Une conjoncture mondiale défavorable

Prix du riz : Une situation difficile jusqu’en novembre

11 avril 2008, par Manuel Marchal

L’augmentation brutale du prix du riz sur le marché mondial aura des conséquences pour La Réunion. La raison est due à une conjoncture internationale défavorable. La situation doit s’améliorer au plus tard d’ici novembre. En attendant, il sera toujours possible d’acheter du riz.

Évolution de la production et de l’utilisation humaine mondiale de riz paddy en millions de tonnes entre 1961 et 2002.
(Secrétariat de la CNUCED d’après les données statistiques de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture)

Il y a du riz dans le monde, mais il est en ce moment plus difficile de trouver du riz à acheter du fait de la réduction du volume des exportations. C’est en substance le constat d’Henri Wang, Directeur de l’UCR. Cette conjoncture du marché explique pourquoi il faut s’attendre à des prix élevés jusqu’en novembre prochain.
« La situation actuelle est influencée par une baisse des stocks mondiaux de riz l’an passé », précise Henri Wang. La population mondiale augmente, les superficies cultivées diminuent, poursuit-il. Face à cette conjoncture, l’Inde et le Vietnam, deuxième et troisième exportateur mondial, s’inquiètent. Le Vietnam avait prévu cette année d’exporter 4,5 millions de tonnes. Son gouvernement a décidé de réduire ce nombre à 1 million de tonnes.

Réduction mondiale des exportations

En effet, ces pays ont la responsabilité d’assurer la sécurité alimentaire de leurs populations. Pour limiter l’inflation, ils prennent donc des mesures drastiques qui renchérissent considérablement le prix du riz qu’ils exportent, à un point tel que le riz qu’ils produisent est consacré exclusivement à satisfaire les besoins locaux.
Ils ont donc décidé d’arrêter l’exportation.
Résultat : tous les regards se tournent vers la Thaïlande. Premier exportateur mondial, la Thaïlande fournit notamment 70% du riz consommé par les Réunionnais. Cette pression explique pourquoi le prix d’achat augmente. Il ne reste plus en effet qu’un seul fournisseur pour plusieurs centaines de millions d’habitants dans le monde.
La Thaïlande a exporté l’an dernier 9 millions de tonnes. Mais du fait des mesures de restriction à l’exportation prises par l’Inde et le Vietnam notamment, ces 9 millions de tonnes pourraient être atteints en juillet ou en août, alors que la récolte n’a lieu qu’en novembre.
Cette période pourrait être raccourcie si l’Inde ou le Vietnam décidaient d’exporter à nouveau. Cette décision pourrait en effet leur apporter de nombreuses devises pour financer leurs investissements.

« Toujours possible d’acheter du riz »

Si les augmentations à venir sont liées à une raison conjoncturelle, des facteurs structurels imposent une réalité : il ne sera plus possible de retrouver des niveaux de prix aussi bas qu’en 2005. Cela est dû à la conjugaison de l’augmentation de la population mondiale, de la réduction des superficies et de l’approche des limites physiques du riz en termes de rendement à l’hectare. En effet, ces rendements étaient auparavant compris entre 3 et 4 tonnes en moyenne, ils atteignent aujourd’hui 5 tonnes, ce qui réduit d’autant la marge de progression.
Dans ce contexte, les industriels du riz cherchent à diversifier leurs approvisionnements afin d’anticiper en cas de fermeture des exportations en Thaïlande. « Il sera toujours possible d’acheter du riz, mais à qualité égale, le prix sera plus cher que le riz thaïlandais », souligne Henri Wang.
La Réunion est en effet un petit pays pour lequel il est toujours possible de trouver sur le marché mondial des quantités suffisantes pour nourrir toute sa population.
Importer du riz depuis Madagascar est une possibilité à plus long terme. Dans les conditions actuelles, Madagascar n’est pas un pays adapté à la production massive de riz, précise Henri Wang, en raison d’un climat trop sec et des cyclones. La recherche variétale pourrait permettre de limiter l’impact du climat, mais des travaux restent encore à mener.
Autrement dit, le prix du riz va rester élevé au plus tard jusqu’à la prochaine récolte, c’est-à-dire pendant 7 mois.

