Assises du tourisme

Que penser du tourisme culturel ?

9 septembre 2008

« Routard amateur de culture cherche destination, un pays accueillant pour passer des vacances à découvrir des beaux sites historiques, de nombreux musées, des restaurants gastronomiques, des concerts locaux de qualité, des paysages verdoyants et apprendre la poterie ». Qu’il vienne à La Réunion ! De nombreuses initiatives nourrissent ici le développement d’un secteur en devenir, le tourisme culturel.

Si le tourisme et la culture ont des compétences complémentaires, comment faire pour que les deux filières travaillent mieux ensemble ?
(photo Toniox)

On sait ce que veut dire tourisme. Mais, tourisme culturel ? « La culture est un phénomène tellement large et complexe qu’une définition claire du tourisme culturel en devient impossible et peut même s’avérer inutile » prévient Tomasz Studzieniecki, référence en économie du tourisme. La charte de Malte sur le tourisme culturel donne néanmoins une définition intéressante. Ce serait un tourisme régional, national, et international, dont l’objectif est, entre autres, de découvrir et d’apprécier les monuments et sites historiques, à savoir le patrimoine culturel bâti (mobilier et immobilier), mais aussi les paysages culturels, dans les destinations touristiques et de faire l’expérience des lieux et des activités qui reflètent authentiquement l’histoire culturelle des communautés d’accueil. Oublie-t-on consciemment le patrimoine immatériel ? Est-ce moins un élément positif pour le développement du tourisme culturel ? La question reste posée. Toujours est-il que selon Europa Nostra, le tourisme culturel est « un des moteurs clés de la croissance et du développement économique européen, et joue un rôle essentiel pour favoriser une compréhension plus large de la richesse et de la diversité des cultures régionales en Europe ». Selon les économistes spécialisés, le tourisme culturel à l’échelle nationale représente entre 8 et 20% des parts du marché touristique, alors que 60 à 80% des publics de la culture sont des touristes. Est-ce donc un marché à explorer pour créer des emplois à La Réunion ?

Le tourisme culturel, une réalité

Les exemples de réalisations sont nombreux à travers le monde. Dans notre zone géographique, retenons les offres de Tany Mena Tours à Madagascar, une agence qui propose de faire découvrir à la carte les multiples facettes culturelles de l’île rouge. Le touriste est guidé par des Malgaches, acteurs de leur culture, de leur artisanat, de leur art, en fonction qu’il veut aller aux plus près des artistes, des sites sacrés, des vieilles pierres du palais de la Reine, des brodeuses, des tailleurs de pierres, des cultivateurs, des forêts, et que sais-je encore. Cette agence a néanmoins pris en compte les bienfaits de la diversification, en proposant également des circuits classiques, des randonnées, des circuits VTT, des séjours balnéaires, des croisières, de la pêche au gros et de la plongée. En plus de l’aspect social, sinon humanitaire, c’est une formidable perspective de développement des petites initiatives génératrices de richesse, qui sauve socialement des familles en pays en voie de développement. En Afrique du Sud, les bushmen ont imaginé un musée à ciel ouvert pas loin de Cap Town, pour découvrir la vie et la culture de leur minorité ethnique. Mais le tourisme culturel est-ce seulement l’affaire des minorités culturelles ? Cela fonctionne même en riche pays du Nord. Chez les Saxes en Allemagne, des petits villages reconstitués permettent, à des agriculteurs soucieux de préserver leur identité et leur histoire, de faire vivre leur famille, et leur culture en voie de disparition. En France aussi, les exemples de tourisme culturel ne manquent pas. Citons entre autres l’exemple de Terre Catalane, qui a réussi la mise en place du réseau culturel des Pyrénées Orientales, offrant aux touristes toutes les possibilités de découvertes culturelles de leur région. Les comités régionaux de tourisme français regorgent d’offres touristiques en lien avec la ou les culture(s) de la région d’accueil. Notre île n’est pas en reste en la matière. Il suffit de scruter la liste des musées et jardins de La Réunion : la maison de la vanille, la maison du volcan, l’insectarium, Kelonia, l’observatoire astronomique des Makes, Farfar listoir demoun léo, le bon roi Louis, la maison de la broderie, le musée d’art Léon Dierx, les musées lontan, Lantant Pikan, le conservatoire botanique national de Mascarin, le musée de Villèle, Stella Matutina, la maison Folio, et c’est loin d’être exhaustif. Et l’on pourrait aussi parler des gîtes offrant des prestations musicales à leur clients comme chez Maoul à la Petite-Île, et des nombreux ténors de l’art culinaire réunionnais. Bref ! le tourisme culturel est une réalité chez nous. Et il demeure encore tant de possibilités, pour combler les clientèles existantes, et attirer ceux qui n’ont pas encore découvert les merveilles réunionnaises. Mais, si le tourisme et la culture ont des compétences complémentaires, comment faire pour que les deux filières travaillent mieux ensemble ?

