ’fidèle parmi les fidèles’

Christian Maillot nous a quittés

23 octobre 2018, par Alain Dreneau

Christian Maillot sur un marché forain du Port, un militant exemplaire.

Christian Maillot nous a quittés. En cette fin de nuit de dimanche à lundi, notre camarade a cessé de vivre, de façon si soudaine qu’il laisse le grand cercle de ses amis désemparés et plongés dans le chagrin. Christian aurait eu 81 ans en décembre prochain. Sa vie aura été depuis sa plus tendre enfance un exemple de résilience extraordinaire face aux terribles épreuves qu’il a traversées. Et ce destin qui aurait pu donner un homme aigri et enfermé sur soi nous a donné au contraire le plus bienveillant, le plus fidèle et le plus altruiste des camarades.

Christian, c’était la présence militante sans faille, avec le perpétuel sourire, toujours disponible, toujours dévoué, en toutes circonstances. Porte-à-porte dans son quartier de la Sidr et dans les autres quartiers du Port, marchés forains du mercredi et du vendredi, rassemblements et réunions, tout était terrain d’action pour lui.
Son engagement politique se sera traduit par trente-sept belles années au service des Portois, comme conseiller municipal de 1977 à 2014. Une longue séquence de sa vie. Une longue expérience où tout le monde a pu apprécier ses qualités humaines et son attachement à sa commune du Port.

C’est également dans le monde associatif que Christian s’est investi sans ménager sa peine. "Cheville ouvrière" du Comité des chômeurs et des mal-logés depuis sa création, vice-président de l’Opiapa, adhérent toujours sur la brèche de l’Association générale Réunionnaise des Retraités… On ne compte plus les heures qu’il donnait chaque jour, chaque semaine pour ses concitoyens.

L’hommage qui lui est rendu est unanime. La veillée se tiendra sur deux jours, lundi et mardi. Dès ce lundi matin, une délégation de la direction du Parti Communiste Réunionnais – composée d’Elie Hoarau, Yvan Dejean et Ary Yee Chong Tchi Kan – est venue exprimer ses condoléances à la famille de Christian. Les obsèques auront lieu mercredi 24 octobre. Le lieu et l’heure seront précisés dans la matinée de mardi.
C’est avec un grand attachement à notre camarade disparu, que tous les membres de la section P.C.R. du Port entourent de leur solidarité attristée la femme de Christian, Michelle, ses enfants Philippe, Frédéric et Christine, ainsi que les autres membres de la famille.

Pour la section P.C.R. du Port,
Alain Dreneau


Nous avons pensé qu’une bonne façon de rendre hommage à notre regretté camarade Christian Maillot pouvait être de reproduire des extraits d’un article donnant le récit de sa vie, écrit dans ’Témoignages’ par Jean-Fabrice Nativel en 2006.

Christian Maillot aide et accompagne les plus démunis

Christian Maillot, depuis de nombreuses années, opère au Comité de chômeurs et des mal-logés du Port. Ce retraité de la marine marchande a vécu sous les ponts pendant longtemps.

Christian Maillot est né à la Mare à Poules d’Eau à Hell-Bourg Salazie le 21 décembre 1937. La mort de sa mère - qu’il n’a pas connue -, le nouveau mariage de son père, les brimades quotidiennes, le labeur des terres, sa non-scolarisation, l’encouragent à quitter le toit familial. Il trouve refuge sous le pont de la rivière du Mât situé non loin de la route de Salazie, dans les champs de canne et dort de case en case.
Un beau jour, il rencontre un “bienfaiteur”. Il habite le coin et il lui offre l’hospitalité. Mais dès le lendemain à 4 heures, il le réveille pour la corvée d’eau. Il l’achemine de la fontaine publique aux citernes. Puis, il la déverse aux animaux. Tous les jours à 11 heures, il quitte cet endroit et se dirige vers la Ravine Creuse, à pieds, pour livrer le dîner au “bienfaiteur”. Lors de la coupe canne, dès 2 heures, ce dernier l’embarque dans le camion qui le transporte vers les terres situées à Sainte-Anne.

Destination : Saint-Denis

À aucun moment, il ne voit la couleur de l’argent qui lui est pourtant destiné. Il prend son courage à deux mains et continue à servir ce “bienfaiteur”. Il connaît deux semaines de vrai bonheur quand il prépare sa communion à l’église de Saint-André. Il est aux anges, mange à sa faim et il est surtout aimé. Le jour de cet évènement, le bienfaiteur le contraint à livrer des bouteilles de lait. Il effectue la tâche le cœur gros et pleure tout le long du chemin.
Un jour, il lui donne de l’argent pour l’achat d’un chapeau. Il descend vers Saint-André tout en sifflotant. Il s’informe auprès des passants sur la destination Saint-Denis. Sans chapeau, il débarque en train à la capitale. Il rend visite à un proche, capitaine des pompiers. Une nouvelle fois, il raconte sa situation. Il lui propose de loger chez lui et de s’occuper en priorité de la maison, des enfants et surtout de laver le linge.

750 francs CFA par mois

À 13 ans, il décide de frapper à la porte du garagiste “Loulou Ismaël” situé à proximité de l’Église de l’Assomption. Il veut apprendre le métier de mécanicien et le garagiste consent à donner une chance à l’adolescent. Mais il s’occupe essentiellement et une nouvelle fois des tâches ménagères. Il reprend son baluchon, va au garage Goulam de la rue Jules Aubert, où il renouvelle sa demande de se former à ce métier. Il devient peintre et apprend sur le tas le métier de soudeur, le véritable premier métier de Christian Maillot. Il loge dans une cabane ou il dort sur un matelas de guenilles à l’intérieur duquel se trouve des chiendents. Ce garagiste le paie 750 francs CFA. "Une misère", dit Christian Maillot. Mais c’est mieux que rien !

Patron de vedette

À cette époque, il lie connaissance avec un certain “Lebrasse”, représentant des dockers au Port. Il lui demande s’il porte de l’intérêt à la mer. Christian Maillot répond "oui". Le 22 novembre 1959, il l’embauche comme matelot sur la vedette de pilotage. Puis, il devient “patron de vedette”. Il conduit les pilotes au bateau pour qu’ils effectuent les manœuvres d’entrée et de sortie du Port. Il perçoit 11.000 francs CFA. Durant 35 ans, il exerce ce métier. et il se souvient du jour où un pilote tomba à la mer. Il le secourut malgré les eaux mouvementées. Malgré une enfance et une adolescence difficiles, Christian Maillot soutient les plus démunis pour une meilleure vie.

Jean-Fabrice Nativel

A la Une de l’actuParti communiste réunionnais PCR

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Messages

  • c’est un homme exemplaire,qui a su se débrouillé seul depuis son jeune age.Il a réussi à se tirer d’affaire dans la vie.Sa bonté et son coté humain a été apprécié par tous ses proches.Une fois il m’a raconté tout ce qu’il a subi dans son enfance,cela m’a touché énormément.Nous perdons un précieux camarade.Mes condoléance à toute sa famille.

  • J’adresse mes sincères condoléances à la famille de Christian Maillot et à mes camarades de la Section PCR du Port. Paul

  • J’ai eu la chance de connaître Christian Maillot. C’était un fervent militant et une personne d’une très grande gentillesse, toujours souriant et prêt à aider les autres. Un bon "kasseur les kui" aussi, il aimait faire rire.
    Je l’appréciais beaucoup et j’ai été très triste d’apprendre sa disparition. Au PCR nous perdons (encore) un grand camarade. J’adresse toutes mes condoléances à sa famille ainsi qu’aux camarades du Port à qui il va manquer.


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