Prix des matières premières en hausse, conséquences négatives pour La Réunion

Bénéfices records pour des actionnaires d’entreprises lointaines

5 mai 2008, par Manuel Marchal

Pétrole, charbon, fer, acier : longue est la liste des matières premières qui voient leur prix augmenter de manière exponentielle depuis plusieurs années, pas seulement du fait de la simple confrontation entre l’offre et la demande. Ce phénomène est amplifié par la spéculation liée à une mondialisation toujours plus ultra-libérale. Cette situation augmente considérablement les profits de grands groupes dont les centres d’intérêts se situent à des milliers de kilomètres de notre île, et renchérit le coût de la vie à La Réunion, dans tous les domaines.

Partout dans le monde, le prix des matières premières et des produits de première nécessité augmente. Cela a des conséquences pour tous les Réunionnais, dans tous les domaines. La dernière illustration de ce phénomène est l’augmentation des prix des carburants fixée le 1er mai dernier par un arrêté préfectoral.
Cette hausse des prix de l’essence découle de celle du prix du pétrole. Or, à La Réunion, toutes les marchandises sont transportées par des véhicules fonctionnant avec des hydrocarbures, toutes les marchandises importées également. Conclusion : la hausse des prix du pétrole se traduit par une hausse des prix dans tous les secteurs.
Il est à noter que depuis 1998, le prix du baril de pétrole a été multiplié par 12 : 1,200% d’augmentation en 10 ans ! Cette croissance suit une courbe inéluctable : 10 dollars en 1998 ; 20 dollars en 2001 ; 40 dollars en 2004 ; 54 dollars en décembre 2006 ; 83 dollars en décembre 2007 et environ 120 dollars aujourd’hui.
D’autres matières premières utilisées en abondance par l’industrie suivent la même progression. Grand producteur d’acier, le Japon subit cette année l’impact du triplement des cours du charbon au mois d’avril, et de la hausse de 70% du fer au cours des 12 derniers mois. Tout cela contribue à l’augmentation considérable des coûts de production de l’acier, une matière indispensable à l’industrie mécanique et au BTP notamment.
Cette hausse ne date pas d’hier. En effet, entre novembre 1998 et décembre 2003, le prix de l’acier a augmenté de 40%, puis entre décembre 2003 et octobre 2004, l’augmentation a été d’environ 62% !

Acier : flambée depuis 1998

En France, c’est l’inquiétude. Le “Moniteur expert” rappelle que « depuis 2004, l’acier - qui représente entre 5 et 8% du prix d’un ouvrage terminé - ne cesse ne voir son cours flamber. Frappés de plein fouet par cette envolée des prix, les entreprises de BTP, et principalement les armaturiers, se demandent comment la répercuter ». Le président de l’Association Professionnelle des Armaturiers (APA) souligne qu’entre décembre 2007 et avril 2008, le prix d’une tonne d’acier est passé de 400 euros à 700 euros. « Les armaturiers livrent plus de 2 millions de tonnes tous les ans au BTP (aux 2/3 au Bâtiment et 1/3 aux TP) », rappelle le “Moniteur expert”. Sachant qu’en France, les coûts d’approche de l’acier sont moins élevés qu’à La Réunion, cette hausse a donc un impact encore plus fort dans notre île.
A cette augmentation des prix liée à l’évolution de l’offre et de la demande, s’ajoutent les décisions prises par les producteurs visant à augmenter leurs profits. Pour limiter cette part de l’inflation des prix, l’initiative du gouvernement indien est révélatrice. Le ministre de l’Economie met en garde les entreprises du ciment et de l’acier. Ces dernières ne doivent pas profiter de la situation de flambée des cours pour augmenter leurs prix de manière déraisonnable, a-t-il dit en substance le 23 avril dernier. « C’est mon opinion que les industriels du ciment et plusieurs producteurs d’acier agissent comme des cartels », a-t-il expliqué, en ajoutant : « nous sommes en train de regarder ce que le gouvernement peut faire légalement et administrativement contre ces pratiques ».

10 milliards de plus pour ExxonMobil

Ce type d’initiative est loin d’être imitée dans d’autres pays. Ainsi, aux Etats-Unis, les bénéfices records annoncés par ExxonMobil le 1er mai dernier ne sont pas un cas isolé, et ils sont dus en partie à une politique de l’entreprise destinée à maximiser les profits. Pour cet acteur majeur de l’industrie pétrolière, la flambée des prix des matières premières fait des heureux. Elle permet aux actionnaires de cette entreprise de bénéficier d’une hausse de 25% de leurs revenus en 1 an, alors que dans le même temps, les profits d’ExxonMobil croissent de 17% pour dépasser 10 milliards de dollars en 3 mois avec une baisse des ventes de pétrole en volume.
Tous ces divers facteurs expliquent le renchérissement considérable des coûts de production observés au cours des dernières années. Cette augmentation profite à des bénéficiaires clairement identifiés qui cherchent à amplifier au maximum les conséquences de la hausse des prix des matières premières à leur profit. Le résultat de cette politique, c’est l’augmentation des prix à La Réunion, dans tous les domaines, notamment le BTP.

Manuel Marchal

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