Aide-t-on le tourisme culturel ?

Le tourisme culturel attire principalement les amateurs de culture, ceux qui sont prêts à parcourir le monde, ou plutôt en ces temps de cherté des billets d’avion, ceux qui ont les moyens de le faire, pour découvrir l’autre et ses originalités. Mais il reste clair que cela ne représente qu’une infime partie des touristes. Prenons en considération les occasionnels de la culture. Ils viennent pour découvrir, au coup de cœur, une ville puis une autre. Au hasard d’une ballade en famille, ils décident de pousser les portes d’un musée, d’un jardin botanique, d’une maison authentique, ou s’arrêtent à midi dans un restaurant animé, envahi de couleurs et de saveurs créoles. Reste à prendre en compte les publics oubliés de la culture, les jeunes ou les personnes âgées, les personnes handicapées, qui comme tous les autres, aiment profiter d’activités culturelles. A-t-on aussi mis en lice les consommateurs réunionnais, qui malgré la baisse du pouvoir d’achat mais fidèles à la tradition de la sortie "an parti", aiment profiter de leur île ? Autre énigme : les professionnels de la culture et du tourisme s’entendent-ils pour développer leur filière commune, le tourisme culturel ? On ne renie pas la qualité et le professionnalisme de l’hôtellerie réunionnaise, on connaît toutes les chances du marché touristique réunionnais, et les propositions culturelles ne manquent pas. Se demande-t-on alors si les professionnels de la culture disposent et comprennent les données touristiques, pour mieux appréhender les clientèles existantes et potentielles ? Ils font selon leur capacité. Leur propose-t-on au moins des formations pour combler leur insuffisance commerciale, ou scientifique, ou historique, afin qu’ils répondent au plus juste aux demandes du marché ? Les professionnels du tourisme sont-ils quant à eux conscients que la culture est un contentement comme un autre, qui agrémente le confort attendu du touriste ? Ont-ils alors un carnet d’adresse rempli d’artistes tenant des ateliers, de guides péi aguerris à l’histoire et à la géographie réunionnaises, en transporteurs spécialisés dans le tourisme, de restaurateurs atypiques ? L’impératif serait la mise en cohésion effective des deux filières, tourisme et culture, et que l’on planifie des rencontres entre les professionnels des deux filières. Peut-être que les assises du tourisme augmenteront les actes de partenariat entre les deux secteurs d’activités ! Le tourisme culturel ne peut s’en priver. Mais font remarquer plusieurs spécialistes en tourisme culturel, le secteur est en constante concurrence avec celui des loisirs ludiques. A offre promotionnelle égale, le touriste préfère-t-il s’ouvrir à la culture de la région d’accueil ou profiter d’un baptême de parapente, de jet-ski, ou de parachute ? Le tourisme culturel a ses faiblesses qu’il importe de pallier.

Le tourisme culturel est-il attractif ?

Le touriste est-il prêt, en ces temps de carence du pouvoir d’achat, d’investir ses vacances dans la culture ? Certains jeunes adolescents avaient économisé leur sou pour profiter pleinement du festival Sakifo à Saint-Pierre. Et de nombreux touristes n’avaient pu se priver de voir des figures internationales de la planète musique sur le sable de la capitale culturelle de La Réunion. Le secteur économique de la culture attire son monde, malgré l’inflation. Et puis, de nombreuses politiques locales tendent à faire progresser les parts de marché du tourisme culturel. L’île de La Réunion Tourisme (IRT) invitait les réunionnais et les touristes de passage dans le cirque de Mafate pour une découverte généreuse et complète. On soigne la promotion touristique de notre île. Et les touristes gardent le plus souvent bon souvenir de leur passage sur nos terres. Reste encore le coût pour les touristes ! Si les touristes européens au salaire moyen sont troublés par le prix de la destination, peut-être que nos voisins les plus immédiats trouveront chez nous tout le confort touristique à prix raisonnable ? Fidélise-t-on le Réunionnais, touriste en son propre pays ? A-t-on exploité à bon escient l’outil Internet, capable de servir à la promotion de l’île à faible coût ? Arrivés sur l’île, les touristes profitent-ils des meilleurs produits qualité-prix ? Mais au fait, s’intéressent-ils aux cultures présentes à La Réunion ?

Bbj


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