Le calendrier scolaire à La Réunion illustre un système à bout de souffle. En effet, jadis les grandes vacances allaient de décembre à fin février, car c’était et c’est dans cette période de la saison des pluies que le risque de cyclone est le plus élevé.
Mais au fur et à mesure des années, les grandes vacances de la saison des pluies ont été rabotées au profit des petites vacances d’hiver. Actuellement, la durée des vacances d’hiver est quasiment aussi longue que celles d’été. Des arguments soi-disant pédagogiques sont invoqués pour justifier ce calendrier scolaire inadapté.

Pourquoi une telle assimilation ?

Tout d’abord, ses partisans affirment qu’une trop longue coupure durant l’année scolaire nuit à la qualité de l’apprentissage. D’où cette idée de réduire la durée des grandes vacances.
Ce problème de coupure peut facilement être résolu : il suffit de déplacer le début de l’année scolaire fin février-début mars et de la terminer en décembre. Ainsi comme dans la plupart des pays, le début de l’année scolaire débutera après les grandes vacances d’été.
Ce type de calendrier est en vigueur en Kanaky Nouvelle-Calédonie, un autre territoire de l’hémisphère Sud encore sous souveraineté de la République française.
Autre argument des partisans du calendrier inadapté : être en cohérence avec le calendrier scolaire français. Ceci permet de faciliter la mutation d’enseignants à La Réunion, car la rentrée dans notre pays se situe deux semaines avant la rentrée en France. Cela a d’ailleurs permis à plusieurs ministres de l’Éducation nationale de venir en voyage à La Réunion pour une séquence médiatique les montrant au travail alors que la rentrée n’avait pas encore eu lieu en France.

Le suivi des études en France : un faux problème

Une « continuité pédagogique » est également invoquée par les partisans du calendrier scolaire inadapté. Placer la fin de l’année scolaire au cœur de l’hiver permet de faciliter la rentrée de ceux qui veulent poursuivre leur formation initiale en France.
Malgré tout, ce sont au total plus de 200 000 jeunes qui subissent un calendrier inadapté, alors que le nombre de nouveaux départs d’habitants de notre île pour devenir étudiants en France représente à peine 1 % de ce total.
Si le calendrier scolaire était adapté à La Réunion, alors la fin de l’année se situerait en décembre. Les candidats à l’exil devraient attendre un peu plus de 9 mois pour être intégré dans un cursus en France.
Bénéficier de ces mois de répit pour préparer une installation dans un pays au bout du monde, situé de l’autre côté de l’immense Afrique, pourrait être un enrichissement. Cette période pourrait être mise à profit pour que ces étudiants puissent accomplir un stage de longue durée afin de préciser leur projet professionnel. Une autre possibilité serait également de suivre des cours complémentaires afin de mieux prendre conscience des exigences demandées à un universitaire, ce qui permettra d’améliorer la réussite aux examens.
Ces Réunionnais bénéficieraient d’une expérience supplémentaire de près d’une demie-année sur leurs camarades français qui entrent dans l’enseignement supérieur. Ce bonus peut donc favoriser leur intégration en France et leur réussite.

Quelques avantages d’un calendrier scolaire adapté

Le calendrier scolaire réunionnais aura surtout d’importants avantages. Tout d’abord, il évitera les cours au cœur de la saison cyclonique et pendant les semaines les plus chaudes de l’année.
Il permettra aussi aux élèves de bénéficier de plus de cours en hiver, saison sèche et moins chaude plus propice aux apprentissages.
A n’en pas douter, ce calendrier permettra de favoriser la réussite scolaire des Réunionnais en améliorant la qualité de l’apprentissage. Pourquoi Paris continue-t-il de s’opposer au bon sens ?

M.M.