Changement climatique

Mettre en œuvre le développement durable

Une question de survie pour l’humanité

7 septembre 2003

Sous le titre ’Faire face à l’agression climatique’, un article de Jean-Paul Besset paru dans ’le Monde’ du 9 août dernier démontre que le changement climatique amène l’humanité a relever un grand défi : changer profondément et rapidement ses comportements si elle veut survivre.

Progressivement, l’exceptionnel devient ordinaire. Et la canicule qui saisit en ce moment l’Europe à la gorge quitte la rubrique des faits divers pour devenir un fait majeur de société. À coups d’incendies, de vagues de chaleur, de pollution atmosphérique, d’assèchement des sols et des fleuves et demain d’inondations brutales et de tempêtes de type tropical, la météo sauvage qui secoue nos pays de cocagne, traditionnellement tempérés trois périodes de chaleur record au cours de trois mois consécutifs, se présente comme une réalité abrupte qu’il faut interroger.
Ne constitue-t-elle pas un signe supplémentaire d’une modification en profondeur des conditions de la vie sur terre ? Les symptômes d’un gigantesque remue-ménage s’accumulent. « Les phénomènes météorologiques et climatiques atteignent des niveaux records », constate l’Organisation météorologique mondiale (OMM), et leur nombre n’a cessé de « s’accroître ces dernières années ».
L’humanité se trouve bel et bien agressée par un dérèglement climatique majeur qui s’accélère et se généralise. Imprévisible, le phénomène, provoqué par un réchauffement planétaire que les observations scientifiques et humaines les plus diverses confirment, entraîne avec lui une foule de questions sur l’avenir de nos sociétés, bousculant le cadre de nos habitudes et de nos pensées y compris ce qui passe aux yeux de tous pour immuable et indépassable. Système économique, approvisionnement énergétique, modes de production, moyens de transport, organisation collective, comportements sociaux et modes de vie sont concernés.

Les questions essentielles

La crise climatique confronte l’humanité et ses civilisations à un défi redoutable : comment allons-nous vivre désormais avec un climat qui se retourne contre les humains ?
Comment et dans quel sens allons-nous réagir, rapidement et radicalement si possible, sous peine peut-être, de mettre en cause notre survie ? La répétition et l’intensité des phénomènes climatiques extrêmes mènent une sarabande effrénée sur l’ensemble des continents et des océans. Plus on rapproche des pays les plus démunis du Sud, plus ce chamboulement ressemble à une danse de mort.
Canicules et inondations se succèdent, tempêtes et sécheresses se combinent. L’alternance rapprochée de catastrophes dites naturelles provoque une spirale de déséquilibres. Le nombre de victimes silencieuses et anonymes s’accroît. Les dégâts sur l’écosystème planétaire s’intensifient. Ils entraînent un cortège d’épidémies résurgentes, d’immigrations forcées, de réfugiés sans issue, de désertification massive, d’appauvrissement des sols, d’épuisement des rendements, de pénurie d’eau, de destruction des forêts, d’extinction des espèces...

Les questions qui fâchent

La plupart des politiques désignent désormais le réchauffement climatique comme un des principaux ennemis de l’avenir. On se souvient du fameux « la maison est en feu » de Jacques Chirac au sommet de Johannesburg. Et la communauté internationale a pris à Kyoto, en 1997, une décision historique : celle de réduire l’émission des gaz à effet de serre. Pour la première fois, une logique de décroissance a été introduite au cœur du système productif, à contre-courant du dogme récurrent de la croissance permanente. La prise de conscience semble progresser, et chaque nouveau coup de boutoir climatique la renforce. Au niveau des discours et des postures surtout.
La communauté scientifique, quant à elle, s’interroge encore sur l’origine du phénomène. À quoi ou à qui doit-on le retournement climatiques. À un de ces soubresauts naturels de la machine terrestre qui, à l’échelle de l’histoire géologique, ont déjà précipité des changements spectaculaires à coups de glaciations ou de réchauffements ? Ou à l’espèce humaine et à ses activités ? Les études tendent à montrer que la seconde hypothèse est la plus probable. Les rapports de la Commission intergouvernementale sur les changements climatiques (IPCC) de l’ONU, l’autorité la plus fiable en la matière, se font de plus en plus précis et accusateurs.
N’y a-t-il pas coïncidence troublante entre l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre, la hausse des températures moyennes et le dérèglement actuel ? Le pire est peut-être à venir si le réchauffement en cours s’emballe après avoir libéré les énormes quantités de gaz à effet de serre (carbone et méthane) piégées dans les océans ou les terres gelées du Nord (le permafrost). Après tout, il n’a fallu qu’une augmentation moyenne de 7° C de la température pour que les dinosaures disparaissent. Aujourd’hui, l’IPCC évalue l’augmentation possible jusqu’à 6° C. Le débat continue sur les causes mais, en tout cas, plus personne ne met en doute le phénomène de réchauffement et de dérèglement.