Manuel Marchal


Le riz : plus de 650 millions de tonnes produites en 2007

Les exportations : 5 à 6% de la production mondiale

La CNUCED rappelle que près de 95% de la production de riz est destinée à être consommée dans les marchés domestiques. La production ne cesse de s’accroître pour répondre à l’augmentation de la population mondiale : elle a quasiment doublé en 20 ans.

La consommation mondiale de riz a augmenté de 40% environ au cours des 40 dernières années, passant ainsi de 61,5kg en 1961 à 85,9 kg en 2002 (riz usiné).
Trois grands modèles de consommation de riz peuvent être distingués :

- modèle asiatique avec une consommation moyenne dépassant les 80kg/hab par an (Chine : 90kg, Indonésie 150kg, le record est détenu par le Myanmar avec plus de 200 kg),

- modèle "PVD subtropical", consommation moyenne entre 30 et 60 kg/hab par an (Colombie : 40kg, Brésil : 45kg, Côte d’Ivoire : 60kg)

- modèle occidental, consommation moyenne inférieure à 10kg/hab par an (France : 4kg, Etats-Unis : 9kg).
La majeure partie du riz produit dans le monde est consommée sur place. C’est une des grandes caractéristiques au sein de la filière riz qui fait que les marchés domestiques sont assez cloisonnés (et parfois protégés).
La CNUCED estime entre 25 et 27 millions de tonnes la quantité de riz mis annuellement sur le marché international, à peine 5 à 6% de la production mondiale, faisant de ce marché l’un des plus petits marchés des grandes céréales (113 millions de tonnes pour le blé et 80 millions de tonnes pour le maïs).


Conjoncture mondiale

Une baisse des exportations

Le 2 avril dernier, la FAO publiait un communiqué soulignant la baisse des exportations, mais également les perspectives favorables pour la prochaine récolte.

La production mondiale de riz devrait enregistrer une hausse de 1,8% en 2008, soit une augmentation de 12 millions de tonnes sous réserve de conditions climatiques normales, selon les premières prévisions de la FAO pour l’année en cours.
L’augmentation de la production améliorerait les disponibilités dans les principaux pays producteurs qui ont pris, depuis un certain temps, des mesures restrictives ayant entraîné une régression des échanges internationaux de riz.
Pour 2008, le commerce international du riz devrait atteindre 29,9 millions de tonnes, soit 1,1 million de tonnes de moins que les estimations révisées de 2007. Cette régression s’expliquerait, d’une part, par les très faibles disponibilités observées dans la plupart des pays exportateurs et appelées à durer jusqu’au dernier trimestre de l’année en cours et, d’autre part, par les restrictions sur les exportations.
Actuellement, la Chine, l’Inde, l’Egypte et le Vietnam, 4 des pays exportateurs traditionnels de riz, ainsi que le Cambodge, ont imposé soit des prix minimum à l’exportation, soit des taxes ou des quotas/interdictions à l’exportation, autant de mesures destinées à réduire les quantités de riz offertes sur le marché mondial.
Depuis janvier 2008, les cours internationaux du riz ont bondi de quelque 20%, selon l’Indice des prix All Rice de la FAO. A titre d’exemple, en mars 2008, le riz de haute qualité Thai 100% B était coté à 546 dollars la tonne, soit 13% de plus qu’en février 2008 et 68% de plus qu’en mars 2007.
Les hausses récentes des prix s’expliquent par les quantités très limitées de riz disponibles à la vente, les principaux pays exportateurs ayant mis en place toute une palette de mesures restrictives, comme mentionné ci-dessus.
Cette tendance haussière pourrait s’infléchir quelque peu au cours des prochains mois avec les nouvelles récoltes attendues au Brésil ou en Uruguay, mais aussi au Bangladesh, en Inde, en Indonésie, en Thaïlande et au Vietnam. « Jusqu’ici, les perspectives de récolte dans ces pays sont positives », selon la FAO.

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