26 juin 1913-26 juin 2013 : centenaire de la naissance d’Aimé Césaire

« Les jeunes Nègres d’aujourd’hui ne veulent ni asservissement, ni ’assimilation’, ils veulent émancipation... »

29 juin 2013, par Jean Fabrice Nativel

Le doux visage d’Aimé Césaire flotte sur la face entrée de la Médiathèque éponyme du Beau Pays depuis le mercredi 26 juin. Ce jour, cette fresque du politicien, poète et humaniste a été dévoilée à La Réunion. 2013 a été décrétée l’année de cet anticoloniste.

« Je suis de la race de ceux qu’on opprime ». Signe cette phrase Aimé Fernand David Césaire ou Aimé Césaire, fils de la Martinique. À Basse-Pointe, il naît, son père est comptable et sa mère couturière. Il a des frères et sœurs, et son grand-père a été le premier enseignant noir de cette colonie française.

Il réalise une scolarité dans un temps chez lui et dans un autre à Paris. C’est au Lycée Louis Le Grand à Paris qu’il rencontre et lie amitié avec Léopold Sédar Senghor, Sénégalais, son aîné. C’est aussi à ce moment qu’au contact de Léon Gontran Damas, Guyanais, ils « découvrent progressivement une part refoulée de l’identité martiniquaise, la composante africaine dont ils prennent progressivement conscience au fur et à mesure qu’émerge une conscience de la situation coloniale ».

« La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir… »

Un mot revient lorsque l’on parle de ce révolté : la négritude. Terme qu’il crée vers 1936 et que l’on retrouve dans les feuilles de “l’Étudiant noir”, un journal qu’il co-fonde à Paris. Et dans un des premiers poèmes de Léopold Sédar Senghor, “Le Portrait” :

« Il ne sait pas encore

L’entêtement de ma rancœur aiguisé par l’Hiver

Ni l’exigence de ma négritude impérieuse... »

Selon l’homme de lettres : « La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture ». ( Liberté 3 , pp. 269-270.)

Il s’agit d’une profonde remise en cause culturelle du Martiniquais, « ma négritude n’est pas une taie d’eau morte ruée contre la clameur du jour ». Elle se noue à celle de Senghor : «  Ma Négritude point n’est sommeil de la race, mais soleil de l’âme, ma négritude vue et vie

Ma Négritude est truelle à la main, est lance au poing Réécade ».

Un combat culturel pour l’émancipation

En fait, la négritude est un combat culturel pour l’émancipation, comme le couche Aimé Césaire dans “l’Étudiant noir” : «  C’est pourquoi la jeunesse noire tourne le dos à la tribu des Vieux. La tribu des Vieux dit : Assimilation. Nous répondons : Résurrection.

« Que veut la jeunesse noire ?... Vivre. Mais pour vivre vraiment, il faut rester soi... Les jeunes Nègres d’aujourd’hui ne veulent ni asservissement, ni "assimilation", ils veulent émancipation... ».

Cette année a été décrétée l’année Césaire qui s’éteint en 2008. À l’occasion du centenaire de sa naissance, une série de rendez-vous a été orchestrée en hommage à cet ami des surréalistes et des communistes. La Réunion salue le rapporteur de la loi faisant des colonies de Guadeloupe, Guyane française, Martinique et La Réunion des départements en 1946.

Depuis mercredi 26 juin, son portrait s’affiche sur la face Est de la Médiathèque de Sainte-Suzanne au nom de cet humaniste. Officiellement, elle a été présentée au monde. Dans son propos de bienvenue, Maurice Gironcel, maire du Beau Pays et président de la CINOR, aux côtés de ses homologues, a salué la mémoire de ce militant inlassable de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. En bref, des Droits de l’Homme.

Aimé Césaire

« ma négritude n’est pas une pierre, sa surdité
ruée contre la clameur du jour
ma négritude n’est pas une taie d’eau morte ruée contre la clameur du jour
ma négritude n’est pas une taie d’eau morte
sur l’œil mort de la terre
ma négritude n’est ni une tour ni une cathédrale
elle plonge dans la chair rouge du sol
elle plonge dans la chair ardente du ciel
elle troue l’accablement opaque de sa droite patience. »

“Cahier d’un retour au pays natal”
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