L’importance du développement durable

Et, quoi qu’on en pense, il va falloir maintenant vivre avec. C’est-à-dire avec les révisions que cela impose. La vie, qui est robuste et qui a fait la preuve depuis quelques milliards d’années de sa faculté de résistance, et sans doute capable de s’adapter. Même si, cette fois, le changement est infiniment plus rapide -quelques dizaines d'années- qu’il ne l’a jamais été par le passé plusieurs milliers d’années. L’être humain le pourra-t-il ? La crise climatique l’invite à un douloureux effort de modestie. N’est-il pas, somme toute, qu’une des manifestations multiples de la vie ? Un invité surprise parmi d’autres ? Bien plus fragile que nombre d’autres espèces ?
Plutôt que d’entretenir l’illusion prométhéenne d’une capacité supérieure à dominer tout ce qu’il touche, plutôt que de croire que le progrès finira toujours l’emporter et que de nouvelles technologies parviendront un jour à réinventer l’eau, l’air et la terre, ne doit-il pas chercher le chemin d’une Histoire collective soucieuse d’équilibre, de durabilité, de maîtrise et de réconciliation avec son environnement.

Des ruptures décisives

C’est là qu’interviennent les questions qu’il va bien falloir poser. Elles concernent tous les domaines, qu’elles renvoient aux grands choix stratégiques ou aux minuscules comportements individuels. Si l’humanité est responsable du réchauffement climatique et si elle veut interrompre le bouleversement en cours ou le ralentir, des ruptures décisives s’imposent.
Oui, il faut consommer moins, se déplacer autrement, économiser les ressources, produire autrement, éviter le gaspillage... Oui, prévention, précaution, réparation, recyclage, décroissance et économies sont les clés de l’avenir. Se traduiront-elles en autant de politiques ? Ce serait introduire l’idée de limite au cœur de l’activité humaine. A contrario du consensus de la pensée contemporaine autour de la fuite en avant et vers le toujours plus.

Conséquence de la canicule
Pollution record au mois d’août en France
La canicule a entraîné une pollution record à l’ozone en France, sans équivalent depuis le début des mesures de qualité de l’air en 1991, selon un premier bilan publié vendredi par le ministère de l’Ecologie. Du 1er au 14 août, la valeur de 180 microgrammes par mètre cube d’air, qui déclenche l’information du public, a été dépassée sur quasiment toute la France. Ce seuil a été systématiquement dépassé tous les jours en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA). Quasiment aucune région n’a été épargnée. L’Ile-de-France, la région Centre, l’Alsace et PACA ont été particulièrement touchées avec une moyenne des valeurs maximales supérieure à 220 microgrammes par mètre cube. Les Franciliens et les habitants de la région de Marseille ont respiré un air très pollué (240 microgrammes/mètre cube) pendant respectivement 30 heures et 20 heures cumulées du 1er au 14 août.

Au Conseil national de l’air qui a estimé que « les autorités françaises n’avaient pas été à la hauteur », Roselyne Bachelot répond dans un communiqué qu’en plus des procédures d’information régionales, se sont ajoutées « les mises en garde nationales » décidées par son ministère les 4 et 18 août. Le président du Conseil national de l’air Jean-Félix Bernard, avait estimé plus tôt qu’« il aurait fallu une véritable campagne d’information, y compris à la télévision pour mettre en garde les personnes fragiles et appeler au civisme : ces jours là, la voiture tue ».

Le Mont-Blanc sous surveillance
Une expédition composée de 19 scientifiques, étudiants, géomètres experts et guides a effectué vendredi et samedi une nouvelle mission de mesures au sommet du Mont-Blanc. Objectifs : étudier et modéliser en trois dimensions, par mesures GPS et photogrammétrie terrestre, la calotte de glace recouvrant le Mont-Blanc. Son épaisseur, évaluée entre 30 et 40 mètres par les glaciologues, a dû souffrir de la canicule.
On pense que le Mont-Blanc bouge tous les ans de 2 ou 3 millimètres mais on ignore s’il se rapproche ou s’éloigne de l’Italie. Il y a deux ans, les géomètres experts de Haute-Savoie avaient mesuré le Mont-Blanc avec les moyens les plus modernes et avaient annoncé que la taille du toit de l’Europe était de 4.810 mètres et 40 cm et non pas 4.807 mètres comme on le croyait auparavant. Les premiers résultats de ces observations seront rendus public lors d’une table ronde à Saint-Gervais (Haute-Savoie), le 17 octobre. Une mission topographique est envisagée dorénavant tous les deux ans afin d’étudier régulièrement l’évolution du sommet.

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