Il était une fois... Evariste de Parny (3eme partie)

Un poète au cœur des débats de son époque.

Épitre aux "insurgents" de Boston

26 août 2008

En 1777, Parny est de retour à Paris et à peine y est-il qu’il prend partie pour les "insurgents" de Boston, révoltés américains en lutte contre le colonialisme anglais. Cette prise de partie se fait sous la forme d’une épître où il manie l’ironie à l’encontre de la couronne britannique Ainsi écrit-il des vers à l’ironie mordante comme ceux qui suivent :
« Parlez-donc, messieurs de Boston ?/Se peut-il qu’au siècle où nous sommes,/Du monde troublant l’unisson,/Vous vous donniez les airs d’être hommes ?/On prétend que plus d’une fois, /Vous avez refusé de lire/Les billets doux que Georges II/ Eut la bonté de vous écrire. »
Mais, Parny ne prend pas seulement pour cible la couronne britannique, il écrit en fait un pamphlet à l’encontre de tous les régimes qui étouffent les libertés. et le passage qui suit en est l’illustration :
« L’inexorable tyrannie/parcourt le docile univers/Ce monstre sous des noms divers,/Écrase l’Europe asservie ;/Et vous, peuple injuste et mutin/Sans pape, sans roi et sans reine/Vous danseriez au bruit des chaînes/qui écrasent le genre humain ? »
Cette épître aux "insurgents" aurait pu valoir à son auteur d’être embastillé s’il n’avait pris la précaution, comme c’était d’usage à l’époque, de taire sa véritable identité.

Les chansons madégasses

En 1783, Parny est de retour dans son île natale car, son père étant décédé, il vient pour régler des problèmes de succession. Il est alors l’aide de camp du gouverneur général dans l’Inde. C’est là qu’il réunit les matériaux nécessaires à la "traduction" des chansons madégasses. Pourquoi traduction ? Parce que lui-même à la parution de cette œuvre a prétendu n’en être que le traducteur. D’une œuvre que personne n’a retrouvée.
En fait, comme pour l’épître aux "insurgents" de Boston, il s’agissait d’une méthode courante à l’époque puisqu’utilisée par le grand écrivain écossais James Macpherson écrivant lui-même sous le pseudonyme Ossian.
Dans cette œuvre en proses, il s’en prend aux esclavagistes européens, coupables à ses yeux d’avoir remplacé un ordre social bon et vertueux par un ordre inhumain et cruel où l’homme devient l’objet d’un commerce et réduit à l’état de bétail utilisé pour sa force de travail.
Dans le chant numéro cinq, on peut lire :
« Méfiez-vous des blancs, habitants des rivages. Du temps de nos pères,des blancs descendirent dans cette île ; on leur dit : voilà des terres, que vos femmes les cultivent. Soyez justes, soyez bons et devenez nos frères ; Les blancs promirent et cependant ils faisaient des retranchements... Le tonnerre fut refermé dans les bouches d’airain ; leurs prêtres voulurent nous donner un dieu que nous ne connaissions pas ?...Le carnage fut long et terrible... »
Le chant numéro IX raconte l’histoire d’une femme qui « traînait sur le rivage sa fille unique pour la vendre aux blancs ». sa fille l’implore de n’en rien faire mais ses prières sont infructueuses : « O, ma mère », lui dit-elle, « que deviendrais-tu sans moi., L’argent que tu vas recevoir ne te donnera pas une autre fille. »
Les chansons madégasses sont aussi des chants d’amour. Au chant 12, on peut lire ce qui suit :
« Que le sommeil est délicieux dans les bras d’une maîtresse ! Moins délicieux pourtant que le réveil. Tu pars et je vais languir dans les regrets et les désirs. Je languirai jusqu’au soir. »
Cette œuvre de Parny reçoit un bon accueil des milieux parisiens d’autant que les chansons madégasses sont l’œuvre d’un écrivain déjà connu et apprécié ; Mais d’ores et déjà on peut souligner ce qui sera la constante de l’œuvre de Parny : la réunion de la poésie élégiaque et des combats pour des idéaux, la poésie associée aux idées des philosophes du dix-huitième siècle.

A suivre

G.Gauvin


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